Élection de Lula : une aube nouvelle pour les relations entre le Brésil et l’Afrique

Après quatre ans d’indifférence de Jair Bolsonaro, le retour aux affaires de Luiz Inácio Lula da Silva est globalement salué sur le continent noir.

Tel un phénix, Lula, 77 ans, renaît de ses cendres. Passé par la case prison d’avril 2018 à novembre 2019, le chef de file du Parti des Travailleurs (PT) a su reconquérir le cœur de ses concitoyens après avoir exercé deux mandats entre 2003 et 2010.

Dimanche 30 octobre, le socialiste a remporté d’une courte tête le second tour de l’élection présidentielle avec 50,90 % des suffrages valablement exprimés contre 49,10 % pour le président sortant Jair Bolsonaro, candidat de l’extrême droite.

Depuis l’annonce des résultats, les réactions des dirigeants du monde affluent de partout, y compris de l’Afrique. Sur le continent noir, le triomphe de Lula da Silva a été singulièrement salué.

Le président en exercice de l’Union Africaine (UA), Macky Sall, lui a adressé de « chaleureuses félicitations », non sans souhaiter « ses meilleurs vœux de réussite » à cette figure de la gauche en Amérique latine.

Le chef de l’État bissau-guinéen, Umaro Sissoco Embalo, a congratulé l’ancien syndicaliste « pour sa belle victoire » et promis d’œuvrer « pour des relations bilatérales solides et prospères entre le Brésil » et son pays.

« L’Afrique se réjouit de travailler avec le gouvernement brésilien sous la direction de M. da Silva », projette déjà le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, pour qui « le peuple brésilien a mené avec succès cette élection » à hauts risques.

L’engouement du continent africain, à travers ses dirigeants, n’est pas anodin. Dès son premier passage au sommet de l’État, « Lula da Silva a montré un intérêt assez particulier pour l’Afrique », explique l’écrivain et analyste géopolitique, Khalifa Mohamed Touré.

En effet, durant les huit années de sa présidence, Lula da Silva a visité pas moins de 27 pays africains dont le Sénégal. « Sa conception de l’économie  sociale fait des émules sur notre continent », souligne M. Touré qui s’attend alors à une redynamisation des relations africano-brésiliennes sur les plans diplomatique, économique et culturel.

Surnommé le « Trump des Tropiques », en référence à Donald, l’ancien président des États-Unis, Jair Bolsonaro n’a pas mis les pieds en Afrique pendant ses quatre années de présidence, privilégiant les pays de l’hémisphère nord. Pourtant, entre 2000 et 2010, les échanges commerciaux entre le Brésil et l’Afrique sont passés de 4 à 20 milliards de dollars.

Par conséquent, « le retour de Lula da Silva ne peut être qu’une bonne chose pour le continent africain », soutient Khalifa M. Touré. Toutefois, la troisième élection du septuagénaire dans ce grand pays sud-américain intervient dans un contexte de lutte d’influence des puissances mondiales en Afrique. « Il est vrai que le Brésil connaît depuis les années 90 un boom économique, devenant une puissance économique. Il peut jouer sa partition, mais il lui sera difficile de s’affirmer d’un point de vue diplomatique et d’être aussi présent que des pays comme la France, les États-Unis… », estime M. Touré.

Pour raviver la flamme presque éteinte entre son pays et l’Afrique, le président nouvellement élu pourrait néanmoins tirer profit de « l’affection que lui porte une certaine jeunesse africaine friande de liberté, de panafricanisme et d’éloignement par rapport à l’Occident », conclut cet analyste géopolitique.

La CEEAC plaide pour l’accompagnement de la transition au Tchad

Les chefs d’Etat et de gouvernement de la communauté économique des Etats d’Afrique centrale (CEEAC) ont plaidé le 25 octobre 2022, en faveur de l’accompagnement de la transition au Tchad.

La demande a été faite à l’issue de la deuxième Session extraordinaire de la conférence des chefs d’État et de gouvernement de la communauté économique des Etats d’Afrique centrale (CEEAC) à Kinshasa. Les chefs d’Etat et de gouvernement de cette organisation sous régionale, dont Faustin Archange Touadéra, ont demandé aux partenaires bilatéraux et multilatéraux du Tchad, particulièrement l’ONU et l’UA, à maintenir et à renforcer leur appui diplomatique, financier, matériel et technique nécessaires au processus de transition au Tchad.

La rencontre des chefs d’Etat et de gouvernement fait suite au processus de la transition politique au Tchad, et l’analyse du rapport des Experts de la CEEAC sur la répression sanglante du jeudi 20 octobre 2022 à l’origine d’une soixantaine de morts et de nombreux blessés.

Le président de la RDC, par ailleurs président en exercide la CEEAC, Félix Tchisékédi demande invite : « les pays membres de cette organisation sous-régionale, à s’investir pour accompagner le Tchad et les Tchadiens dans leurs efforts de retrouver la normalité constitutionnelle et républicaine après les évènements tragiques survenus à Ndjamena, le 20 octobre dernier, ayant causé des morts et de nombreux blessés. »

Les présidents qui ont pris part aux travaux en présentiel, sont entre autres, Félix Tchisekédi de la RDC, Denis Sassou Nguesso du Congo Brazzaville, Mahamat Idriss Deby président tchadien de la transition et Faustin Archange Touadéra de la RCA.

 

Les liens du nouveau Premier ministre britannique avec l’Afrique

L’ex-ministre de l’Économie a été nommé lundi dernier chef du gouvernement britannique, quatrième occupant du poste depuis 2016.Les Indiens le revendiquent peut-être, mais le nouveau Premier ministre du Royaume-Uni, Rishi Sunak, a des liens profonds avec l’Afrique dont très peu ont parlé depuis qu’il a été confirmé comme le prochain homme politique en charge du « Number 10 Downing Street » (siège du Bureau du Premier ministre).

A 42 ans, cet homme politique formé à Oxford est le plus jeune Premier ministre de Grande-Bretagne après Robert Jenkinson, qui a occupé ce poste entre 1812 et 1827.

Il a été confirmé comme le quatrième Premier ministre du Royaume-Uni depuis 2016, son prédécesseur immédiat, Mme Truss, n’ayant tenu que 45 jours du fait d’une succession de politiques économiques désastreuses qui ont rendu sa position de Premier ministre de plus en plus intenable.

Avec plus de 150 députés soutenant sa candidature au poste de Premier ministre, M. Sunak a battu sa rivale Penny Mordaunt, qui n’a pas pu réunir le seuil de 100 soutiens au sein du Parti conservateur pour l’empêcher d’avoir une deuxième chance pour le poste.

Depuis lors, on parle beaucoup de cet homme marié et père de deux enfants. Les parents de Sunak sont d’origine indienne et ont quitté le Kenya pour s’installer en Grande-Bretagne dans les années 1960.

Avec un père né au Kenya et une mère née en Tanzanie voisine, les liens de Sunak avec l’Afrique ont montré à quel point la politique britannique a évolué depuis l’époque où la seule place pour les noirs et les métis était en marge de la société britannique de l’après-guerre.

Les parents de Sunak ont émigré en Grande-Bretagne au milieu d’un exode sauvage d’immigrants d’Inde et d’autres pays du Commonwealth qui a commencé à la fin des années 1940.

Il est né à Southampton le 12 mai 1980, une année mémorable pour la Grande-Bretagne, où le Premier ministre conservateur Margret Thatcher a exercé son influence sur la politique du pays, marquée par les grèves, et sur la guerre coûteuse contre l’Argentine, dirigée par une junte, pour les îles Falkland (les îles Malouines), deux ans plus tard.

L’ancien chancelier de l’Echiquier (ministre des Finances et du Trésor) sous Boris Johnson de 2020 à 2022 a hérité des défis de Liss Truss pour ramener l’économie britannique en difficulté vers des climats plus calmes et combler le fossé qui divise le parti conservateur au pouvoir, qui talonne le parti travailliste dans les sondages d’opinion.

C’est la raison pour laquelle M. Sunak n’a exprimé aucun désir de répondre à l’appel des travaillistes à organiser des élections générales et à tester la popularité des conservateurs au pouvoir.

Entre-temps, c’est un curieux coup du sort que Sunak, qui avait prédit la catastrophe d’un programme de réduction des impôts inspiré par Truss lorsqu’ils se sont affrontés pour les votes au poste de Premier ministre en septembre 2022, soit maintenant destiné à les réparer alors que le temps ne joue pas en sa faveur.

S’exprimant pour la première fois depuis qu’il est clair qu’il sera Premier ministre, l’ancien homme d’affaires a déclaré qu’il faudrait du temps pour s’attaquer aux pièges de l’économie et stabiliser à nouveau la livre sterling (monnaie britannique) après avoir connu une période torride ces deux derniers mois.

Une série de politiques économiques peu judicieuses, résumées dans un mini-budget proposant des réductions d’impôts, l’abolition du taux supérieur d’imposition de 45%, des réductions de l’impôt sur le revenu de base et la suppression des droits de timbre, entre autres, ont fait chuter les marchés financiers et la livre sterling a atteint des niveaux sans précédent au début du mois d’octobre.

Cette situation a précipité la chute de Mme Truss après seulement 45 jours de mandat et a donné lieu à des tractations en coulisses pour savoir qui devait la remplacer.

L’homme politique originaire de Southampton a perdu le vote au profit de Truss le mois dernier, mais a rapidement réalisé un retournement de situation quelques semaines plus tard, lorsque le Premier ministre britannique a connu la plus courte durée de vie (du 6 septembre au 25 octobre 2022).

Le reste du monde a depuis été fixé par les profondes divisions au sein du parti conservateur qui, en l’espace de six ans, a dû changer de Premier ministre, passant de David Cameron à Theresa May, Boris Johnson, Liss Truss et Rishi Sunak.

La tâche urgente de Rishi Sunak est non seulement de combler les divisions au sein du parti conservateur, mais aussi de surmonter la tempête économique causée par les mesures désastreuses prises par son prédécesseur et de restaurer la place de la Grande-Bretagne en tant que nation respectée en Europe et dans le reste du monde.

Comme on pouvait s’y attendre, l’Inde s’est enflammée à l’annonce de l’imminence de la nomination de M. Sunak au poste de Premier ministre, après avoir parcouru un long chemin depuis une relative obscurité politique jusqu’à devenir l’homme politique le plus puissant de Grande-Bretagne.

En tant que Premier ministre d’origine asiatique, certaines chaînes de télévision indiennes se sont réjouies de voir l’un de leurs fils « s’élever au-dessus de l’empire’ et assister avec plaisir à la boucle de l’histoire en Grande-Bretagne ».

Il y a quelques mois, l’opinion de Sunak sur une société ouverte a été relativisée lorsqu’il a exprimé son désir ardent de voir la réputation de la Grande-Bretagne comme le pays le plus sûr et le plus agréable au monde pour être gay.

Bien que les sondages d’opinion menées il y a deux ans l’ont hissé au rang de Chancelier britannique le mieux noté depuis Denis Healey, sa popularité a depuis légèrement diminué en raison de ce qui est perçu comme une réponse inadéquate à la période économique éprouvante que traverse la Grande-Bretagne.

Tchad : ce qu’il s’est réellement passé le 20 octobre, selon Mahamat Idriss Deby

Une cinquantaine de personnes sont décédées au cours de manifestations contre la prolongation de la transition au Tchad.A l’appel d’une partie de l’opposition, des manifestations ont eu lieu à N’Djamena jeudi 20 octobre contre la prolongation de la transition dirigée par le général Mahamat Idriss Déby. Mais ces évènements ont viré au drame. Une cinquantaine de personnes sont décédées dans des heurts entre protestataires et forces de sécurité, faisant réagir pour la première fois, le président de la transition dans une adresse à la nation lundi 24 octobre. Dans cette déclaration, il estime que « ce ne sont pas de simples manifestations qui ont été maitrisées mais une vraie insurrection minutieusement planifiée pour créer le chaos dans le pays ».

Selon le chef de l’Etat tchadien, ce qui s’est passé le 20 octobre résulte de son refus de céder au chantage du Parti Les Transformateurs et de Wakit Tama. Mahamat Idriss Déby Itno affirme avoir reçu le leader des Transformateurs à huit reprises depuis le début de la transition. « Il m’a proposé pour les élections prochaines un ticket électoral, c’est-à-dire un président et un vice-président sur une même liste. Il renoncerait ainsi à la question de la non-éligibilité du PCMT (Président du Conseil militaire de transition). J’ai rejeté ses propositions car toutes les lois et règles devant régir les futures élections devraient être discutées au Dialogue national », explique le président tchadien. 

