Mali : libération d’un Thaïlandais après le versement d’une rançon

Après 25 jours de captivité au Mali, un chirurgien plasticien de nationalité thaïlandaise a été libéré contre versement d’une rançon.Le Thaïlandais Nopparat Rattananawaraha est un homme libre. Le chirurgien plasticien et Youtubeur avait été enlevé dans la ville malienne de Kemparana, dans le cercle de San, près de la frontière avec le Burkina Faso.

Selon le porte-parole du ministère thaïlandais des Affaires étrangères, Dr Rattanawaraha a été relâché après le paiement d’une rançon de 5,5 millions de bahts (150.000 dollars). Aucun groupe n’a revendiqué son enlèvement mais la région où il a été kidnappé est la zone d’influence du Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (GSIM), proche d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI).

Arrivé au Mali le 28 septembre dernier, le célèbre Youtubeur n’avait plus donné de ses nouvelles. Sa famille a alors contacté l’ambassade de Thaïlande à Dakar, au Sénégal.

Sur son compte Instagram, le chirurgien qui a posté plusieurs photos de lui au Burkina Faso, s’est aussi excusé auprès de sa communauté. Il affirme être en sécurité. Contacté par APA, le chirurgien plasticien n’a pas réagi.

Enlevée en avril dernier dans le nord du Burkina Faso, une religieuse américaine a été libérée et récupérée au Niger par les forces armées de son pays.

Depuis plus d’une décennie, le Sahel central regroupant le Mali, le Niger et le Burkina Faso est le théâtre d’une insurrection en lien avec l’activité de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda ou à l’Etat islamique. Cette crise sécuritaire a causé la mort de plusieurs milliers de personnes et le déplacement de millions d’autres.

Burkina : 10 soldats tués et une cinquantaine de blessés dans une attaque jihadiste

Les groupes armés non étatiques continuent de faire des victimes dans les rangs de l’armée Burkinabè. »Des hommes armés ont attaqué la ville de Djibo, lundi 24 octobre 2022, vers 4:30. Aucun bilan disponible », alertent des sources concordantes, sans aucune précision. D’autres font état « d’attaques complexes contre des positions de l’armée à Djibo » dont le « bilan serait alarmant ».

En début de soirée, l’armée informe que c’est la base du 14e Régiment interarmes (RIA) de Djibo, dans le nord du pays, qui a fait face à une attaque jihadiste.

« Le bilan provisoire établi fait état de 10 militaires tombés au cours des combats et d’une cinquantaine de blessés qui ont été pris en charge », précise le Chef d’état-major général des armées.

Il ajoute que les éléments du 14e RIA ont « vaillamment » riposté aux assaillants, venus « en nombre important ». Des renforts aériens ont été déployés.

« Au moins 18 corps de terroristes ont dénombrés au cours des opérations de ratissage », peut-on lire dans la note officielle.

La ville de Djibo est assiégée par des jihadistes appartenant à la branche locale du Groupe de soutien  à l’Islam et aux Musulmans (GSIM) lié à Al Qaida au Maghreb islamique (Aqmi), la rendant inaccessible. 

Fin septembre 2022, un convoi humanitaire en route pour Djibo avait été la cible d’une attaque terroriste. Cette attaque, revendiquée par le Gsim, a officiellement fait 37 victimes, dont 27 militaires. 70 conducteurs de camions sont comptés disparus, selon leur syndicat. La même attaque avait précipité la chute la chute du lieutenant-colonel Paul-Henri Damiba et le « couronnement » du capitaine Ibrahim Traoré, nouvel homme fort du pays.

Depuis 2015, le Burkina Faso fait face des exactions des groupes armés terroristes.

Burkina : Recrutement de 15 000 volontaires pour lutter contre le terrorisme

A la suite de militaires de rang, le l’armée burkinabè lance le recrutement de supplétifs civils.Le capitaine Ibrahim Traoré, officiellement investi Président de la Transition, met en place sa stratégie de lutte contre les groupes armés non étatiques.

Le pays a lancé le recrutement de 15 000 Volontaires pour la défense de la patrie (VDP), dans un communiqué signé, lundi 24 octobre 2022, par le commandant de la Brigade de veille pour la défense patriotique (BVDP), le Colonel Boukari Zoungrana.

Ce recrutement s’inscrit « dans le cadre de la mobilisation populaire de défense du territoire national contre le terrorisme », précise la note consultée par APAnews.

Les candidats doivent être Burkinabè, « patriote de bonne moralité » et avoir 18 ans et plus. Ils doivent aussi postuler avant le 04 novembre prochain. Les nouvelles recrues « prendront part aux opérations militaires sur le théâtre national », précise le colonel Zoungrana.

L’annonce intervient, moins de 10 jours, après le lancement de recrutement de 3 000 militaires de rang au profit des forces armées nationales.

Un officier à confié à APAnews que cette campagne de recrutement entre dans le cadre de la nouvelle stratégie de lutte contre le terrorisme du capitaine Ibrahim Traoré. Celle-ci est peaufinée autour de la Force spéciale anti-terroriste (FORSAT), basée sur une remobilisation de toutes les forces combattantes, notamment des Volontaires. « Ils seront désormais mieux formés (02 à 04 semaines de formation militaire), mieux équipés, mieux organisés et mieux payés », assure-il.

