RCA : rencontre entre Bozizé et une délégation de haut-représentants

Les échanges avec François Louncény Fall, l’un des membres de cette délégation se sont concentrés sur les questions sécuritaires.

Pendant leur séjour, la délégation de haut-représentants a rencontré l’ancien chef d’État François Bozizé, dont la candidature a été rejetée.

Fin de visite pour la délégation conjointe du président de la Commission de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), l’ambassadeur Gilberto Da Piedade Veríssimo, et le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies pour l’Afrique centrale, François Louncény Fall. Ces hauts représentants estiment suite à leur mission que le pays peut tenir les élections le 27 décembre.

« Tout doit être mis en œuvre pour éviter la violence »

Ces derniers ont pu discuter avec François Bozizé. Actuellement à Bossangoa, ce dernier a justifié ses déplacements en province pour soutenir des candidats aux élections législatives de son parti. Et sur sa rencontre avec les groupes armés, il a affirmé vouloir simplement saluer les chefs de groupe armé dans les zones traversées.

« Ce qui est important, c’est que nous avons rappelé au président sa responsabilité en tant qu’ancien chef d’État pour que ce processus électoral qui est en train de se dérouler ne se complique pas davantage avec la présence des groupes armés et que tout doit être mis en œuvre pour éviter la violence dans ce pays, raconte François Louncény Fall. Nous pensons que nous nous sommes compris et nous espérons que notre appel sera entendu, et que les rumeurs que nous entendons par ci et par là, parlant de collision ou de volonté de marcher sur Bangui ne seront que des rumeurs ! »

« Et le comité international tient absolument à ce que cette élection se passe dans meilleures conditions de paix et de sécurité, c’est le même message que nous avons passé aux différents représentants des groupes armés en leur demandant la coopération pendant la campagne et pendant tout le processus électoral dans les zones qui sont sous leur contrôle afin que des élections se déroulent de la plus belle manière qui donnerait la chance au peuple centrafricain de choisir librement ses dirigeants », insiste le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies pour l’Afrique centrale.

Mission d’observation le 18 décembre

L’ambassadeur Gilberto Da Piedade Veríssimo est revenu sur les décisions prises à Libreville fin novembre. La CEEAC va finalement désigner un médiateur qui sera un chef d’État de la CEEAC. Les discussions sont encore en cours. Une mission d’observation arrivera à Bangui le 18 décembre, composée de 30 observateurs, 3 pour chaque pays membre, et sera dirigée par un ancien chef d’État de la région.

Procès Ngaïssona-Yekatom: l’accusation remémore la violence anti-balaka à Bangui

Le procureur de la Cour pénale internationale a conclu vendredi 20 septembre sa présentation des charges contre Patrice Ngaïssona et Alfred Yekatom. Les deux chefs anti-balaka sont suspectés de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre commis en 2013 et 2014 en Centrafrique. Le procureur demande aux juges de mettre en accusation les deux hommes et de les renvoyer en procès. Lors de cette dernière session, il a détaillé ses pièces à conviction relatives à l’attaque de Bangui le 5 décembre 2013.

Pour l’accusation, l’offensive de 2013 sur la capitale avait été planifiée par le chef militaire des anti-balaka, Patrice Ngaïssona. Sur le terrain, le com’zone Alfred Yekatom était entré par le quartier Boeing à la tête de son armée de miliciens. Là, les civils musulmans sont ciblés lors de l’attaque du marché. Elle n’aurait fait aucun mort dans les rangs de la Seleka, milice ennemie qui avait mis au pouvoir Michel Djotodia, et contre laquelle se battaient les anti-balaka. À la Cour, le substitut du procureur, Éric Iverson, rapporte de nombreux témoignages dont celui d’un anti-balaka, désormais repenti.

« Le second témoin anti-balaka, témoin de fait a décrit sa participation en détails et en entrant sur le marché, nous avons commencé à attaquer les Arabes qui étaient devant leurs magasins. Ils étaient en train de se laver avant la prière du matin. Je ne les ai pas vus avec des armes. Nous étions nombreux et nous avons tiré sur les Arabes. J’ai vu six Arabes à terre et tués. Ils ne sont pas morts tout de suite, mais ils souffraient au sol et donc on les a poignardés à mort. »

Après Bangui, les miliciens fondent sur Bossangoa, à 300 kilomètres au nord, puis sur Yaloke, Berberati, et Guen. L’accusation décrit pour chaque attaque, les meurtres, les tortures, les pillages, mais passe à huis clos pour aborder les crimes contre les enfants et ceux relatant les viols, pour protéger de futurs témoins potentiels.

Quelques minutes avant la fin de l’audience, Patrice Ngaïssona est retourné dans la prison de la CPI, sans que le président n’en précise la raison.

Dans son fauteuil, Alfred Yekatom, vêtu d’une tunique colorée, a semblé accuser la fatigue, et pour un moment, l’émotion, peut-être face à l’ampleur des charges portées contre lui ?