Selon Deby fils, « au cours de ces rencontres, un partage de 30% en faveur des Transformateurs dans les postes politiques, administratifs et des sociétés publiques et parabublique nous a été demandé ».

Le chef de l’Etat du Tchad a ajouté que le président des Transformateurs « a demandé à être nommé Premier ministre de Transition et partager à hauteur de 30% les responsabilités dans la gestion de la transition post-dialogue ». « Si j’avais accédé à cette demande, il n’y aurait ni manifestations ni toutes ces violences », assure le président de la transition tchadienne qui accuse les partis politiques d’avoir recruté des « groupes terroristes, paramilitaires pour opérer des assassinats de masse ». Il ne ménage pas « les groupes politico-militaires non signataires des accords de Doha » qui, selon lui, « ont entretenu des relations directes avec les responsables de ces actes violents ». 

L’homme fort de N’Djamena assume les « mesures conservatoires », notamment « le couvre-feu et la suspension des partis politiques impliqués », prises par le gouvernement à la suite de ces évènements tragiques et décrète un deuil national de 7 jours à compter du mardi 25 octobre.

Après la mort du maréchal Idriss Deby Itno en avril 2021 alors qu’il dirigeait une contre-offensive de l’armée tchadienne contre les rebelles du Front pour l’Alternance et la Concorde au Tchad (Fact), le général Mahamat Idriss Deby Itno a été porté à la tête d’un Conseil militaire de transition (CMT) pour une transition de dix-huit qui vient d’être prolongée de deux ans par le Dialogue national inclusif et souverain (DNIS). Le jeune général de 37 ans a aussi la possibilité de se présenter aux prochaines élections.

RCA : la MINUSCA plaide pour une résolution politique de la crise centrafricaine

La Représentante spéciale du Secrétaire général et Cheffe de la MINUSCA, Valentine Rugwabiza a plaidé pour une résolution politique de la crise centrafricaine.

Lors de la présentation, le 19 octobre 2022, du rapport du Secrétaire général sur la situation en RCA au Conseil de sécurité, la Représentante spéciale du Secrétaire général et Cheffe de la MINUSCA, Valentine Rugwabiza a plaidé pour « une résolution politique de la crise centrafricaine et un renoncement par les groupes armés au recours à l’offensive armée et à la violence ».

Elle a salué aussi la mise en place du chronogramme gouvernemental issu de la mutualisation de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation en RCA (APPR-RCA) et la feuille de route de Luanda pour la paix en RCA, initiée par la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRG), et appelé le Conseil ainsi que les partenaires du pays à soutenir l’application de ce processus en coordination avec les autorités pour mettre fin à la violence et parvenir à la paix.

S’agissant de l’extension de l’autorité de l’Etat, elle note des progrès réalisés mais qui sont à consolider « y compris le redéploiement des Forces de défense et de sécurité, et des fonctionnaires, le renforcement du système judiciaire et la promotion des mécanismes de justice transitionnelle comme la Cour Pénale spéciale ».

COP27 : la Francophonie veut « inspirer le changement »

La 27e Conférence des Nations unies sur le climat (COP27) est prévue en novembre prochain au pays des pharaons.Les 88 États et gouvernements membres de l’Organisation internationale de la francophonie préparent leur participation à l’édition 2022 de la Conférence des Nations unies sur le climat (COP27) qui se tiendra à Charm el-Cheikh, en Égypte, du 6 au 18 novembre 2022. Ils comptent y défendre leurs priorités en matière d’atténuation, d’adaptation et de mobilisation de ressources pour faire face au changement climatique.

L’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) annonce également sa présence afin de soutenir les efforts de ses pays membres et des partenaires mais également pour faire valoir son action climatique.

« Sous le thème Inspirer le changement, le Pavillon de la Francophonie présentera les initiatives locales et nationales en lien avec la mise en œuvre des engagements nationaux en matière de lutte contre les changements climatiques », rapporte l’organisation dans un communiqué reçu ce jeudi à APA.

Le texte souligne qu’en marge de la COP27, la Francophonie organisera le 9 novembre une Concertation ministérielle autour de « L’accès facilité à la finance climat en faveur des pays francophones : synergies et initiatives ». Cette rencontre vise à favoriser une solidarité francophone pour des solutions et des initiatives pertinentes qui réduisent les obstacles à l’accès accru à la finance climat en Francophonie.

« L’Institut de la Francophonie pour le développement durable (IFDD) déploie des actions de renforcement de capacités, d’information, de concertation et d’appui à des projets concrets de développement durable (en énergie et en environnement pour le développement durable) », conclut le communiqué.

Covid-19 : la vaccination stagne en Afrique (OMS)

Le nombre de doses mensuelles de vaccin contre la Covid-19 administrées en Afrique a diminué de plus de 50%, rapporte l’OMS.Entre juillet et septembre 2022, l’analyse de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) montre que le pourcentage de personnes ayant reçu une série de primovaccination complète contre le nouveau coronavirus a à peine bougé dans 27 des 54 pays africains.

Même si l’Afrique est loin d’atteindre l’objectif mondial de fin d’année consistant à protéger 70% de la population, des progrès modestes ont été réalisés dans la vaccination des groupes de population à haut risque, notamment les personnes âgées.

Par exemple, en septembre dernier, 23 millions de doses ont été administrées, soit 18% de moins qu’en août, et 51% de moins que les 47 millions de doses administrées en juillet. Le nombre de doses administrées le mois dernier représente également environ un tiers du pic de 63 millions de doses atteint en février 2022.

Toutefois, l’OMS observe des signes d’amélioration ce mois-ci, avec 22 millions de doses administrées au 16 octobre 2022, soit 95% du total administré en septembre.

De manière générale, au 16 octobre 2022, seuls 24 % de la population du continent avaient terminé leur série de primovaccination, alors que la couverture est de 64 % au niveau mondial.

Le Libéria a maintenant rejoint l’île Maurice et les Seychelles comme l’un des trois pays ayant dépassé les 70% de personnes avec une couverture vaccinale complète. Le Rwanda est aussi sur le point de franchir ce cap.

« La fin de la pandémie de Covid-19 est à portée de main, mais tant que l’Afrique sera loin derrière le reste du monde pour atteindre une protection globale, il y aura une faille que le virus pourra exploiter dangereusement pour revenir en force », a déclaré ce jeudi la Dre Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique.

S’exprimant ce jeudi au cours d’une conférence de presse, Dr Moeti a soutenu que la plus grande priorité est de protéger nos populations les plus vulnérables des effets les plus désastreux de la Covid-19. « Sur ce plan, a-t-elle indiqué, nous constatons quelques progrès. Les pays redoublent d’efforts pour renforcer la couverture chez les travailleurs de la santé, les personnes âgées et celles dont le système immunitaire est affaibli ».

D’après les données de 31 pays, au 16 octobre 2022, 40% du personnel de santé africain avait terminé leur série de primovaccination. Ces dernières données se basent sur les estimations en termes de taille de la population par pays au lieu des chiffres précédents qui utilisaient les estimations du personnel de santé de l’Organisation internationale du travail (OIT).

Dans 15 de ces pays, plus de 70% des travailleurs de la santé ont été entièrement vaccinés, contre 27% au début de l’année. 31% des adultes âgés (de 50 à 65 ans et plus selon les limites d’âge fixées par les pays) ont été entièrement vaccinés selon les données de 27 pays, soit une augmentation de 21% par rapport à janvier 2022.

« Après des débuts difficiles, le partenariat Covax a donné de bons résultats, assurant un approvisionnement régulier de l’Afrique en vaccins contre la COVID-19. Aujourd’hui, nous sommes victimes de notre propre succès. Comme les vaccins ont contribué à faire baisser le nombre d’infections, les gens ne craignent plus la Covid-19 et sont donc moins disposés à se faire vacciner », a conclu la patronne de l’OMS pour l’Afrique.

Le Fact réagit aux manifestations en cours au Tchad

Le Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (Fact) condamne les tueries de manifestants survenues ce jeudi dans ce pays d’Afrique centrale.Les réactions se multiplient après la mort de plusieurs manifestants ce jeudi dans la capitale tchadienne, N’Djamena, et à Moundou, la deuxième plus grande ville du pays. Après l’Union africaine et le ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères, c’est au tour du Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (Fact) de hausser la voix.

Dans un communiqué, « le Fact condamne fermement ces meurtres des manifestants pacifiques dont le seul crime est d’avoir fait usage de leur droit constitutionnel de manifester ». Pour le groupe politico-militaire tchadien, « les auteurs de ces crimes doivent être identifiés et traduits en justice ».

Dans sa note, le groupe rebelle dirigé par Mahamat Mahdi Ali, opposant de longue date au régime du défunt Idriss Déby Itno, lance un appel à la communauté internationale afin qu’elle soutienne le peuple tchadien dans sa lutte en quête de liberté et de démocratie « face à une junte qui a renié ses engagements qui lui ont permis d’échapper aux sanctions internationales en rompant l’ordre constitutionnel ».

Le Fact affirme qu’il continuera de suivre de très près la situation tout en réaffirmant « son soutien sans réserve au peuple tchadien en lutte et salue sa mobilisation générale qui a définitivement fait changer la peur de camp ».

Des sources médiatiques rapportent que le Premier ministre de transition, Saleh Kebzabo, a annoncé la suspension de toutes les activités des partis politiques Les Transformateurs, le Parti socialiste sans frontières (PSF) et Wakit Tamma.

« Des poursuites judiciaires seront engagées » contre les leaders de ces formations politiques, a promis le chef du gouvernement, qui dénonce une « insurrection visant à prendre le pouvoir par la force au lieu d’une marche ».

Il fait état d’un bilan provisoire d’une cinquantaine de morts, alors que plus tôt dans la journée, le porte-parole du gouvernement, Aziz Mahamat Saleh, parlait d’une « trentaine » de personnes tuées, dont une « dizaine » de membres des forces de sécurité.

Des partis de l’opposition et des organisations de la société civile avaient appelé à des manifestations, en protestation à la prolongation de la transition décidée samedi 8 octobre par le Dialogue national inclusif et souverain (DNIS).

Celle-ci permet au général Mahamat Idriss Déby Itno, arrivé au pouvoir en avril 2021 après la mort du maréchal Idriss Deby dans une contre-offensive de l’armée contre les rebelles du Fact, de se maintenir au pouvoir pour 24 mois supplémentaires. Les conclusions de ces concertations nationales offrent également à Deby fils la possibilité de se présenter à la prochaine élection présidentielle.

Tchad : l’UA « condamne la répression des manifestations »

Au Tchad, des manifestations contre la prolongation de la transition sont réprimées dans le sang.L’Union Africaine (UA) a réagi aux incidents en cours au Tchad. Le président de la Commission de l’Institution continentale, le Tchadien Moussa Faki Mahamat « condamne fermement la répression des manifestations ayant entrainé  mort d’hommes au Tchad ».

Des partis de l’opposition et des organisations de la société ont appelé à des manifestations, en protestation à la prolongation de la transition décidé samedi 8 octobre par le Dialogue national inclusif et souverain, permettant au Général Mahamat Idriss Déby Itno, arrivé au pouvoir en avril 2021 après la mort du maréchal Idriss Deby dans une contre-offensive de l’armée contre les rebelles du Front pour l’Alternance et la Concorde au Tchad (FACT), de se maintenir au pouvoir pour 24 mois supplémentaires.

Les conclusions de ces concertations nationales offrent également à Deby fils la possibilité de se présenter à la prochaine élection présidentielle.

Les manifestations ayant éclaté dans plusieurs quartiers de N’Djamené jeudi 20 octobre se seraient étendus à d’autres localités du pays. Selon des sources non-officielles, elles auraient fait plusieurs dizaines de morts dont des forces de sécurité et un journaliste travaillant pour une radio locale.

La France a « condamné l’utilisation d’armes létales contre les manifestants ».

Moussa Faki Mahamat « appelle les parties au respect des vies humaines et des biens et à privilégier les voies pacifiques pour surmonter la crise ».

Tchad : un journaliste tué par balle au cours des manifestations du 20 octobre

Oredje Narcisse, journaliste à la radio CEFOD a reçu une balle ce 20 octobre 2022, alors qu’il couvrait une manifestation visant à demander le départ de Mahamat Idriss Deby du pouvoir.

Les Tchadiens de tout bord sont sortis très tôt pour demander le départ de Mahamat Idriss Deby et le transfert du pouvoir aux civils après 18 mois de transition. L’appel à manifester a été lancé par les leaders des partis politiques et des organisations de la société  civile. Ainsi les pneus sont brûlés dans plusieurs provinces en guise de protestation. Les forces de l’ordre ont fait usage des gaz lacrymogènes et des tirs à feu pour disperser les manifestants.