Vendredi dernier, le président Traoré avait reçu à la Primature, son quartier général, le commandement militaire à qui il avait fait part de sa nouvelle vision de lutte contre les groupes armés terroristes.

Les VDP ont été créés en novembre 2019, par le président Roch Kaboré, dans un contexte de recrudescence des attaques terroristes. En septembre 2022, la loi portant création des auxiliaires des forces de défense a été modifiée, en vue de mieux prendre en charge leurs préoccupations.

Depuis 2015, le Burkina fait face à une insurrection terroriste, qui a causé des milliers de victimes et entraîne le déplacement de près de 2 millions de personnes.

Au forum de Dakar, Macky Sall appelle l’Onu à servir les intérêts de tous

Pour le président de la République du Sénégal, l’inertie du Conseil de sécurité dans la lutte contre le terrorisme porte en elle-même la défaillance du système multilatéral.« Le terrorisme qui gagne du terrain sur le continent n’est pas qu’une affaire africaine. C’est une menace globale qui relève de la responsabilité première du Conseil de Sécurité qui est garant du mécanisme de sécurité collective en vertu de la Charte des Nations unies ». C’est par ces mots que le président de la République du Sénégal, Macky Sall, a réitéré son appel pour une implication plus importante des puissances du monde dans la guerre contre les groupes jihadistes.

A en croire le chef de l’Etat sénégalais, les opérations classiques de maintien de la paix ont montré leurs limites. Présidant, lundi, l’ouverture de la 8e édition du Forum international sur la paix et la sécurité à Diamniadio, dans la périphérie de Dakar, il a relevé le fait que des casques bleus, attaqués jusque dans leurs bases sans moyens significatifs de riposte, ne peuvent pas protéger des populations menacées par des terroristes.

« C’est pourquoi, a-t-il dit, nous devons changer en toute vérité la doctrine des opérations de paix qu’il convient de mettre à jour en intégrant clairement la lutte contre le terrorisme y compris en Afrique dans cette nouvelle philosophie des Nations unies ».

Macky Sall est en effet convaincu que « l’inertie du Conseil de Sécurité dans la lutte contre le terrorisme porte en elle-même la défaillance du système multilatéral ». « Pour inspirer confiance et adhésion, il doit servir les intérêts de tous. Autrement, il continuera de susciter la méfiance des uns, la défiance des autres et il finira par perdre la crédibilité et la légitimité attachée à son autorité », a-t-il soutenu.

Pour y arriver, le président en exercice de l’Union africaine compte sur le Conseil consultatif de haut niveau sur le multilatéralisme efficace mis en place par le Secrétaire Général des Nations Unies, Antonio Guterres. Il espère que celui-ci « sera œuvre utile en examinant des problématiques majeures telles que la paix, la sécurité, le climat, l’architecture financière internationale et l’espace numérique entre autres ».

Cette année, le Forum international de Dakar sur la paix et la sécurité est placée sous le thème « L’Afrique à l’épreuve des chocs exogenes: défis de stabilité et de souverainté » et accueille des délégations de 33 pays. 

Niger : quatorze personnes tuées près de la frontière malienne

Les attaques de jihadistes présumés ressurgissent à Tillabéri, à l’ouest du Niger, après plusieurs mois d’accalmie.Le Niger renoue avec les violences meurtrières attribuées aux djihadistes. Ce lundi 24 octobre trois policiers ont été tués après une attaque menée « tôt ce matin » par des « individus armés non identifiés ». L’assaut a visé le poste de police de Tamou, à Tillabéri (ouest), a appris APA de sources concordantes.

Dans cette même région proche de la frontière malienne, onze civils transportant des vivres à Tillabéri (ouest) ont été interceptés et massacrés, samedi 22 octobre, par de présumés jihadistes. « Trois camions ont été interceptés samedi vers 11 heures par des hommes armés et les neuf membres à bord ont été tous assassinés. Deux autres personnes sur une moto ont également été tuées », affirme un responsable municipal de Banibangou, la commune où les attaques ont eu lieu.

Ce dernier, cité par l’Agence France-Presse (AFP), explique que les camions ont été attaqués sur une route sablonneuse et déserte entre la ville de Banibangou et la localité de Tizigorou, près de la frontière avec le Mali. L’un des camions venait de quitter Banibangou, où il avait livré, la veille, du ciment à des entrepreneurs, a précisé la source.

Immense et instable région d’une superficie de 100.000 km2, Tillabéri se situe dans la zone dite « des trois frontières », aux confins du Burkina Faso et du Mali, d’autres pays sahéliens confrontés aux violences djihadistes. Depuis 2017, elle est le théâtre d’actions sanglantes d’insurgés liés à Al-Qaïda ou au groupe Etat islamique (EI), dont la branche sahélienne avait tué en 2017 trois bérets verts de l’armée américaine.

Ces derniers mois, le calme était revenu dans la région. Mais en 2021, des djihadistes présumés y avaient multiplié les assauts particulièrement sanglants contre des civils dans leurs villages et dans leurs champs.

En réponse, les autorités nigériennes ont lancé de vastes opérations à proximité de la frontière avec le Mali, avec l’appui récent, dans le cadre d’un « partenariat de combat », de 250 soldats français. Après son retrait du Mali en effet, la force Barkhane s’est repositionnée sur cette même zone frontalière pour poursuivre sa lutte contre les groupes terroristes.