Le journaliste, Oredje Narcisse présent sur les lieux de manifestations, précisément au quartier Chagoua aux alentours de l’ambassade des États-Unis à son domicile a été atteint par balle. L’homme de média en service à la radio CEFOD a succombé à ses blessures. Des morts et de nombreux blessés sont également signalés à Moundoun, Abéché et à N’Djamena où la manifestation est plus violente.

Pour mémoire, après la mort au front de l’ancien président Idriss Deby, les militaires qui ont pris le pouvoir sous l’appellation, Conseil militaire de transition (CMT) ont fait la promesse de passer la main aux civils après 18 mois de transition. Avant la date du 20 octobre qui marque la fin de 18 mois de transition, Mahamat Idriss Deby a été investi, président de la transition.

Les leaders de l’opposition dont Succès Masra et des organisations de la société civile contestent cette continuité et disent non à une succession dynastique au Tchad.

Tchad : un journaliste « tué » dans les manifestations (Témoin)

Les protestations en cours au Tchad contre la prolongation de la transition auraient fait une victime parmi les journalistes locaux.Ce jeudi 20 octobre, un journaliste aurait été tué lors des manifestations survenues à N’Djamena à cause de la prolongation de la transition par le Dialogue national inclusif (DNIS), a confié à APA News un témoin.

Reporter à la radio CEFOD (Centre de formation pour le développement) détenue par l’Église catholique, Orédjé Narcisse aurait été touché par balle « vers 7 heures du matin au quartier Chagoua, dans la commune du 7e arrondissement de N’Djamena ». « Il est tombé devant moi. Je suis vraiment affligé », rapporte un journaliste tchadien contacté par APA.

Les manifestations, qui ont éclaté dans plusieurs quartiers de la capitale tchadienne, auraient fait une dizaine de morts dans les rangs des protestataires, selon Les Transformateurs, l’une des formations politiques opposées au maintien du Général Mahamat Idriss Deby au pouvoir. Cité par l’Agence France Presse (AFP), le médecin-chef de l’Hôpital de l’Union Chagoua a reconnu la mort par balle d’au moins cinq personnes.

Arrivé au pouvoir en avril 2021 suite au décès de son père, le maréchal Idriss Deby dans une contre-offensive contre les rebelles du Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (Fact), le Général Mahamat Idriss Deby Itno avait promis une transition de 18 mois renouvelable une fois avant de changer d’avis.

À son initiative, des concertations nationales, sous le nom de Dialogue national inclusif et souverain (DNIS), lancées en août dernier, ont entériné samedi 8 octobre la prolongation de la transition, permettant dans la foulée au jeune général de se présenter à la prochaine élection présidentielle.

Cependant, des partis politiques et des organisations de la société civile estiment que Deby fils ne peut rester au pouvoir au-delà des 18 mois de transition malgré la formation d’un gouvernement d’« union nationale » dirigé par l’ex-opposant, Saleh Kebzabo. 

Paris a condamné « l’utilisation d’armes létales contre les manifestants » et affirme n’avoir joué « aucun rôle » dans les évènements en cours au Tchad. La France est « accusée » de ménager la junte tchadienne au moment où d’autres putschistes ouest-africains, comme ceux du Mali ou de la Guinée, sont acculés.

Tchad : manifestations contre la prolongation de la transition

Au Tchad, la prolongation de 24 mois de la transition par le Dialogue national inclusif et souverain (DNIS) n’est pas du goût de plusieurs partis politiques et d’organisations de la société civile.À l’appel de plusieurs formations politiques et d’organisations de la société civile, des manifestations ont éclaté à N’Djaména, jeudi 20 octobre. Selon des sources locales, les manifestants qui ont investi les rues de la capitale du Tchad, brulant des pneus à certains endroits, réclament le départ du général Mahamat Idriss Deby Itno, investi lundi 10 octobre président de la transition pour une période supplémentaire de deux ans, à l’issue du Dialogue national inclusif et souverain (DNIS).

Le jeune général a pris le pouvoir en avril 2021 après le décès de son père, Idriss Déby Itno dans une contre-offensive menée par ce dernier contre les rebelles du Front pour l’Alternance et la Concorde au Tchad (Fact), dans le nord du pays. A la tête d’un Conseil militaire de transition (CMT), il avait promis une transition de dix-huit mois renouvelable une fois avant de changer d’avis.

Pour des partis politiques comme Les Transformateurs de Succès Masra, La coalition des actions citoyennes Wakit Tama, il n’est pas question qu’il reste une heure de plus à la tête de la transition.

Le Groupement mobile d’intervention est intervenu et a fait usage de gaz lacrymogène pour disperser les protestataires. Le siège de l’Union nationale pour le développement et le renouveau (UNDR), formation politique de l’ex opposant, Saleh Kebzabo, nommé Premier ministre du gouvernement de la transition par Mahamat Idriss Déby, a été saccagé par des manifestants.

Des médias locaux évoquent aussi l’utilisation d’armes à feu par les forces de sécurité et des décès parmi manifestants sans que cela ne soit confirmé par les autorités étatiques.

Dans une déclaration, le Quai d’Orsay a condamne l’« utilisation d’armes létales contre les manifestants » suite aux « violences survenues ce matin au Tchad ». Le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères précise par la même occasion que « La France ne joue aucun rôle dans ces évènements, qui relèvent strictement de la politique intérieure du Tchad ».

Sahel : près de 3.000 événements violents prévus en 2022

Cette violence qui s’est étendue en intensité et en portée géographique représente le double du taux de l’année écoulée selon le Centre d’études stratégiques de l’Afrique.L’ampleur des attaques jihadistes est montée d’un cran en 2022 au Burkina Faso, au Mali et au Niger. Ces trois pays constituent les foyers où les groupes armés sont les plus actifs dans la sous-région ouest-africaine. Selon le Centre d’études stratégiques de l’Afrique basé à Washington, sur les 135 districts administratifs du Mali, du Burkina Faso et de l’Ouest du Niger, 84 districts, soit près des deux tiers, ont connu des attaques extrémistes violentes en 2022. 

Par contre, en 2017, ce chiffre était inférieur à un tiers (40 districts). Cette année-là, signale le centre de recherche, plus de 80% de tous les événements violents avaient eu lieu dans 30 districts du Nord et du Centre du Mali. 

En 2022, plus des deux tiers des événements violents liés à des groupes islamistes militants au Sahel ont eu lieu en dehors de ce pays, principalement au Burkina Faso.

A en croire l’organisme américain, sept districts administratifs du Sahel devraient subir chacun plus de 100 événements violents en 2022, un seuil qui n’avait été franchi que 5 fois avant cette année.

Dans ce magma d’insécurité, le Centre d’études stratégiques de l’Afrique distingue cinq zones chacune avec des dynamiques de conflit variées. Il s’agit de la zone des trois frontières communes au Burkina Faso, au Mali et au Niger. Collectivement, soulignent les chercheurs américains, ces cet espace englobe plus de 70% de la violence islamiste militante au Sahel.

La zone des trois frontières, épicentre des violences au Sahel

Cette zone historiquement dominée par les populations pastorales, couvre des parties du nord du Mali et une région du Burkina Faso et du Niger connue sous le nom de Liptako-Gourma. Plusieurs groupes militants, dont des vestiges du groupe burkinabé Ansaroul Islam, y combattent sous la bannière de la coalition Jama’at Nusrat al Islam wal Muslimin (JNIM). D’autres sont affiliés à l’État islamique dans le Grand Sahara (ISGS, sigle anglais).

Les cinq districts d’Ansongo, Gao, Oudalan, Soum et Séno répartis entre ces trois pays représentent, d’après les chercheurs, près du quart de tous les épisodes violents liés aux groupes militants islamistes au Sahel. Ils estiment que quatre de ces cinq districts devraient connaître plus de 100 événements violents en 2022.

Le district d’Oudalan au Burkina Faso, qui borde le Mali et le Niger, devrait être le théâtre de plus de 175 événements violents. Cela fera de lui, pour la 2e année consécutive, la zone qui subira la plus forte concentration de violence au Sahel.

Le Think tank informe que plus d’un tiers des civils tués en 2022 par des groupes militants islamistes au Sahel ont perdu la vie dans l’un de ces cinq districts. Par ailleurs, poursuit-il, plus de 340 civils devraient être tués par des groupes islamistes militants dans les districts d’Ansongo et de Séno en 2022.

Il existe de fortes divisions au sein des groupes militants islamistes liés à la violence dans cette zone. La grande majorité des activités extrémistes violentes à Ansongo (92%), Oudalan (88%) et Séno (95%) sont attribuées à l’ISGS. Ce dernier, une émanation de groupes militants précédemment établis dans la région, perçoit une zakat (taxe) coercitive et lourde dans la zone des trois frontières. Il se livre aussi au vol de bétail pour le revenu.

Les événements du Soum, berceau d’Ansaroul Islam, sont quant à eux, massivement attribués à la coalition du JNIM (98%). Les événements à Gao sont à peu près répartis entre les deux réseaux.

Centre-nord du Burkina Faso, zone des escalades de violence les plus rapides du Sahel

Les militants du Front de libération du Macina (FLM), qui fait partie de la coalition du JNIM, ainsi que les restes d’Ansaroul Islam, se sont déployés plus au sud dans cette zone la plus peuplée du Burkina Faso (près de 3 millions d’habitants).

Le Centre d’études stratégiques de l’Afrique affirme que la violence a déplacé près de 2 millions de Burkinabè, dont beaucoup ont cherché refuge dans un camp de personnes déplacées à Kaya, la capitale régionale et cinquième plus grand centre urbain du Burkina Faso. C’est également une zone quidispose d’importants gisements d’or, dont au moins trois mines industrielles et des dizaines de mines artisanales enregistrées. Les groupes islamistes militants cherchent à contrôler ces sites en tant que source majeure de revenus pour leurs activités.

A en croire les chercheurs américains, en 2017, un seul événement violent lié aux groupes militants islamistes a eu lieu dans les cinq districts de cette zone : Bam, Loroum, Namentenga, Sanmentenga et Yatenga. « Plus de 450 incidents violents devraient avoir lieu dans cette zone en 2022, ce qui représente 16% de tous les événements au Sahel », affirment-ils.

Cette zone est devenue un site principal d’expansion du FLM/JNIM au Burkina Faso. Les événements liés à l’ISGS représentent moins de 10% des incidents notés dans cette zone et se sont produits presque entièrement à Namentenga.

La violence contre les civils (deux événements violents sur trois visaient des civils en 2019) a entraîné des déplacements massifs de population de cette zone, permettant aux FLM et à d’autres groupes liés au JNIM de contrôler efficacement ce territoire.

Le centre du Mali, fief du FLM depuis 2015

Dirigée par le prédicateur extrémiste Amadou Koufa, la violence du FLM a radicalement déplacé l’insécurité au Mali des régions les plus reculées du nord vers les districts centraux de Bandiagara, Bankass, Djenné, Douentza, Koro et Mopti. Celles-ci comptent collectivement une population d’environ 1,5 million de personnes.

Depuis cette base, le FLM a récemment mené une poussée dans l’ouest et le sud du pays, devenant de plus en plus capable de menacer la capitale, Bamako. Cela survient après que le FLM a soutenu avec succès des éléments du JNIM poussant dans le nord du Burkina Faso et, dans une moindre mesure, plus au sud du Burkina Faso.

Globalement, notent les chercheurs, les événements violents dans cette zone représentent 14% de tous les épisodes de ce type au Sahel et 40% de tous les incidents au Mali. En 2022, ceux-ci sont généralement liés au FLM et à Amadou Koufa. Depuis 2019, les niveaux de violence dans cette région sont parmi les plus élevés au Mali. Le nombre d’événements a augmenté d’environ un tiers en 2020, puis de 50% en 2021, et devrait encore augmenter de 33% en 2022.

Par ailleurs, le centre de recherche signale que des événements violents liés à ces groupes se sont produits dans dix districts situés au nord de la Côte d’Ivoire, au Bénin et au Togo. Bien que les activités dans ces régions du nord ne représentent qu’un faible pourcentage de la violence globale, la présence croissante de groupes islamistes militants dans ces régions est préoccupante, alerte-t-il.

Le Think tank note que le Niger est menacé par la recrudescence des activités violentes. Les 174 événements violents prévus dans l’ouest du pays en 2022 représentent une augmentation de près de 10% par rapport à l’année précédente, conclut-il.