Il urge de rendre opérationnelle la force africaine en attente (Macky Sall)

Le continent noir doit d’abord compter sur ses propres moyens pour garantir sa sécurité, selon le président Macky Sall.Face au jihadisme et à l’insécurité qui gangrène l’Afrique, les réponses doivent être d’abord endogènes. Pour cela, « il urge de rendre opérationnelle la force africaine en attente et de financer de façon plus adéquate le Fonds de paix de l’union africaine », a déclaré, lundi à Diamniadio, à 30 kilometres de Dakar, le chef de l’Etat sénégalais, Macky Sall, également président en exercice de l’Union africaine.

Le chef de l’exécutif sénégalais estime en effet que l’Afrique ne peut pas toujours compter sur le financement extérieur pour assurer sa sécurité et bâtir une architecture de paix. C’est pourquoi, « il faut d’abord que nous fassions des efforts internes avant de demander l’aide des autres », a-t-il soutenu, « convaincu » que l’Afrique a encore quelques capacités pour mobiliser un minimum de ressources pour financer la paix sur le continent.

Macky Sall présidait l’ouverture de la 8e édition du Forum international de Dakar sur la paix et la sécurité dont le thème est : « L’Afrique à l’épreuve des chocs exogènes : défis de stabilité et de souverainetés ». 

Umaro Sissoco Embalo en voyage en Russie et en Ukraine

Le président en exercice de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de la Cédéao est attendu à Moscou et à Kiev.Alors que s’ouvre ce lundi 24 octobre la 8e édition du Forum international de Dakar sur la paix et la sécurité en Afrique, le chef de l’État bissau-guinéen et président en exercice de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) s’envole pour Moscou.

Umaro Sissoco Embalo va s’entretenir avec son homologue russe, Vladimir Poutine, dont le pays est en guerre depuis février dernier avec son voisin de l’Ouest, l’Ukraine. « Je vais ce lundi en Russie. Je serai avec le président Vladimir Poutine. Je lui apporte un message de paix. Je lui dirai qu’il est nécessaire de parler avec son frère (Volodymyr) Zelensky », a-t-il affirmé sur Radio France Internationale (RFI).

Umaro Sissoco Embalo sera le deuxième président africain à discuter avec Vladimir Poutine depuis le début du conflit russo-ukrainien. Le 3 juin dernier, le chef de l’État sénégalais, par ailleurs président en exercice de l’Union Africaine (UA), a été reçu à Sotchi par le président russe. Au sortir de cette entrevue, Macky Sall avait obtenu du Kremlin la libération des stocks de céréales bloqués dans les ports ukrainiens. 

La visite du président Embalo à Moscou ce lundi s’inscrit dans cette dynamique. Mais elle intervient après l’adoption d’une nouvelle résolution des Nations Unies contre l’annexion de quatre régions ukrainiennes par la Russie. La majorité des pays africains, précisément 26 dont 11 situés en Afrique de l’Ouest, ont voté en faveur de cette résolution alors que 19 se sont abstenus.

Après son séjour en Russie, le président bissau-guinéen est attendu à Kiev pour y rencontrer le président Volodymyr Zelensky. En visite au Sénégal, le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dymytro Kuleba, a déclaré que son pays travaillait à une visite du président de l’UA en Ukraine.

A Dakar, l’Afrique discute de son avenir

Des centaines d’experts discuteront les 24 et 25 octobre à Dakar des voies et moyens pour l’Afrique de faire face aux « chocs exogènes ».Plus que quelques heures pour l’ouverture au Centre International de Conférence Abdou Diouf (CICAD) de Diamniadio, dans la périphérie de Dakar, de la 8e édition du Forum International sur la Paix et la Sécurité sous la présidence du chef de l’Etat Sénégalais, Macky Sall accompagné de plusieurs de ses homologues africains.

Le ministère des Affaires étrangères attend des délégations en provenance de 33 pays.

Cette rencontre « informelle » de deux jours, les 24 et 25 octobre, qui met en avant les échanges entre décideurs et experts de « divers horizons » est placée cette année sous le thème : « L’Afrique à l’épreuve des chocs exogènes : défis de stabilité et de souveraineté ».

Face à la presse mercredi, le Général Mbaye Cissé, président du Comité d’organisation a assuré que « tout est fin prêt », expliquant que le thème met en avant deux préoccupations majeures : la récurrence des chocs exogènes, à savoir les bouleversants mondiaux de ces dernières années qui ont pour noms Coronavirus et la guerre russo-ukrainiennes et leur impact négatif sur les économies africaines déjà très éprouvées par une crise sécuritaire. Plusieurs Etats africains ont perdu des pans entiers de leurs territoires au profit d’insurgés islamistes liés à des organisations jihadistes internationales telles qu’Al-Qaida ou l’Etat islamique.

Pour le Général Mbaye Cissé, « il est urgent que les Etats Africains inversent la tendance en réduisant leur niveau de dépendance vis-à-vis de l’extérieur pour assoir une résilience durable ».

Le Forum de Dakar servira de tribune pour les leaders du continent de faire entendre à nouveau la voix de l’Afrique. Au plus fort de la crise russo-ukrainienne, Macky Sall avait, en sa qualité de président de l’Union africaine rencontré son homologue russe, Vladimir Poutine.