Les trois zones composées du centre du Mali, des trois frontières et du centre du Burkina Faso représentent plus de la moitié (55%) de tous les événements violents de la région. Cela souligne, d’après les chercheurs, l’importance du centre du Mali en tant que base et zone de rassemblement pour les attaques dans les zones voisines.

ASECNA: le Conseil des ministres invité à se pencher sur la grève des contrôleurs aériens

L’Union des syndicats des contrôleurs aériens de l’Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique et à Madagascar (USYCAA) a demandé, vendredi à Dakar, aux ministres des Transports aériens des pays membres de l’ASECNA de trouver des solutions à sa plateforme revendicative.Une grève des contrôleurs aériens a perturbé les 23 et 24 septembre 2022 le trafic aérien dans les 18 États de l’Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique et à Madagascar (ASECNA). Dans ce contexte, les ministres des Transports aériens se réunissent ce lundi 17 octobre à Dakar, poussant l’Union des syndicats des contrôleurs aériens de l’Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique et à Madagascar (USYCAA) à leur demander de trouver des solutions aux points revendicatifs relatifs, entre autres, à l’amélioration des conditions de travail et à de meilleurs plans de carrière.

« Nous demandons aux ministres, les seuls capables aujourd’hui de trouver une solution, face au manque de volonté affiché par le Directeur général, à être vigilants à la manipulation et la campagne de diabolisation à notre égard en cours, afin d’urgence, trouver une solution heureuse par rapport à notre plateforme revendicative », a lancé Paul François Gomis, son secrétaire général.

S’exprimant au cours d’un point de presse, M. Gomis a précisé que « nous avons suspendu le mot d’ordre sur la demande de nos ministres de tutelle, les ministres en charge du transport aérien pour leur permettre de se réunir lors d’une réunion prévue le 17 octobre à Dakar ». 

Toutefois, a poursuivi le SG de l’USYCAA, « il y a des suspensions qui ne sont pas encore levées, les camarades ne sont pas sur les tableaux de service, ils ne travaillent pas et, nous connaissons leurs intentions derrière tout cela ».

Déchets électroniques: pour un recyclage encadré en Afrique

Dans les années à venir, le continent noir devrait générer plus de déchets électroniques que l’Europe, en raison de sa consommation exponentielle d’ordinateurs et de téléphones portables selon l’Institut mondial pour la croissance verte (GGGI, sigle anglais).Depuis 1992, année d’entrée en vigueur de la convention de Bâle, l’exportation de déchets dangereux d’un pays vers un autre, sauf si ceux-ci peuvent être réutilisés ou réparés est interdite. Pourtant, nombre de pays occidentaux continuent d’exporter principalement vers l’Afrique. Pour contourner cette législation et éviter le coût de la dépollution, les pays exportateurs présentent une grande partie de leurs équipements défectueux comme des appareils d’occasion.

Rien qu’au Sénégal, les projections tablent sur une multiplication par 2,5 des tonnes de déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE). De 17.000 tonnes en 2019, ils devraient passer à 43.000 tonnes toutes catégories confondues à l’horizon 2030 selon la représentante Résidente du GGGI au Sénégal, Assana Magagi- Alio.

Face à l’ampleur du phénomène, elle a invité les Etats africains à « évoluer vers un recyclage plus encadré » afin d’en extraire notamment les métaux précieux.

S’exprimant vendredi à l’occasion de la célébration de la Journée mondiale des DEEE, Mme Assana a indiqué qu’au Sénégal, l’importation croissante d’équipements électriques et électroniques révèle la nécessité de répondre à des enjeux sanitaires, environnementaux et sociaux d’envergure.

En effet, a-t-elle signalé, les échanges internationaux et les importations croissantes (qui représentent la quasi-totalité du gisement), l’omniprésence du secteur informel sur tous les maillons de la filière, le cadre réglementaire et juridique national en mutation sont autant d’enjeux propres au secteur des DEEE au pays de la Teranga.

Pour faire face à ces challenges, son organisation contribue à travers la mise en place d’un éco-organisme et un cadre juridique. GGGI a également procédé à une analyse qualitative de la filière afin d’avoir une cartographie fine des acteurs caractérisant leur positionnement et leurs interactions sur les différents maillons de la filière, et ainsi d’en comprendre les modes de fonctionnement.

Elle a profité de l’occasion pour lancer un appel aux plus hautes autorités du pays pour la signature du projet de décret relatif la réforme juridique liée à la structuration de la filière.

De son côté, le Secrétaire général du ministère de l’Environnement, du Développement durable et de la Transition Écologique, Malick Sow, a noté que les TIC peuvent avoir un impact négatif aussi bien sur la santé des populations, sur l’environnement que sur la consommation énergétique.

« Il urge dès lors de s’atteler à la réglementation du secteur de manière durable », a-t-il déclaré. Il a ainsi rappelé « la nécessité de prendre en compte et d’assurer le traitement et le recyclage d’au moins 90% des déchets des équipements électriques et électroniques, d’ici à 2025 » comme le stipule le document stratégique SN2025. Ce dernier est le plan de développement numérique du Sénégal à l’horizon 2025.

Tchad: Mahamat Saleh Annadif, nouveau ministre des Affaires étrangères

Le Représentant spécial du Secrétaire général et Chef du Bureau des Nations unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel a été choisi pour diriger la diplomatie tchadienne.Mahamat Saleh Annadif fait son retour à la tête du ministère des Affaires étrangères près de 20 ans après l’avoir quitté. Le nouveau chef de la diplomatie tchadienne a occupé ce poste de 1997 à 2003. Celui qui était jusque-là le Représentant spécial du Secrétaire général et Chef du Bureau des Nations unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel est donc en terrain connu.

Il a la lourde mission de convaincre l’Union africaine et la Communauté internationale à soutenir la période de transition dans son pays, dirigé par le Général Mahamat Idriss Deby, fils du défunt Idriss Deby Itno, tué en 20 avril 2021 lors d’affrontements contre des rebelles.  

La tâche ne s’annonce pas facile pour le nouveau chef de la diplomatie tchadienne. En effet, le Général Mahamat Idriss Deby a renié ses engagements d’avril 2021 d’œuvrer vers un retour rapide à l’ordre constitutionnel. Il s’est fait investir, pour 24 mois supplémentaires, président de transition du Tchad, le 10 octobre dernier, à l’issue d’un dialogue de réconciliation nationale boycotté par une grande partie de l’opposition.  

Le natif d’Arada pourra cependant compter sur son carnet d’adresses bien garni et sa riche carrière au niveau international pour plaider la voix du Tchad dans les chancelleries africaines et internationales.

Mahamat Saleh Annadif a en effet été tour à tour nommé représentant spécial de l’Union africaine pour la Somalie et chef de la Mission de l’Union africaine en Somalie (Amisom, sigle anglais) le 1er novembre 2012. À ce titre, il supervisait 22.000 soldats, principalement d’Ouganda, du Burundi, du Kenya, d’Éthiopie, de Djibouti et de Sierra Leone.

En décembre 2015, il est désigné par le Secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, représentant spécial pour le Mali et chef de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma), en remplacement de Mongi Hamdi.

En mars 2021, Saleh Annadif, membre du Conseil consultatif international de l’Organisation africaine de la presse, est nommé au poste de représentant spécial du Secrétaire général de l’Onu en Afrique de l’Ouest et au Sahel, fonction qu’il occupait jusqu’à sa nomination en tant que nouveau ministre des Affaires étrangères de son pays.  

Liste du nouveau gouvernement d’union nationale

Premier ministre de transition : Saleh Kebzabo ;

– Ministre d’État, ministre des Affaires étrangères : Mahamat Saleh Annadif ;

– Ministre d’État, ministre de la Transformation agricole : Laoukein Kourayo Medard ;

– Ministre d’État, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation : Tom Erdimi ;

– Ministre d’État, ministre des Télécommunications et de l’Économie numérique : Mahamat Allahou Taher ;

– Ministre de l’Administration du territoire, de la Décentralisation et de la Bonne gouvernance : Limane Mahamat ;

– Ministre des Armées, des anciens combattants et victimes de guerre : Daoud Yaya Brahim ;

– Ministre de la Sécurité publique et de l’Immigration : Idriss Dokony Adiker ;

– Ministre de la Justice, garde des sceaux et des droits humains : Mahamat Ahmad Alhabo ;

– Ministre des Finances, du Budget et des Comptes publiques : Tahir Hamid Nguilin ;

– Ministre de l’Éducation nationale et de la Promotion civique : Moussa Kadam ;

– Ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement : Aziz Mahamat Saleh ;

– Ministre des Hydrocarbures et de l’Energie : Djerassem Le Bemadjiel ;

– Ministre du Genre et de la Solidarité nationale : Amina Prisiclle Longoh

– Ministre des Infrastructures et du Désenclavement : Dr. Idriss Saleh Bachar ;

– Ministre de la Réconciliation nationale et de la Cohésion sociale : Abderaman Koulamallah ;

– Ministre de la Prospective économique et des Partenariats internationaux : Moussa Batraki ;

– Ministre de l’Élevage et des Productions animales : Dr. Abderahim Awad Atteib ;

– Ministre des Sports et des Loisirs : Patalet Geo ;

– Ministre de la Fonction publique et du Dialogue social : Abdoulaye Mbodou Mbami ;

– Ministre de l ‘Eau et de l’Assainissement : Alio Abdoulaye Ibrahim ;

– Ministre de l’Aviation civile et de la Météorologie nationale : Tahir Sougoumi ;

– Ministre des Transports terrestres et de la Sécurité routière : Fatimé Goukouni Weddeye ;

– Ministre des Mines et de la Géologie : Abdelkerim Mahamat Abdelkerim ;

– Ministre de l’Environnement, de la Pêche et du Développement durable : Mahamat Hanno ;

– Ministre des Affaires culturelles, du Patrimoine historique et du Tourisme : Abakar Rozzi Teguli ;

– Ministre de la Santé publique et de la Prévention : Dr. Abdoulmadjid Abderahim ;

– Ministre de la Formation professionnelle, des Métiers et de la Microfinance : Ousman Moussa Mahamat ;

– Ministre de l’Aménagement du territoire et de l’Urbanisme : Mahamat Assileck Halata ;

– Ministre de l’Industrie et du Commerce : Wanledom Robertine ;

– Ministre de la Jeunesse et du Leadership entrepreneurial : Mahamat Ahmat Lazina ;

– Ministre secrétaire général du gouvernement, de la promotion du bilinguisme dans l’administration, chargé des relations avec les grandes institutions : Haliki Choua Mahamat ;

– Ministre délégué auprès du ministre de l’Administration du territoire, chargé de la décentralisation : Hissein Ibrahim Acyl ;

– Ministre délégué auprès du ministre des armées chargé des anciens combattants et des victimes de guerre : Idriss Abdraman Dicko ;

– Ministre délégué auprès du ministre des hydrocarbures, chargé de l’indépendance énergétique : Dr. Ramatou Mahamat Houtouin ;

Secrétaire d’État aux Affaires étrangères, aux Tchadiens de l’étranger et à la Coopération internationale : Mme. Izabelle Housna Kassiré ;

Secrétaire d’État à la Promotion et à la Transformation agricole : Abakar Ramadan ;

Secrétaire d’État à l’Enseignement supérieur, à la Recherche scientifique et à l’Innovation : Mme. Bairra Assane ;

Secrétaire d’État à la Justice et aux Droits humains : Mme. Bourkou Louise Ngaradoumri ;

Secrétaire d’État aux Finances et aux Comptes publics : Mme. Ronel Baiong Malloum Doubangar ;

Secrétaire d’État à l’Éducation nationale et à la Promotion civique : Mme. Gueldje Liliane ;

Secrétaire d’État à la Prospective économique et aux Partenariats internationaux : Mme. Madeleine Alingué ;

Secrétaire d’État à l’Élevage et aux Productions animales : Mme. Fatimé Kodobé ;

Secrétaire d’État à la Santé publique et à la Prévention : Mme. Zenaba Bechir Moussa ;

Secrétaire générale adjointe du gouvernement : Mme. Adjine Mahamat Garfa.

Qui est Saleh Kebzabo, le nouveau Premier ministre du Tchad ?

Nommé ce 12 octobre, cet homme politique originaire de Léré dans le Sud-Ouest du pays a la lourde tâche de former le gouvernement d’union nationale promis par le président de la transition, le général Mahamat Idriss Déby.Du farouche opposant au père, le nouveau Premier ministre de transition du Tchad, Saleh Kebzabo, devient le principal collaborateur du fils. Il vient d’être appelé par le Général Mahamat Idriss Déby pour former le nouveau gouvernement d’union nationale. gé de 75 ans, le natif de Léré (Sud-Ouest) a été nommé ce mercredi par décret présidentiel par le successeur d’Idriss Déby Itno, lui-même investi chef de l’État lundi 10 octobre, à l’issue d’un dialogue de réconciliation nationale boycotté par une grande partie de l’opposition.