A l’issue de cet entretien, le chef de l’Etat sénégalais avait obtenu du Kremlin la « libération » des stocks de blés bloqués aux ports d’Ukraine en raison de la guerre entre la Russie et l’Ukraine. L’urgence était pour Macky Sall, d’éviter une crise alimentaire sans précédent en Afrique.

La rencontre de Dakar ne saurait non plus passer sous silence la récurrence des Coups d’Etats en Afrique de l’Ouest. En cinq ans, cinq putschs ont été enregistrés dans trois pays de cette région du continent africain. Ces crises institutionnelles ont mis à rude épreuve des acquis démocratiques et affaibli la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) en ce qu’elle a eu du mal à faire entendre raison aux putschistes pour un retour à l’ordre constitutionnel dans un délai raisonnable. 

Mali : le parlement valide la militarisation de la police

Le Conseil National de Transition (CNT) a adopté, jeudi, à l’unanimité le projet de loi portant sur la militarisation de la police et de la protection civile.La réforme est passée comme une lettre à la poste. Les membres du Conseil National de Transition du Mali, l’organe législatif qui remplace l’Assemblée nationale au cours de la période de transition, ont adopté sans aucune opposition le projet de loi portant sur la militarisation de la police et de la protection civile. La police devient ainsi un nouveau corps militaire et ses membres vont désormais suivre les mêmes formations que les soldats. Pour le pouvoir militaire de Bamako, l’enjeu est de renforcer la lutte contre le terrorisme qui mine ce pays d’Afrique de l’Ouest.

Selon le texte validé, les policiers vont devoir assurer de nouvelles missions sur le terrain. Ils seront notamment chargés de la sécurité des populations et de leurs biens, mais également de la sécurisation et le retour de l’administration malienne dans de nombreuses localités de l’intérieur du pays qu’elle a désertées. Ils vont également perdre le droit de grève et de revendication.

Dans un communiqué diffusé le 18 octobre, la Synergie des syndicats de la police nationale malienne regrette que l’adoption de ce projet « n’ait pas fait l’objet d’une concertation préalable ». Les syndicalistes estiment que si ce changement de statut « émane du peuple, ce même peuple demandera la démilitarisation un jour car, la démocratie ne rime pas avec une police militarisée ».

Cette position est bottée en touche par le président de la commission administration territoriale, culte et réconciliation nationale du CNT, Dr Coulibaly Youssouf Z, qui affirme que « la loi sur la militarisation de la police nationale au Mali est un grand pas vers la discipline et la fin de l’anarchie syndicale ».

Somalie : impact mitigé des sanctions américaines contre « al-Shabab »

Le groupe jihadiste somalien « al-Shabab », affilié à Al-Qaïda, est sous le coup de sanctions américaines.Les Etats-Unis veulent être impitoyables avec le groupe jihadiste somalien Harakat al Chabab al Moujahidin (Mouvement des jeunes combattants), plus connu sous le nom d’al-Shabab. Le Bureau de contrôle des avoirs étrangers (OFAC, sigle anglais) et le Département d’Etat américains ont sanctionné lundi 17 octobre une dizaine de personnes liées à cette organisation créée en 2006 et affiliée à Al-Qaïda depuis 2010.

Le Trésor américain cible neuf personnes de l’aile financière et des personnes impliquées dans des opérations de contrebande d’armes, tandis que le Département d’Etat tient dans son viseur cinq hauts fonctionnaires du groupe. La mesure vise à affaiblir financièrement cette organisation jihadiste qui gagnerait entre 50 et 100 millions de dollars par an, faisant d’elle la branche d’Al-Qaïda la plus riche.

Une économie de guerre diversifiée

Selon une note de suivi d’Amanar Advisor, un cabinet en intelligence stratégique et de veille sur le Sahel basé à Strasbourg, en France, « le groupe est structuré avec différents ministères, dont celui des finances disposant d’un budget estimé à 80 millions de dollars en 2022 ».

« Al-Shabab tire ses revenus de l’économie légale, notamment de la contrebande de charbon, de minerais, d’ivoire, d’armes et de munitions ainsi que de rançons des attaques de bateau », soutient Amanar Advisor.

« A ces ressources s’ajoutent la fiscalité imposée sous forme d’impôt religieux faussement appelé zakat et les impôts versés par les entreprises qui sont installées dans les zones d’évolution du groupe armée jihadiste », souligne la note de suivi d’Amanar Advisor, précisant que « ces sommes sont estimées à environ 2,5% du budget total du mouvement ».

« L’argent récolté est utilisé pour payer des salaires mais aussi pour couvrir les frais de fonctionnement pour maintenir les capacités de combat et de prosélytisme », explique Amanar Advisor. C’est dire toute l’importance et la place des finances dans le fonctionnement du mouvement jihadiste somalien compterait dans ses rangs entre 5000 et 9000 combattants.

Pour autant, il n’est pas sûr que les sanctions du Trésor et du Département d’Etat américains soient aussi efficaces que ne l’espèrent leurs auteurs. « Malgré des sanctions internationales et des modifications des interdictions par les instances internationales, le mouvement ne semble pas avoir été affecté massivement par ces sanctions », temporise la note de suivi d’Amanar Advisor, citant en exemple les « dispositions de l’Onu contre le trafic de charbon qui n’ont baissé que de 10 millions de dollars, les revenus estimés entre 38 et 56 millions de dollars, avant les sanctions ».

Quel impact des sanctions américaines ?

Pour un impact plus soutenu, les Américains ont ciblé les avoirs à l’étranger de hauts cadres et des intermédiaires ayant développé des liens étroits avec la direction d’al-Shabab. Parmi eux, figurent Abdullahi Jeeri (Jeeri), Khalif Adale (Adale), Hassane Afgooy, Abdikarim Hussein Gagaale, Abdi Samad et Abdirahman Nurey.

Mais pour le cabinet Amanar Advisor, « les membres et sympathisants d’Al-Shabab qui vivent en Somalie ne sont peu, voire pas impactés par les sanctions » tout simplement « parce qu’ils ne voyagent pas à l’étranger et préfèrent les numéraires et le recours au système Hawala plutôt qu’au système bancaire classique ». Ce qui fait dire au cabinet français que « les dernières sanctions annoncées par les Etats-Unis sont du domaine du symbole et à intégrer dans la stratégie actuellement déployée sur le terrain ».

Cependant, cette force de frappe financière d’al-Shabab qui lui permet de soutenir l’échelon central d’Al-Qaïda « est à double tranchant pour le mouvement jihadiste international à une période où la succession d’al-Zawahiri est toujours en cours ». Successeur du Saoudien Oussama Ben Laden, tué en mai 2011 au Pakistan, l’Egyptien Aymen al-Zawahiri a été éliminé le 31 juillet dernier par un drone de la CIA en Afghanistan, de nouveau sous le contrôle des Taliban (étudiants, en arabe), 20 ans après leur chute provoquée par les attentats du 11 septembre 2001. Amanar Advisor estime que « le mouvement al-Shabab est en mesure de devenir un groupe autonome si les nouvelles orientations d’Al-Qaïda ne lui conviennent pas ».

Le chercheur américain Celeb Weiss, spécialiste d’al-Shabab, écrit sur Longwarjournal que « malgré quelques revers ces dernières années, al-Shabab continue également d’être l’une des branches les plus efficaces d’Al-Qaïda sur le terrain. Il maintient un contrôle significatif sur une grande partie du sud de la Somalie et conserve la capacité de frapper à Mogadiscio, au Kenya ».

Le Fact réagit aux manifestations en cours au Tchad

Le Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (Fact) condamne les tueries de manifestants survenues ce jeudi dans ce pays d’Afrique centrale.Les réactions se multiplient après la mort de plusieurs manifestants ce jeudi dans la capitale tchadienne, N’Djamena, et à Moundou, la deuxième plus grande ville du pays. Après l’Union africaine et le ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères, c’est au tour du Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (Fact) de hausser la voix.

Dans un communiqué, « le Fact condamne fermement ces meurtres des manifestants pacifiques dont le seul crime est d’avoir fait usage de leur droit constitutionnel de manifester ». Pour le groupe politico-militaire tchadien, « les auteurs de ces crimes doivent être identifiés et traduits en justice ».

Dans sa note, le groupe rebelle dirigé par Mahamat Mahdi Ali, opposant de longue date au régime du défunt Idriss Déby Itno, lance un appel à la communauté internationale afin qu’elle soutienne le peuple tchadien dans sa lutte en quête de liberté et de démocratie « face à une junte qui a renié ses engagements qui lui ont permis d’échapper aux sanctions internationales en rompant l’ordre constitutionnel ».

Le Fact affirme qu’il continuera de suivre de très près la situation tout en réaffirmant « son soutien sans réserve au peuple tchadien en lutte et salue sa mobilisation générale qui a définitivement fait changer la peur de camp ».

Des sources médiatiques rapportent que le Premier ministre de transition, Saleh Kebzabo, a annoncé la suspension de toutes les activités des partis politiques Les Transformateurs, le Parti socialiste sans frontières (PSF) et Wakit Tamma.

« Des poursuites judiciaires seront engagées » contre les leaders de ces formations politiques, a promis le chef du gouvernement, qui dénonce une « insurrection visant à prendre le pouvoir par la force au lieu d’une marche ».

Il fait état d’un bilan provisoire d’une cinquantaine de morts, alors que plus tôt dans la journée, le porte-parole du gouvernement, Aziz Mahamat Saleh, parlait d’une « trentaine » de personnes tuées, dont une « dizaine » de membres des forces de sécurité.

Des partis de l’opposition et des organisations de la société civile avaient appelé à des manifestations, en protestation à la prolongation de la transition décidée samedi 8 octobre par le Dialogue national inclusif et souverain (DNIS).

Celle-ci permet au général Mahamat Idriss Déby Itno, arrivé au pouvoir en avril 2021 après la mort du maréchal Idriss Deby dans une contre-offensive de l’armée contre les rebelles du Fact, de se maintenir au pouvoir pour 24 mois supplémentaires. Les conclusions de ces concertations nationales offrent également à Deby fils la possibilité de se présenter à la prochaine élection présidentielle.

Tchad : un journaliste « tué » dans les manifestations (Témoin)

Les protestations en cours au Tchad contre la prolongation de la transition auraient fait une victime parmi les journalistes locaux.Ce jeudi 20 octobre, un journaliste aurait été tué lors des manifestations survenues à N’Djamena à cause de la prolongation de la transition par le Dialogue national inclusif (DNIS), a confié à APA News un témoin.