Le président de l’Union nationale pour le développement et le renouveau (UNDR), député à l’Assemblée nationale du Tchad depuis 2002, dispose d’une riche carrière politique. Après avoir étudié le journalisme au Centre de formation des journalistes à Paris, il a travaillé à l’Agence tchadienne de presse et a collaboré avec la rédaction de Jeune Afrique et Demain l’Afrique.

Pour sa première participation à une élection présidentielle en 1996, il obtient 8,6 % des suffrages. Il est aussi candidat en 2001 où il obtient 7 % et en 2006. Depuis 2011, il était considéré comme le chef de file de l’opposition au président Idriss Déby, tué le 20 avril 2021 lors d’une contre-offensive qu’il a dirigée lui-même dans le Nord contre les rebelles du Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (Fact).

Lors de l’élection présidentielle de 2016, il arrive second avec 12,80 % des voix, Idriss Déby ayant, quant à lui, obtenu 61,56 % des suffrages exprimés. Très influent, en 2018, il surprend le reste de l’opposition en acceptant de rencontrer le président Déby. Au Tchad, le chef de file de l’opposition a l’obligation de rencontrer le chef de l’État pour consultation et divers problèmes.

Pour l’élection présidentielle d’avril 2021, 15 partis de l’opposition se regroupent au sein de l’Alliance Victoire. En février 2021, celle-ci organise une primaire pour désigner son candidat. Kebzabo affronte Théophile Bebzoune Bongoro qui l’emporte. Le 12 février 2021, Saleh Kebzabo annonce que son parti, l’UNDR, se retire de l’Alliance Victoire et qu’il est désigné candidat de son propre parti au scrutin du 11 avril 2021. En mars 2021, il décide de retirer sa candidature et dénonce une « militarisation évidente du climat politique », après l’intrusion des forces de sécurité dans la résidence du candidat Yaya Dillo.

Après la mort de Déby père en avril 2021, son fils Mahamat Idriss Déby prend le pouvoir après que le président de l’Assemblée nationale a renoncé à assurer l’intérim. Kebzabo reconnaît la légitimité de l’autorité du Conseil militaire de transition (CMT) formé par les militaires. La junte met en place un Comité d’organisation du Dialogue national inclusif et souverain (DNIS), chargé d’impliquer la société civile dans la mise en place d’un retour à la démocratie. En août 2021, Kebzabo est nommé vice-président du Comité d’organisation, poste qu’il a occupé jusqu’à sa nomination à la Primature.

Pour sa première sortie en tant que nouveau Premier ministre du Tchad, M. Kebzabo a indiqué que de « grandes œuvres » sont attendues durant les 24 mois de transition, précisant que la priorité est de parvenir à des élections libres et démocratiques à la fin de cette période d’exception.

Marié et père de quatre enfants, Saleh Kebzabo devra batailler dur pour mener à bien sa mission. Plusieurs anciens opposants ont fini par boycotter les assises nationales ouvertes en août après de multiples reports. Celles-ci n’ont en effet fait qu’élargir les prérogatives de l’actuel homme fort de Ndjamena habilité désormais à révoquer le Premier ministre.

L’Eglise catholique qui, semble-t-il, avait vu les choses venir, s’est très tôt retirée du processus, évoquant son « impression d’assister à une campagne électorale, avec d’un côté ceux qui soutiennent le changement et un renouvellement de la classe politique et de l’autre ceux qui bloquent tout et veulent continuer comme avant, en mettant en place une machine savamment orchestrée ».

Tchad : l’ex-opposant Saleh Kebzabo nommé Premier ministre

Le président de la transition tchadienne avait annoncé la formation d’un gouvernement d’Union nationale.Le décret a été lu, mercredi 12 octobre, à la télévision par le ministre d’Etat, secrétaire général de la Présidence, Gali Gatta Ngoté. Le gouvernement de transition du Tchad sera dirigé par Saleh Kebzabo. Le leader de l’Union nationale pour la démocratie et le renouveau (UNDR) est le choix du Général Mahamat Idriss Deby Itno, désigné samedi 8 octobre, président de la transition par le Dialogue national inclusif et souverain (DNIS).

Dans son discours d’investiture prononcé lundi 10 octobre, le chef de l’Etat tchadien avait annoncé la constitution imminente d’un gouvernement d’Union nationale.

En portant Sahel Kebzabo à la tête du premier gouvernement de la deuxième phase de transition, Mahamat Idriss Deby Itno semble vouloir concrétiser cette volonté même si le DNIS a été boycotté par une partie de l’opposition et le Front pour l’Alternance et la Concorde au Tchad (Fact), responsable de la mort du maréchal Idriss Deby, dans le nord du pays. Le défunt président conduisait une contre-offensive contre ce mouvement rebelle.

Son fils, désigné chef d’un Comité militaire de transition par quinze généraux de l’armée, Deby fils avait promis une transition de 18 mois. Mais juin dernier, il a changé d’avis en confiant son destin présidentiel…à Dieu.

Au terme du DNIS ouvert à N’Djamena au mois d’aout dernier, le jeune général de 37 ans a obtenu le quitus pour prolonger de deux ans la transition, mais aussi de se présenter à la prochaine présidentielle, faisant craindre des sanctions contre le Tchad.

L’Union africaine (UA) a demandé à la junte de respecter « la période de dix-huit mois pour l’achèvement de la transition ». L’Union européenne a, elle aussi, fait part de sa « préoccupation » après la décision adoptée samedi par les délégués du DNIS de prolonger la transition et d’autoriser le général Mahamat Idriss Deby à briguer la présidence lors des élections prochaines.

Mais pour son premier ministre qui était l’un des opposants du maréchal Deby, « le Tchad ne peut être sanctionné » parce que les circonstances sont totalement différentes, faisant allusion aux changements anti-constitutionnels qui ont eu lieu au Mali en aout 2020 et mai 2021 et en Guinée en septembre 2021.

Tchad : Mahamat Idriss Deby Itno investi président de la transition

Le Général Mahamat Idriss Deby Itno a prêté serment lundi 10 octobre comme chef de l’État du Tchad pour les deux années à venir.Conformément aux conclusions du Dialogue national inclusif et souverain (DNIS) clôturé samedi 8 octobre à N’Djamena, le Général Mahamat Idriss Deby Itno a été investi lundi 10 octobre président de la transition pour les 24 prochains mois.

Il a prêté serment en présence du président nigérian, Muhammadu Buhari et de représentants de quelques pays voisins du Tchad.

Suite au décès de son père, le maréchal Idriss Déby Itno lors d’une contre-offensive contre les rebelles du Front pour l’Alternance et la Concorde au Tchad (FACT) dans le nord du pays, Mahamat Idriss Deby a été porté à la tête d’un Conseil militaire de transition (CMT) par quinze généraux, après que le président de l’Assemblée nationale a renoncé à assurer l’intérim comme le prévoyaient les lois en vigueur dans ce pays d’Afrique centrale.

Le président trentenaire avait promis une transition de 18 mois renouvelable une fois. Mais il semble avoir changé d’avis depuis juin dernier en confiant son destin présidentiel…à Dieu.

Finalement, le DNIS auquel le FACT et une partie de l’opposition n’ont pas pris part, lui permet non seulement de prolonger la durée de la transition mais aussi de se présenter à la prochaine présidentielle.

Le président de la transition a annoncé dans son discours d’investiture, la formation imminente d’un gouvernement d’union nationale.

Il a réaffirmé son attachement aux textes internationaux, mais a rappelé que son pays est jaloux de sa « souveraineté ».

L’Union africaine (UA) a demandé à la junte de respecter « la période de dix-huit mois pour l’achèvement de la transition ». Elle a aussi rappelé « sans équivoque qu’aucun membre du Conseil militaire de transition ne pourra être candidat aux élections à la fin de la transition ». L’Union européenne a, elle aussi, fait part de sa « préoccupation » après la décision adoptée samedi par les délégués du DNIS de prolonger la transition et d’autoriser le général Mahamat Idriss Deby à briguer la présidence lors des élections prochaines.

Tchad: Padaré, au nom du père et du fils…Déby

Cet ancien ministre fait partie de la poignée d’hommes qui ont farouchement lutté pour obtenir le droit de se présenter à la prochaine présidentielle pour le général Mahamat Idriss Deby; investi ce lundi comme président de la transition au Tchad.Il dit qu’il va pouvoir « enfin » se « reposer un peu », tellement il n’a « pas arrêté ces derniers temps ».

Depuis la mort surprise du président Idriss Deby Itno, touché mortellement en avril 2021 alors qu’il était au front pour diriger une contre-offensive militaire contre une énième rébellion qui visait à le déloger du pouvoir, Jean-Bernard Padaré ne cesse de courir de réunion en réunion, parfois publiques, parfois secrètes, de voyager aussi, avec comme seul soucis que la succession de son ex patron ne se fasse au détriment de son camp, celui du Mouvement patriotique du Salut (MPS), la formation fondée par le chef de l’Etat disparu qui a régné durant plus de trente ans en maître absolu du Tchad.

Samedi 8 octobre, après plus de cinq mois de laborieuses discussions au Qatar avant d’être finalement poursuivies durant quarante-cinq jours sous le format d’un Dialogue national inclusif et souverain (DNIS) organisé à N’Djaména, les 1500 délégués, dont d’anciens rebelles importants, ont adopté l’essentiel de ce que voulait cet avocat de 55 ans, plusieurs fois ministre, actuellement numéro 2 et porte-parole du MPS: la prolongation de deux ans de la période de transition censée conduire au retour à l’ordre constitutionnel au Tchad et le droit de se présenter à la future élection présidentielle pour le général Mahamat Idriss Deby Itno, fils du président disparu qu’un Conseil militaire de transition (CNT) avait installé à la place de son père et que le DNIS vient d’introniser samedi comme « président de la transition ». Un titre plus confortable pour celui de chef de junte et auquel ce jeune général de 38 ans, s’apprête à être investi ce lundi 10 octobre en présence de plusieurs chefs d’État africains.

« Prophètes de l’hécatombe…»

« Les prophètes de l’hécatombe ont échoué. Ils avaient promis la catastrophe pour le Tchad, alors que tout s’est bien passé lors de ce dialogue. Les échanges étaient parfois virulents. Mais au final, l’intérêt du pays a prévalu et chaque camp a vu ses revendications principales prises en compte, la déchirure promise entre le Nord musulman et le Sud chrétien n’a pas eu lieu. Les affrontements entre clans et tribus non plus », se félicite l’homme politique originaire du sud majoritairement chrétien, passé par plusieurs ministères dont celui très sensible de la Justice. Cependant, il avoue qu’il aurait « été beaucoup plus heureux, si tout le monde avait accepté d’être présent à ce dialogue », en allusion au boycott de la rencontre par une partie de l’opposition dite radicale et le Fact (Front pour l’alternance et la concorde au Tchad), le groupe rebelle à l’origine de la mort du président disparu,  auxquels il promet que la porte du dialogue leur reste ouverte », reprenant à quelques mots près les propos tenus samedi par le général Mahamat Idriss Deby lui-même dans son discours de clôture du DNIS.

« Je voudrais ici réitérer, mon appel incessant à la paix, aux frères qui s’accrochent toujours à la logique des armes et de la violence sans lendemain. J’invite par la même occasion, les forces politiques et sociales qui n’ont pas participé à ce dialogue, à s’en approprier les résultats, car l’idéal recherché, n’est rien d’autre que le progrès du pays. Je voudrais leur rappeler que nous sommes dans un dialogue continu, permanent, pour bâtir une Nation qui nous ressemble et qui nous rassemble », avait notamment déclaré Deby fils devant les délégués du DNIS.

Au lendemain de sa prise du pouvoir, Le général Mahamat Idriss Deby Itno avait pourtant promis de ne pas briguer la présidence une fois terminés les 18 mois de transition initialement promis, « renouvelable une seule fois », selon ses propres mots.

Mais celui qui était du vivant de son père, le discret patron de la garde présidentielle, cette unité d’élite que le monde entier avait découvert pour la première fois quand elle s’était courageusement battue dans le Nord du Mali lors de l’intervention militaire internationale conduite par la France en janvier 2013 pour chasser les jihadistes qui occupaient la région, semble avoir changé d’avis depuis juin dernier. Si les Tchadiens n’étaient finalement « pas capable de s’entendre », déclarait-il alors, il remettrait « à Dieu » son destin personnel pour la future présidentielle.