Reporter à la radio CEFOD (Centre de formation pour le développement) détenue par l’Église catholique, Orédjé Narcisse aurait été touché par balle « vers 7 heures du matin au quartier Chagoua, dans la commune du 7e arrondissement de N’Djamena ». « Il est tombé devant moi. Je suis vraiment affligé », rapporte un journaliste tchadien contacté par APA.

Les manifestations, qui ont éclaté dans plusieurs quartiers de la capitale tchadienne, auraient fait une dizaine de morts dans les rangs des protestataires, selon Les Transformateurs, l’une des formations politiques opposées au maintien du Général Mahamat Idriss Deby au pouvoir. Cité par l’Agence France Presse (AFP), le médecin-chef de l’Hôpital de l’Union Chagoua a reconnu la mort par balle d’au moins cinq personnes.

Arrivé au pouvoir en avril 2021 suite au décès de son père, le maréchal Idriss Deby dans une contre-offensive contre les rebelles du Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (Fact), le Général Mahamat Idriss Deby Itno avait promis une transition de 18 mois renouvelable une fois avant de changer d’avis.

À son initiative, des concertations nationales, sous le nom de Dialogue national inclusif et souverain (DNIS), lancées en août dernier, ont entériné samedi 8 octobre la prolongation de la transition, permettant dans la foulée au jeune général de se présenter à la prochaine élection présidentielle.

Cependant, des partis politiques et des organisations de la société civile estiment que Deby fils ne peut rester au pouvoir au-delà des 18 mois de transition malgré la formation d’un gouvernement d’« union nationale » dirigé par l’ex-opposant, Saleh Kebzabo. 

Paris a condamné « l’utilisation d’armes létales contre les manifestants » et affirme n’avoir joué « aucun rôle » dans les évènements en cours au Tchad. La France est « accusée » de ménager la junte tchadienne au moment où d’autres putschistes ouest-africains, comme ceux du Mali ou de la Guinée, sont acculés.

Forum de Dakar : le Comité scientifique est « fin prêt » (président)

L’organisateur du Forum de Dakar sur la Paix et la Sécurité est à « un taux de satisfaction de presque 100 % » sur les préparatifs selon président.A quelques jours de l’ouverture du 8e Forum de Dakar sur la Paix et la Sécurité (24 et 25 octobre), le président du Comité scientifique, le général de brigade Mbaye Cissé, chef d’Etat-major particulier du président de la République, rassure.

Actuellement, « nous sommes dans une phase logistique. Nous nous occupons du déplacement des experts et de leur accueil à Dakar. Pour faciliter cela, nous avons mis en place des points focaux qui dialoguent avec eux pour être sûrs qu’ils sont dans de bonnes conditions pour participer. Ils ont reçu tous les documents qu’il faut. Nous sommes dans la dernière ligne droite de nos préparatifs. Tout est fin prêt et il ne reste qu’à attendre l’ouverture par le chef de l’Etat », a-t-il déclaré.

L’ancien Directeur général du Centre des hautes études de défense et de sécurité (Cheds) s’exprimait mercredi soir lors d’une conférence de presse dudit comité. Cette édition de 2022 est placée sous le thème : « L’Afrique à l’épreuve des chocs exogènes : défis de stabilité et de souverainetés ».

Celui-ci met en exergue deux préoccupations majeures. D’abord, la récurrence des chocs exogènes, c’est-à-dire tous ces bouleversements mondiaux (comme la crise sanitaire mondiale de 2019-2020 et la guerre russo-ukrainienne) qui se succèdent et impactent négativement les Etats africains aux plan politique, économique, social et surtout sécuritaire, a expliqué le général de brigade Mbaye Cissé.

A l’en croire, ces chocs, générateurs de tensions socio-économiques, semblent, d’année en année, amplifier l’instabilité sur le continent comme en témoignent les nombreux conflits en cours dans le Sahel, en Afrique centrale et orientale.

« Face à ce constat, et c’est là la seconde préoccupation, il est urgent que les Etats africains inversent la tendance en  réduisant leur niveau de dépendance vis-à-vis de l’extérieur pour asseoir une résilience durable. C’est tout le sens à donner à l’expression défis de stabilité et de souverainetés », a-t-il soutenu.

Au cours de ce forum, qui est un moment de remise en question et de plaidoyer, l’occasion sera donnée aux participants de discuter des voies et moyens de prendre en charge les grandes préoccupations sécuritaires, politiques et socio-économiques du continent africain.

Ils tenteront d’apporter des réponses aux deux questions suivantes : Comment garantir une plus grande stabilité dans nos États en renforçant notre autonomie dans le domaine de la sécurité ? Comment développer une plus grande souveraineté alimentaire, énergétique, sanitaire, numérique pour briser le cycle de dépendance vis-à-vis de l’extérieur ?

Cette édition mettra tout particulièrement à l’honneur l’Afrique lusophone avec une présence institutionnelle de haut niveau de l’Angola, du Cabo-Verde et de la Guinée-Bissau. « C’est une option diplomatique de notre pays de donner davantage de voix à ses relations avec ses partenaires souvent lointains comme l’Angola qui est une puissance régionale en Afrique australe et compte un peu dans le landerneau politique africain », a indiqué le chef d’Etat-major particulier du président Macky Sall.

Partenaires historiques du Forum, la France et le Japon seront représentés. Seront également présentes des délégations internationales avec entre autres l’Arabie saoudite, la Turquie, l’Inde, la Gambie, le Mali, le Soudan et les États-Unis ainsi que des organisations comme l’Uemoa, la Cédéao et l’Otan.