« On a très vite interprété cette déclaration comme une volonté de se présenter à la prochaine présidentielle. Pourtant à aucun moment, il ne le dit clairement. Mais supposons qu’il y pense. Quelle est la règle de droit qui pourrait lui être opposée. En droit tchadien, il n’y en a aucune. Et en droit communautaire ou international non plus », plaide le dirigeant de l’ex parti au pouvoir. Selon lui, « contrairement à ce qui a pu se passer au Mali, en Guinée ou au Burkina-Faso où les militaires actuellement au pouvoir avaient commis de véritables coups d’Etat que les textes de l’Union africaine interdisent de manière claire et nette, au Tchad ce n’est pas par la force que le Conseil militaire de la transition a installé le général Mahamat Idriss Deby à la tête du pays ».

Padaré, avocat de Déby fils

L’ancien Garde des Sceaux jure que c’est  le président de l’Assemblée nationale, légalement chargé d’assurer la présidence par intérim en cas de vacance du pouvoir au sommet de l’Etat, qui a lui-même demandé aux chefs de l’armée de désigner l’un d’entre eux pour assurer la transition à la tête du pays en raison du contexte particulier dans lequel le président Deby a disparu. « Il est mort au combat, au milieu de son armée. Pour maintenir la cohésion au sein des troupes et leur moral, le président de l’Assemblée nationale a jugé que seuls les militaires étaient en mesure de gérer le pays dans ces circonstances particulières », défend le porte-parole du MPS.

L’Union africaine et les partenaires internationaux de ce vaste pays enclavé et à moitié désertique, considéré comme un acteur-clé pour la sécurité et la stabilité au Sahel où depuis plus de dix ans des insurrections islamistes sévissent un peu partout, avaient initialement fermé les yeux sur la prise du pouvoir par la junte du CMT que le DNiS a désormais dissous au profit d’un Conseil national de transition (CNT) élargi censé jouer le rôle de parlement durant la nouvelle période de transition.

Mais samedi 19 septembre, l’organisation panafricaine a publié un communiqué demandant  à la junte de respecter « la période de dix-huit mois pour l’achèvement de la transition ». Elle a aussi rappelé « sans équivoque qu’aucun membre du Conseil militaire de transition ne pourra être candidat aux élections à la fin de la transition ». L’Union européenne a, elle aussi, fait part de sa « préoccupation » après la décision adoptée samedi par les délégués du DNIS de prolonger la transition et d’autoriser le général Mahamat Idriss Deby à briguer la présidence lors des élections prochaines.

« il ne faut pas être surpris si nous nous trouvons contraints de nouer de nouvelles alliances…»

En Afrique, ce genre de sortie des deux organisations internationales, est souvent annonciateur de tout sauf de bonnes nouvelles. Dans les rues de N’Djamena, comme dans les couloirs du palais du 15 août où s’est achevé samedi le DNIS et où le jeune général cinq étoiles doit être officiellement investi lundi de ses nouvelles fonctions de « Président de la transition » et de Chef de l’Etat, l’hypothèse de sanctions politiques et économiques contre le pays font peur à beaucoup de monde. .

 « Ce serait une grande injustice qui pourrait avoir de graves conséquences sur les relations entre le Tchad et ses partenaires traditionnels. La nature ayant horreur du vide, il ne faut pas être surpris si nous nous trouvons contraints de nouer de nouvelles alliances comme l’ont fait récemment certains pays africains », avertit l’ancien ministre, en allusion au rapprochement opéré ces dernières années par certains États africains comme la Centrafrique et le Soudan voisins ou encore le Mali avec la Russie, dont les paramilitaires de la compagnie privée controversée Wagner ont remplacé les coopérants militaires historiques comme la France dont les milliers de soldats engagés depuis plus de dix ans contre les groupes jihadistes ont été contraint de quitter le territoire malien pour s’installer dans certains pays voisins.

Assileck, voix et visage des ex-rebelles qui, désormais, dialoguent avec le pouvoir au Tchad

Il y a peu, il rêvait de déloger le pouvoir par les armes. Aujourd’hui, il participe au dialogue national lancé par la junte qui a succédé au président Idriss Déby mort l’année dernière.Depuis qu’il a posé pied, le 18 août dernier, à N’Djamena, Mahamat Assileck Halata peine à trouver du temps pour lui-même, rendre visite à ses proches, amis d’enfance ou simplement faire un tour dans cette ville où il est né voici un peu plus d’un demi-siècle et qu’il ne rêvait même plus de revoir de son vivant à mesure que durait son exil à l’étranger. « Trente ans, ce n’est pas rien. Plus le temps passait, plus je me disais que je ne reverrai plus jamais mon pays, le Tchad », avoue celui qui était une des principales figures médiatiques à l’étranger de l’opposition radicale au président Idriss Deby Itno, mort au printemps 2021, juste après une nouvelle réélection à la tête de ce vaste pays sahélien, véritable magma tribal et ethnique, alors qu’il dirigeait une contre-attaque de son armée contre une colonne de rebelles venus de Libye et qui se dirigeait vers la capitale. C’était la énième fois que cet ancien militaire formé en France qui avait initialement pris le pouvoir par la force en 1990 prenait le risque physique de prendre lui-même la direction des opérations pour contrer des rebelles venus pour le déloger du pouvoir. La dernière fois avant sa disparition, celui qui était le maître absolu du Tchad durant plus de trente ans s’était distingué fin mars 2020 en conduisant personnellement une vaste offensive victorieuse de son armée autour du Lac Tchad pour en chasser les très redoutés jihadistes de Boko Haram qui depuis 2009 traumatisent le Nigeria et les pays voisins. Un exploit qui lui a valu d’ailleurs d’être élevé par l’Assemblé nationale dominée par ses partisans à la dignité de « Maréchal du Tchad ».

Une fois sa mort rendue publique, un Conseil militaire de la transition (CMT), composé de quinze généraux, installe au pouvoir son fils, le général Mahamat Idriss Deby Itno, 37 ans aujourd’hui, jusqu’alors discret patron de la garde présidentielle. L’unité d’élite la mieux équipée et entraînée de l’armée tchadienne et dont le monde entier avait d’ailleurs découvert l’efficacité, ainsi que le visage de son chef, en 2013 lorsqu’elle avait été envoyée dans le Nord du Mali pour prêter main forte à l’opération française Serval engagée pour chasser les jihadistes liés à Al Qaida qui occupaient alors cette région grande comme deux fois la France.

A peine installé dans le fauteuil de son défunt père, le jeune général abroge immédiatement la Constitution, dissout le Parlement et limoge le gouvernement. Mais il fait la promesse de rendre le pouvoir aux civils par des élections « libres et démocratiques » après une « transition » de dix-huit mois renouvelable une fois. Il s’engage aussi à ne pas se présenter à la future élection présidentielle. Mais en juin dernier, MIDI, comme le surnomment ses compatriotes en référence à l’anagramme de son nom complet, change d’avis, déclarant que « si les Tchadiens ne parviennent pas à s’entendre » qu’il remettrait son « destin » à « Dieu » sur une éventuelle candidature.

«Il n’y a pas de promesse immuable»

« En politique, il n’y a pas de promesse immuable. Tout est question de contexte », philosophe Assileck dont la formation, l’Union des forces pour la démocratie et le développement (UFDD) aidée par d’autres groupes rebelles, avait pourtant tenté plusieurs fois de chasser du pouvoir le chef de l’Etat disparu, comme en février 2008. Partis du lointain Soudan où ils étaient basés, les combattants de l’UFDD appuyés par des centaines d’éléments dont une grande partie issue de l’UFR (Union des forces de la résistance), avaient alors lancé une audacieuse attaque contre la capitale tchadienne avant d’être miraculeusement défaits par l’armée loyale après plusieurs jours de rudes combats autour du palais présidentiel.

« C’était une autre époque », justifie l’opposant dont le chef de mouvement, un ministre de la défense d’Idriss Deby, Mahamat Nouri et celui de l’UFR, Timam Erdilmi, neveu et ancien directeur de cabinet du président disparu, sont les principaux leaders de la quarantaine de groupes « politico-militaires »  qui ont décidé de prendre part au « Dialogue national inclusif et souverain » (DNIS) que le jeune général a solennellement ouvert le 20 août dernier à N’Djamena. L’événement, négocié durant plus de cinq mois à Doha, au Qatar, est censé mettre fin à des décennies de troubles et d’instabilité dans ce pays de 16 millions d’habitants, même s’il est boycotté par l’important groupe rebelle du Front pour l’alternance et le concorde au Tchad (Fact) qui est à l’origine de la mort d’Idriss Deby mais aussi l’opposition dite radicale.

« La présence de tous aurait largement facilité les choses. Je comprends qu’il puisse y avoir des opinions divergentes. Mais il y a une nouvelle génération qui est au pouvoir. Durant les longs mois de pré-dialogue que nous avons vécus à Doha avec les délégués du gouvernement, nous avons pu parler sans tabou des principaux problèmes du pays et sommes tombés d’accord sur l’idée d’une refondation du Tchad sur des bases consensuelles. En dépit de divergences souvent vives lors des débats durant le dialogue de N’Djamena, personne n’a imposé son point de vue à l’autre. Toutes les décisions ont été approuvées après de franches et libres discussions. Cette recherche permanente du consensus explique d’ailleurs en grande partie le fait que le dialogue se soit prolongé bien au-delà des délais initialement fixés », explique l’ancien rebelle.

Le principe fixé par les participants au dialogue pour décider des mesures à adopter ou rejeter étant la règle du consensus et non celle du vote, Assileck a vu passer devant ses yeux une série de décisions qui n’arrangent pas du tout son camp, ni l’opposition de manière générale. Lui qui a longtemps rêvé d’un Tchad débarrassé de l’influence des militaires, n’a rien pu faire pour empêcher la validation par les délégués de mesures largement favorables à la junte actuelle.

Samedi 1er octobre, alors qu’elle était censée ne durer que 18 mois renouvelable une seule fois comme cela avait initialement promis par la junte, la période de transition a été prolongée de vingt-quatre mois. Mieux, le Président du Comité militaire de transition (PCMT) qui s’était engagé à ne pas se présenter à la future présidentielle est désormais autorisé à le faire, tout comme les autres membres du CMT.

« Nous ne sommes pas venus à ce dialogue pour que finalement, nous nous retrouvions à poursuivre la guerre à l’intérieur de la capitale. Nous sommes venus pour trouver des solutions qui permettent à notre pays de sortir de l’impasse politique dans laquelle il est plongé depuis plusieurs décennies. Dans un dialogue politique, il faut savoir réclamer, exiger, convaincre. Mais il faut aussi savoir faire des concessions. Dans le cas du droit du président du CMT ou des autres militaires à être candidats aux futures élections, la majorité des délégués a estimé qu’ils ont le droit de se présenter, évoquant le fait qu’aucune loi tchadienne ne les empêche. Ce qui est une vérité. En plus, nous discutons avec un pouvoir dominé par les militaires qui sont la principale force organisée dans ce pays. La lucidité dicte donc d’accepter cette possibilité. Cela ne signifie pas que si l’actuel chef de l’Etat se présente devant les électeurs, il est assuré d’être élu. Si l’opposition s’organise et profite des opportunités qu’offrent les nouvelles règles et institutions qui vont encadrer la période transitoire, comme le gouvernement d’union nationale qui va être installé et l’élargissement des pouvoirs du Conseil national de transition qui fait office de parlement, elle a des chances de sortir victorieuse des futures élections, sinon contraindre le futur président à ne pas abuser de son pouvoir », assure l’opposant.

« Éviter un nouveau Mali »

Ignore-t-il que son point de vue n’est pas partagé par les partenaires extérieurs de son pays entièrement enclavé et dépendant en grande partie de l’aide internationale ?

Dans un communiqué daté du 19 septembre, l’Union africaine (UA) a demandé à la junte de respecter « la période de dix-huit mois pour l’achèvement de la transition ». Elle a aussi rappelé « sans équivoque qu’aucun membre du Conseil militaire de transition ne pourra être candidat aux élections à la fin de la transition ». L’Union européenne a, elle aussi, fait part de sa « préoccupation » après l’adoption samedi par les délégués du DNIS de prolonger la transition et de permettre au chef de la junte militaire de briguer la présidence.

« Nous avons déjà vu ce que les sanctions, comme la fermeture des frontières ou l’embargo économique et financier ont produit au Mali quand l’armée a fait son deuxième coup d’état en mai de l’année dernière. C’est la population qui a le plus souffert et la junte malienne s’est davantage crispée, au point de rompre ses relations avec des pays traditionnellement très liés au Mali, comme la France. Cette dernière a d’ailleurs été contrainte de retirer ses soldats du pays laissant le Mali à la soldes des groupes jihadistes qui, aujourd’hui, y prennent le contrôle de larges portions du territoire et multiplient les actions de violences. Mettre le Tchad sous sanctions, c’est créer un nouveau Mali multiplié par mille en raison de la tradition des guerres dans le pays et de sa proximité avec des pays fragiles et sensibles, sans parler des risques de jeter le pays dans les bras d’acteurs extérieurs dangereux », avertit l’opposant, en allusion à la situation aux pays voisins comme la Libye, la Centrafrique où le Soudan ou les mercenaires russes de la compagnie privée Wagner sont installés depuis plusieurs années.

RCA : la Chine remet 100 valises médicales à la fondation  »Cri de cœur d’une mère »

Ces kits médicaux sont remis aux différents établissements hospitaliers. Les matériel ont été remis à la fondation Cri de cœur d’une mère, le 28 septembre 2022 à Bangui.

La Chine à travers son ambassade à Bangui a remis 100 valises médicales à la fondation ‘’Cri de cœur d’une mère’’. L’offre a été reçue par la présidente de ladite fondation, Brigitte Touadera. Elle a indiqué que ces dont sont : «???? ??????é? ??? ?????????é? ?? ???? ?? ?’??? ?? ?????è?? ???? ??? ????? ????????? ? ??ç? ?? ?????????? ???? ??????, ?????è?? ???? ?? ?? ???????? ????????? ?? ????? ??? ????? ?????? à ?? ???? ????????? ???? ?? ???????? ??????????????. ??? ???????? ???? é?????? ??????é? ?? ???????? ???????? ???????? à ?? ????é??? ?? ?? ????? ??, à ??????? ?’???????????? ??? ?????è??? ????? ?’??????? ???? ?? ??????????? (????) ???? ???????? ??? ??????, ??? ??????? ?? ??? ?????? ?? ??????? ?? ??? ?? ?? ???????? ?????????????? ?? ??????????? .»

Le chargé d’Affaires de la république de Chine, note que c’est depuis :« le mois de juillet, l’Ambassade de Chine a fourni des valises médicales pour une communauté de santé Chine-Centrafrique au gouvernement et à l’assemblée nationale dans le but d’aider ce pays à améliorer le système de santé publique de base et surtout de faciliter l’accès aux services médicaux de la population centrafricaine dans les zones reculées. Et la fondation cri de cœur d’une mère joue un rôle important dans les activités sociales et promeut toujours la charité en faveur du peuple. C’est pourquoi l’Ambassade de Chine a fait ce don pour encourager ses efforts pour la cause noble. »

RCA : la Cour Constitutionnelle rejette le projet de modification de la constitution

Le projet de modification de la Constitution de la RCA annoncé à grande pompe et soutenu par l’exécutif a été rejeté ce 23 septembre 2022, par la Cour Constitutionnelle.

La cour Constitutionnelle vient de rejeter le projet de modification de la loi fondamentale, alors que le comité de rédaction dudit projet a été mis en place par le président Faustin Archange Touadéra. La juridiction estime que, la procédure est illégale et aucune disposition ne prévoit la transition entre l’ancienne constitution et la nouvelle. Elle ajoute que, la procédure est prématurée car, le parlement n’est pas encore installé au complet surtout à l’absence du SENAT. D’après la cour, ledit comité de rédaction des nouveaux textes est inconstitutionnel.

La décision de la Cour suprême stoppe de fait, le projet de troisième mandat du président en exercice. La modification des textes devait permettre à Faustin Archange Touadera de se présenter pour un troisième mandat.

La décision de la présidente de la Cours Constitutionnelle, Danièle Darlan stoppe ainsi, tous : « recours afin de constat d’impossibilité de l’organisation d’une révision de la constitution ou d’un référendum Constitutionnel et en inconstitutionnalité ».

La Cour constitutionnelle indique que la demande populaire visant la révision ou l’adoption d’une nouvelle constitution n’est pas prévue par la constitution du 30 mars 2016.

Cette décision vient conforter la position du Collectif de la loupe et de la vigilance constitutionnelle, qui se bat contre la modification de la Constitution.

 

Mali : Bazoum prédit le pire pour Ménaka

La dégradation de la sécurité dans le nord du Mali préoccupe le président du Niger, Mohamed Bazoum.Le président du Niger décrit un tableau sombre de la situation sécuritaire dans le nord du Mali. « La situation sécuritaire dans la région de Ménaka s’est totalement dégradée depuis le départ de Barkhane. Depuis la fin du mois de mars, les terroristes ont conquis des territoires encore plus vastes, ont tué des personnes et ont créé une tension entre les communautés comme cela ne s’est jamais passé », déplore Mohamed Bazoum dans un entretien avec France24.

Selon le chef de l’Etat nigérien, la situation est tellement désespérante qu’il n’est pas exclu que le drapeau jihadiste flotte sur « Ménaka ». « C’est probable », a-t-il prédit, convaincu que l’EIGS (ancien nom de l’EIS) compte attaquer Ménaka ».

« Est-ce que ce sera pour y rester ? Ce n’est pas pour y rester ? Ce n’est pas leur mode d’action que de rester dans des localités importantes comme Ménaka. Ils n’ont jamais eu de vocation à administrer quoi que ce soit. Mais ils sont militairement capables d’attaquer Ménaka », ajoute-t-il.

« Les forces armées maliennes seraient à Ménaka, elles y seraient avec leurs supplétifs russes, mais je constate que cela n’a pas empêché que la situation se dégrade davantage », regrette le président nigérien.

En revanche, Mohamed Bazoum ne voit pas le même schéma être déroulé à Gao même s’il reconnaît que les jihadistes « ont réalisé de grandes avancées » autour de cette région.

Du 6 au 8 septembre, l’Etat islamique a occupé Talataye, un village du cercle d’Ansongo, dans la région de Gao. Les jihadistes ont piégé les « frères ennemis » d’Al Qaïda pour atteindre cette localité où ils ont aussi affronté des mouvements Touaregs pro-gouvernementaux. Le bilan des affrontements fait état de plusieurs dizaines de morts de part et d’autre.

Tchad : démission du ministre des Affaires étrangères

Cinq mois après son arrivée au ministère des Affaires étrangères, Chérif Mahamat Zene quitte le gouvernement de transition du Tchad.Chérif Mahamat Zene a remis sa lettre de démission le lundi 19 septembre au président du Conseil militaire de Transition, Mahamat Idriss Deby et au Premier ministre.

Sur son compte Facebook, l’ex chef de la diplomatie tchadienne a expliqué les raisons de son départ du gouvernement dirigé par Albert Pahimi Padacké. « Depuis quelques mois, mon engagement et ma volonté de servir mon pays se trouvent contrariés par des initiatives et actions parallèles de certains membres de votre cabinet et du gouvernement entreprises à mon insu et sur vos instructions. Ces initiatives et interférences répétitives ne visent qu’à entraver l’exercice de mes fonctions et empiéter sur les prérogatives qui sont celles de mon département, telles que définies dans le décret », indique-t-il.

Chérif Mahamat Zene qui occupe la fonction de ministre des Affaires étrangères depuis mai 2022 ajoute : « Devant une situation aussi malsaine que confuse et inacceptable, entretenue à dessein et dépouillant le département que je dirige de toutes ses prérogatives, et me réduisant à un simple figurant, il ne me paraît ni opportun, ni responsable de continuer à occuper mon poste ».

Précédemment ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Cherif Mahamat Zene n’était plus en odeur de sainteté avec son remplaçant Abdraman Kalamoullah, désigné par la « hiérarchie » pour s’adresser au corps diplomatique à propos de l’évolution du dialogue national inclusif et souverain, indiquent des sources locales à APA.

Ouvert le 20 août, le dialogue national inclusif a pour objectif de « réconcilier l’ensemble des Tchadiens » en vue de l’organisation des élections pour le transfert du pouvoir aux civils.

Après le décès du président Idriss Deby Itno en avril 2021 au front face aux rebelles du Front pour l’Alternance et la Concorde (Fact) dans le nord du Tchad, son fils Mahamat Idriss Deby a pris le contrôle du pays et a promis une transition de 18 mois.

Congrès mondial des médias : le programme complet connu

Le Congrès mondial des médias (GMC) prévu du 15 au 17 novembre 2022 à Abu Dhabi, la capitale des Emirats arabes unis, promet de faire salle comble grâce à une « avalanche d’inscriptions » de la part de capitaines d’industrie.Quelque 1200 délégués devraient côtoyer environ 200 PDG de médias et plus de conférenciers de renommée mondiale pour animer une série de séances de réflexion et de débats, dont la ministre zimbabwéenne de l’Information, de la Publicité et de la Radiodiffusion, Monica Mutsvangwa ; Mohammed Jalal Alrayssi, Directeur général de l’Agence de presse émiratie (WAM), et Naji Gouiaa, PDG de MediaCity Mauritius.

Il s’agira également d’une plateforme permettant de présenter des produits indispensables à l’évolution des médias mondiaux, tels que des technologies de pointe, du matériel d’équipement et des outils de médias sociaux.

Au centre des préparatifs frénétiques, son programme laisse déjà entrevoir une série d’événements bien remplis, à commencer par une cérémonie d’ouverture au cours de laquelle seront prononcés des discours qui interrogeront l’état actuel de la scène médiatique mondiale en vue de façonner son paysage futur.

Les organisateurs ont délibérément prévu de faire en sorte que l’événement se déroule sur une plateforme multilingue, ce qui signifie que les discours seront prononcés dans toutes les principales langues du monde, augmentant ainsi son attrait pour un public mondial sans précédent dans l’histoire de l’organisation du congrès.

Il y aura également du temps pour une exposition d’ouverture, des discours principaux expliquant le pouvoir de transformation des médias contemporains, une interface de panel ministériel, une session d’interrogation sur la question de savoir si les médias numériques offrent des possibilités d’investissements futurs, suivie d’autres présentations examinant les tendances d’investissement dans le secteur et la manière dont elles affecteront son paysage, les avantages pour les entreprises et la question de savoir si les grandes entreprises technologiques en Europe devraient être obligées de payer pour le contenu.

Une session mettant l’accent sur l’Amérique du Nord se penchera sur la question de savoir si les régulateurs peuvent suivre le rythme de l’évolution des médias physiques vers les médias virtuels, tandis qu’une présentation sur l’avenir des actualités et des analyses sur la façon dont l’intelligence artificielle (IA), l’apprentissage automatique et l’automatisation transformeront les actualités vont couronner la première journée du congrès.

La deuxième journée s’ouvrira sur l’étude par les participants de l’évolution des défis liés à l’exploitation des innovations technologiques pour lutter contre la diffusion de fausses informations et encourager l’unité sous la bannière de la Journée mondiale de la tolérance.

Les sessions suivantes aborderont les questions relatives à la dynamique des groupes de réflexion sur les médias à l’ère de l’information numérique, et examineront les médias sociaux et la consommation au Moyen-Orient et en Afrique, en faisant le point sur la façon dont ils ont transformé le paysage médiatique dans cette région.

Les discussions porteront également sur la manière dont l’essor des capsules a modifié le secteur des médias, sur l’Asie et sur la question de savoir si les services de streaming constituent un marché encombré ou s’il y a encore de la place pour d’autres.

Au cours de la deuxième journée, les participants échangeront leurs points de vue sur l’économie des créateurs, sa genèse, qui la finance et qui contrôle sa production.

Il y aura également une présentation sur le ESport avant que la journée ne se termine par un panel sur les Objectifs de développement durable (OMD) en référence aux médias mondiaux.

La troisième et dernière journée, le 17 novembre 2022, s’ouvrira par un discours-programme soulignant l’importance d’un design inclusif et le rôle des préjugés cognitifs dans la conception des médias sociaux, qui sera suivi d’une présentation sur la diversité et l’inclusion à l’ère numérique : « Les femmes dans les médias ».

La conférence mettra également l’accent sur la psychologie des consommateurs en examinant les tendances les plus récentes et les prévisions futures en matière de consommation de médias, en se focalisant sur l’Amérique latine, avant un débat sur la grande déperdition dans le secteur des médias, sur la question de savoir si les entreprises de médias devraient être responsables des commentaires sur les réseaux sociaux et sur les présentations visant à séduire les consommateurs dans un monde aux choix infinis.