Ethiopie : l’armée reprend plusieurs villes du Tigré

Le gouvernement éthiopien a confirmé avois repris les villes de Shire, Alamata et Korem aux forces régionales du Tigré.Les forces loyales éthiopiennes ont aussi promis de coordonner leur action avec celle des organisations humanitaires afin de garantir l’acheminement de l’aide humanitaire dans les zones contrôlées. Ainsi, elles s’efforcent d’ouvrir des voies de livraison depuis l’Ouest et le Sud.

La perte de la ville stratégique de Shire, avec son aéroport et ses liaisons routières avec la capitale régionale, constitue un coup dur pour le Front de libération du peuple du Tigré (TPLF).

« Le gouvernement, en coordination avec les opérateurs humanitaires, se prépare à élargir les routes par lesquelles l’aide humanitaire pourrait être acheminée. Un effort concerté est en cours pour ouvrir la route de Gondar Nord vers le Shire ainsi que la route Kombolcha-Dessie-Woldiya-Kobo-Alamata », a précisé le gouvernement dans un communiqué.

Le gouvernement éthiopien ne semble pas croire au tollé des acteurs étatiques et non étatiques. « La Force de défense nationale éthiopienne (ENDF) a évité le scénario macabre que certains avaient prédit en se faisant l’écho de la propagande du TPLF », conclut le texte.

Ouganda : Emmanuel Macron convié à des discussions sur la sécurité

Le président français, sur invitation de son homologue ougandais Yoweri Museveni, devrait venir début 2023 à Kampala pour échanger sur les crises sécuritaire et humanitaire en Afrique de l’Est.À l’occasion de la visite d’adieu de Jules-Armand Aniambossou, l’ambassadeur de France à Kampala, le président Yoweri Museveni a déclaré qu’il va « écrire à Emmanuel Macron pour l’inviter à des discussions sur des questions africaines et mondiales ».

Le chef de l’État ougandais souhaite que son pair français prenne part à une rencontre prévue en marge de la Journée de la libération du 26 janvier. Cette date marque l’accession au pouvoir de M. Museveni après une guérilla contre son prédécesseur Milton Obote, il y a maintenant 37 ans.

Après avoir représenté pendant trois ans la France en Ouganda, M. Aniambossou a salué les relations cordiales qui existent entre Kampala et Paris. « Pour le temps que j’ai passé ici, j’ai découvert que l’Ouganda était un très beau pays. Je me considère en quelque sorte comme un Ougandais. Je quitterai le pays avec le sentiment que nous avons bien réussi nos relations bilatérales », a-t-il affirmé.

Le diplomate, devant déposer ses valises au Ghana pour les trois prochaines années, a expliqué que la France a fait beaucoup d’efforts pour ramener la paix dans l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC). D’ailleurs, a rapporté Jules-Armand Aniambossou, le sujet était au cœur des échanges lors d’une rencontre entre Emmanuel Macron, les présidents Paul Kagamé (Rwanda) et Félix Antoine Tshisekedi (RD Congo).

« Nous savons que nous ne pouvons pas trouver une solution durable sans l’Ouganda. Nous avons également besoin de votre avis sur le processus de Nairobi
(des Nations Unies pour la paix dans la région des Grands Lacs) », a dit l’ambassadeur français à Museveni.

Burkina : Près de 2 millions de déplacés internes après des attaques jihadistes

Au 30 septembre 2022, le nombre de personnes déplacées est en hausse de près de 12% par rapport la situation après nettoyage de fin avril qui était de 1 520 012 de déplacés internes, selon les données officielles, consultée par un journaliste de APAnews.Les exactions des groupes armés non étatiques accroissent, sans cesse, le nombre de personnes déplacées au Burkina Faso.

A la date du 30 septembre 2022, le pays enregistre 1 719 332 déplacés internes, selon le Secrétaire permanent du Conseil national de secours d’urgence et de réhabilitation (SP/CONASUR).

Entre le 30 avril et le 30 septembre 2022, 199 320 déplacés supplémentaires ont été enregistrés. Ainsi, le nombre de personnes déplacées internes est passé de 1 520 012 à 1 719 332.

Les enfants et les femmes constituent les plus grands lots de déplacés, soit respectivement 60.40% et 22.89%.

Les déplacés proviennent essentiellement de la province du Soum (Sahel) avec 502 299 personnes, du Sanmatenga (Centre-nord) avec 297 878 personnes et le Gourma (Est) avec 154 942 personnes.

Les provinces du Sanmatenga (Kaya), du Soum (Djibo) et du Yatenga (Ouahigouya) accueillent les gros lots de personnes déplacées. Soit respectivement 375 995, 336 127 et 170 177 PDI.

L’alimentation constitue le premier besoin prioritaire des déplacés (77.78%) alors que la sécurité vient en 5e position.

Le pays vit une crise humanitaire sans précédent, s’alarment plusieurs ONG et organisations de la société civile.

Depuis 2015, le Burkina Faso traverse une crise sécuritaire en lien avec l’activité de groupes jihadistes liés à Al Qaida où à l’Etat islamique. D’ailleurs, l’une de ces organisations, notamment le Groupe de Soutien à l’Ilslam et aux musulmans (GSIM) a attaqué, le 26 septembre, un convoi de ravitaillement à destination de la ville de Djibo a fait 37 morts dont 27 militaires et 10 civils.