« Le journalisme d’influence : Une nécessité ou de l’autopromotion ? » sera le thème d’une table ronde, qui sera suivie par une session de clôture sur le thème « Amplifier les voix minoritaires à travers le monde pour une narration précise ».

Climat: l’Afrique a besoin de nouveaux financements (rapport)

Les pays africains pourraient perdre 50 milliards de dollars par an d’ici à 2030 à cause du changement climatique, alerte l’Organisation météorologique mondiale (OMM).L’Afrique ne représente que 2 à 3 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre mais a payé cher le fait que le continent se soit réchauffé plus vite que la moyenne mondiale. Des financements urgents sont nécessaires pour ralentir les effets du phénomène actuel du changement climatique, a averti jeudi un rapport de l’Organisation météorologique mondiale (OMM) des Nations unies.

Dans le document intitulé « état du climat en Afrique 2021 », l’agence onusienne écrit que l’année dernière, l’Afrique a été l’un des quatre endroits les plus chauds jamais enregistrés.

« C’est pourquoi, les pays africains demandent aux nations riches et polluantes de consacrer davantage d’argent aux projets d’adaptation sur le continent », ajoute le rapport, demandant également des compensations pour les pertes liées au changement climatique, des sujets qui devraient être au cœur de la 27e Conférence des parties (COP27), le sommet des Nations unies sur le climat qui se tiendra en Égypte en novembre 2022 et qui est surnommé « la COP africaine ».

L’OMM a déclaré qu’il est crucial d’investir davantage dans l’adaptation au changement climatique car ses effets pourraient coûter aux nations africaines 50 milliards de dollars par an d’ici à 2030, les sécheresses et les inondations constituant la principale préoccupation.

En Afrique, le niveau des mers a déjà augmenté d’un millimètre par an de plus que la moyenne mondiale, ce qui aggrave la menace de graves inondations côtières, selon le rapport.

Il fait référence à des régimes pluviaux de plus en plus perturbés qui ont entraîné la pire sécheresse qu’ait connue la Corne de l’Afrique depuis plus de 40 ans, « et à des inondations dévastatrices qui frappent souvent d’autres parties du continent ».

L’année dernière, le Soudan du Sud a enregistré ses pires inondations depuis 60 ans, avec plus de 800.000 personnes touchées, tandis que le Tchad a connu cette année les précipitations les plus importantes depuis plus de 30 ans. De nombreux pays d’Afrique centrale et occidentale sont aussi touchés par les inondations.

Les scientifiques ont déclaré que la chaleur extrême et les fortes précipitations ont été aggravées par le changement climatique causé par l’homme et que leur gravité et leur fréquence ne feront qu’augmenter avec le réchauffement de la planète.

Pour améliorer la résilience des pays africains, « il est impératif que le continent accélère ses efforts pour mettre en place de solides systèmes régionaux et nationaux d’alerte précoce et des services climatiques », a affirmé le secrétaire général de l’Organisation météorologique mondiale (OMM), Petteri Taalas.

Le Maroc accueille le 1er Forum des régions d’Afrique

La rencontre va concrétiser la mise en œuvre des décisions de la 8e édition du Sommet Africités organisée à Marrakech en novembre 2018.Du 08 au 10 septembre 2022, aura lieu à Saïdia (Maroc), dans la région de l’Oriental, la première édition du Forum des Régions d’Afrique (FORAF).

Ce Forum, placé sous le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, est organisé par Cités et Gouvernements Locaux Unis d’Afrique (CGLU Afrique), en collaboration avec l’Association des Régions du Maroc (ARM), le Conseil de la région de l’Oriental (CRO) et la Direction Générale des Collectivités Territoriales (DGCT) du Ministère de l’Intérieur du Royaume du Maroc.

Cette rencontre, qui a pour thème « La contribution des Collectivités Régionales au développement durable et à la dynamique d’intégration de l’Afrique », est une concrétisation de la mise en œuvre des décisions prises par l’Assemblée Générale de CGLU Afrique lors de la 8ème édition du Sommet Africités, tenue à Marrakech en novembre 2018, explique Madame Fatimetou Abdel Malick, présidente de CGLU Afrique.

« Le lancement du FORAF est une étape importante dans le processus d’intégration de l’Afrique, un grand pas vers l’émergence de l’Afrique des Peuples », a-t-elle dit dans un communiqué transmis à APA.

L’évènement réunira, pour la première fois, les présidents (e)s des Régions, Comtés, États fédérés de plus de 20 pays africains qui ont un deuxième niveau de collectivités territoriales décentralisées tels que le Nigeria, l’Afrique du Sud, le Burkina Faso, le Cameroun, la Côte d’Ivoire, le Kenya, Madagascar, le Mali, le Niger, etc.

Plus de 400 participants (e)s vont discuter du rôle des Gouvernements régionaux dans la définition et la mise en œuvre des stratégies de développement et d’intégration, des missions des gouvernements régionaux parmi lesquelles, le développement économique, social et culturel des territoires ; l’équipement, l’attractivité et la compétitivité des territoires.

L’adaptation au changement climatique, la durabilité et la résilience des territoires ; et la contribution des territoires à l’atteinte des Objectifs de développement durable seront aussi abordées.

RCA : le Premier ministre accorde une audience à un émissaire de Banque mondiale

L’Administrateur de l’institution de Breton Woods, Alphonse Ibi Kouagou, a été reçu en audience le 05 septembre 2022, par le Premier ministre centrafricain, Felix Moloua.

Les bonnes relations entre la RCA et la banque mondiale ont été au centre de l’audience qu’a entre le Premier ministre chef du gouvernement Felix Moloua et l’administrateur de la banque mondiale, Alphonse Ibi Kouagou en séjour de travail à Bangui.

En charge de 23 pays au conseil d’administration de l’institution financière internationale, sieur Kouagou a apprécié : « les réformes faites par les autorités centrafricaines depuis la dernière visite de l’administrateur suppléant… »

Pour son séjour dans le pays de Faustin Archange Touadéra, l’administrateur rencontrera plusieurs membres du gouvernement centrafricain et se rendra sur les sites de certaines réalisations financées par la Banque mondiale.

Le dialogue national tchadien a des enjeux africains (analyste)

Expert de la géopolitique du Sahel et de l’Afrique, le journaliste nigérien Seidik Abba analyse pour APA les enjeux du dialogue national tchadien lancé le 20 août dernier mais temporairement suspendu à cause de certains désaccords.Deux semaines après son ouverture, le dialogue national inclusif tchadien est momentanément suspendu. Qu’est-ce qui motive cette décision ?

On peut évoquer plusieurs facteurs pour expliquer cette suspension. Il y a d’abord la volonté des autorités de donner une chance au caractère encore plus inclusif du dialogue. Outre les mouvements politico-militaires, il y a une partie de la classe politique, au premier rang de laquelle les Transformateurs de Succès Masra, qui ne participe pas au dialogue. Il en est de même pour une partie de la société civile, à l’image du collectif Wakit Tama. Avec ces absences, il y a le risque que le dialogue n’ait pas le caractère inclusif souhaité en vue d’obtenir un consensus plus large possible sur les décisions qui sortiront. Les autorités ont estimé qu’il fallait donner une dernière chance aux tractations avec les parties qui ne sont pas présentes. Les facilitateurs qataris étaient à N’Djamena. Ils ont rencontré certains dirigeants politiques et de la société civile dans le but de les persuader. L’espoir n’est pas perdu. Beaucoup regardent aussi du côté de la France pour savoir si elle peut contribuer à une plus large participation. Donc, les tractations se poursuivent pendant cette période de suspension.

L’autre raison est de permettre à tout le monde de prendre connaissance le plus largement possible des projets de textes qui ont été préparés pour la discussion. Des tractations sont également en cours avec les rebelles du Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (Fact) pour les convaincre de participer au dialogue. Le Fact a posé un certain nombre de préalables, notamment la libération des personnes détenues, une amnistie des garanties. Il a estimé que tout cela n’a pas été pris en compte et qu’il ne pouvait pas participer. Mais des médiations sont en cours. La suspension vise justement à favoriser les derniers obstacles et réticences pour que le dialogue reprenne de plus belle et qu’il soit le plus consensuel et le plus inclusif. C’est quand même la première fois dans l’histoire politique du Tchad qu’on a un dialogue aussi large que celui-là, avec un caractère souverain et des décisions qui devraient être totalement exécutoires.

Pourquoi la nomination d’un comité ad hoc pour faciliter la participation de toutes les composantes de la société tchadienne au dialogue a provoqué le retrait de certaines organisations ?

Ce retrait symbolise la difficulté de la classe politique tchadienne. Au moment où on cherche à élargir, d’autres se sont retirés. Ils estiment avoir déjà fait preuve de bonne volonté en venant au dialogue et ne voient pas d’un bon œil le fait d’aller supplier les absents. Tout cela démontre l’absence de sérénité dans laquelle les choses se font. C’est surtout cette volonté de concession qui a heurté un certain nombre d’acteurs. A mon avis, ce n’est pas la meilleure façon de favoriser le dialogue. Mais avec les tractations en cours, avec la volonté des uns et des autres, tout le monde pourrait être amené à reconsidérer sa position. A partir du moment où on est déjà présent à N’Djamena, c’est qu’on a accepté l’idée de dialogue.

Le dialogue se tient avec une quarantaine de groupes politico-militaires, mais sans le Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (Fact), responsable de la mort du président Idriss Deby. Cette absence remet-elle en cause la crédibilité des discussions ?

Le Fact, un des plus grands mouvements politico-militaires au Tchad, a choisi de s’absenter parce qu’il estime que les conditions préalables qu’il a posées ne sont pas respectées. Il s’agit entre autres de la libération de détenus politiques, la création d’un cadre serein pour l’ouverture et la tenue du dialogue, des garanties de sécurité, etc. C’est clair que c’est un élément important, qu’il aurait été plus correct que le Fact soit présent à la discussion. Mais cette absence n’invalide pas le dialogue. Si ce dernier obtient de bons résultats, l’absence du Fact pourrait se retourner contre lui. Le boycott est toujours une arme à double tranchant. Aujourd’hui, l’enjeu c’est le résultat du dialogue. Si au terme, on réussit à trouver un consensus sur la tenue d’élections libres, transparentes et démocratiques, sur la structure chargée de les organiser et sur une nouvelle Constitution, le Fact pourrait être le grand perdant. Pour cette raison, il faut être présent pour pouvoir faire changer les choses. Puisqu’il était entendu qu’il n’y a pas de tabou, tout pourrait être mis sur la table et discuté. La bonne méthode aurait été de venir et de voir comment créer le rapport de force. De mon point de vue, il n’y a pas de risque que la crédibilité des décisions soit affectée par l’absence du Fact, à condition qu’elles soient bonnes. S’il y a un consensus sur les principaux enjeux (élection présidentielle, libération de détenus, …), les gens ne se soucieront pas tellement de la non-participation d’une entité (quelle que soit sa dimension).

Avant l’ouverture du dialogue, le président en exercice de l’Union africaine (UA), le Sénégalais Macky Sall, a rencontré le président de la transition tchadien à N’Djamena. Quelles devraient être les retombées de cette visite ?

En sa qualité de président en exercice de l’Union africaine, le président Macky Sall était à N’Djamena, à la veille de l’ouverture du dialogue, pour encourager les parties tchadiennes et soutenir la démarche. Il est important que les Tchadiens sentent qu’ils sont soutenus dans leur démarche par l’Afrique d’abord, ensuite par la communauté internationale. Le président Macky Sall, en sa qualité de président en exercice de l’Union africaine, est venu l’exprimer. Le Tchad est quand même un pilier de la question sécuritaire au Sahel et dans le bassin du Lac Tchad. Toute approche qui viserait à encourager le dialogue et la solution négociée entre les parties tchadiennes ne peut que profiter à la stabilité de l’Afrique et de la sous-région. Le Tchad est engagé dans la lutte contre Boko Haram et les autres groupes terroristes au Sahel occidental, notamment dans la zone des trois frontières. Les soldats tchadiens y sont déployés en soutien au Niger et au Burkina Faso. Donc, il est important que le président Macky Sall vienne encourager les parties tchadiennes et les aider à convaincre les réticences qu’il peut y avoir par rapport au dialogue.

Ses enjeux dépassent largement le cadre tchadien et sous-régional, notamment le bassin du Lac Tchad, pour concerner toute l’Afrique de l’ouest. A partir du moment où ça implique la stabilité de tout le continent, c’est important que le président en exercice de l’Union africaine vienne dire aux parties tchadiennes que « l’Afrique vous regarde, l’Afrique est avec vous ».