Le groupe jihadiste a affirmé dans une revendication diffusée par ses canaux officiels avoir porté « un coup économique qui a provoqué un coup d’Etat », en allusion au putsch du Capitaine Ibrahim Traoré, survenu vendredi 30 septembre contre le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, lui-même à l’origine de l’eviction de Roch Marc Christian Kaboré en janvier dernier.

Sahel : près de 3.000 événements violents prévus en 2022

Cette violence qui s’est étendue en intensité et en portée géographique représente le double du taux de l’année écoulée selon le Centre d’études stratégiques de l’Afrique.L’ampleur des attaques jihadistes est montée d’un cran en 2022 au Burkina Faso, au Mali et au Niger. Ces trois pays constituent les foyers où les groupes armés sont les plus actifs dans la sous-région ouest-africaine. Selon le Centre d’études stratégiques de l’Afrique basé à Washington, sur les 135 districts administratifs du Mali, du Burkina Faso et de l’Ouest du Niger, 84 districts, soit près des deux tiers, ont connu des attaques extrémistes violentes en 2022. 

Par contre, en 2017, ce chiffre était inférieur à un tiers (40 districts). Cette année-là, signale le centre de recherche, plus de 80% de tous les événements violents avaient eu lieu dans 30 districts du Nord et du Centre du Mali. 

En 2022, plus des deux tiers des événements violents liés à des groupes islamistes militants au Sahel ont eu lieu en dehors de ce pays, principalement au Burkina Faso.

A en croire l’organisme américain, sept districts administratifs du Sahel devraient subir chacun plus de 100 événements violents en 2022, un seuil qui n’avait été franchi que 5 fois avant cette année.

Dans ce magma d’insécurité, le Centre d’études stratégiques de l’Afrique distingue cinq zones chacune avec des dynamiques de conflit variées. Il s’agit de la zone des trois frontières communes au Burkina Faso, au Mali et au Niger. Collectivement, soulignent les chercheurs américains, ces cet espace englobe plus de 70% de la violence islamiste militante au Sahel.

La zone des trois frontières, épicentre des violences au Sahel

Cette zone historiquement dominée par les populations pastorales, couvre des parties du nord du Mali et une région du Burkina Faso et du Niger connue sous le nom de Liptako-Gourma. Plusieurs groupes militants, dont des vestiges du groupe burkinabé Ansaroul Islam, y combattent sous la bannière de la coalition Jama’at Nusrat al Islam wal Muslimin (JNIM). D’autres sont affiliés à l’État islamique dans le Grand Sahara (ISGS, sigle anglais).

Les cinq districts d’Ansongo, Gao, Oudalan, Soum et Séno répartis entre ces trois pays représentent, d’après les chercheurs, près du quart de tous les épisodes violents liés aux groupes militants islamistes au Sahel. Ils estiment que quatre de ces cinq districts devraient connaître plus de 100 événements violents en 2022.

Le district d’Oudalan au Burkina Faso, qui borde le Mali et le Niger, devrait être le théâtre de plus de 175 événements violents. Cela fera de lui, pour la 2e année consécutive, la zone qui subira la plus forte concentration de violence au Sahel.

Le Think tank informe que plus d’un tiers des civils tués en 2022 par des groupes militants islamistes au Sahel ont perdu la vie dans l’un de ces cinq districts. Par ailleurs, poursuit-il, plus de 340 civils devraient être tués par des groupes islamistes militants dans les districts d’Ansongo et de Séno en 2022.

Il existe de fortes divisions au sein des groupes militants islamistes liés à la violence dans cette zone. La grande majorité des activités extrémistes violentes à Ansongo (92%), Oudalan (88%) et Séno (95%) sont attribuées à l’ISGS. Ce dernier, une émanation de groupes militants précédemment établis dans la région, perçoit une zakat (taxe) coercitive et lourde dans la zone des trois frontières. Il se livre aussi au vol de bétail pour le revenu.

Les événements du Soum, berceau d’Ansaroul Islam, sont quant à eux, massivement attribués à la coalition du JNIM (98%). Les événements à Gao sont à peu près répartis entre les deux réseaux.

Centre-nord du Burkina Faso, zone des escalades de violence les plus rapides du Sahel

Les militants du Front de libération du Macina (FLM), qui fait partie de la coalition du JNIM, ainsi que les restes d’Ansaroul Islam, se sont déployés plus au sud dans cette zone la plus peuplée du Burkina Faso (près de 3 millions d’habitants).

Le Centre d’études stratégiques de l’Afrique affirme que la violence a déplacé près de 2 millions de Burkinabè, dont beaucoup ont cherché refuge dans un camp de personnes déplacées à Kaya, la capitale régionale et cinquième plus grand centre urbain du Burkina Faso. C’est également une zone quidispose d’importants gisements d’or, dont au moins trois mines industrielles et des dizaines de mines artisanales enregistrées. Les groupes islamistes militants cherchent à contrôler ces sites en tant que source majeure de revenus pour leurs activités.

A en croire les chercheurs américains, en 2017, un seul événement violent lié aux groupes militants islamistes a eu lieu dans les cinq districts de cette zone : Bam, Loroum, Namentenga, Sanmentenga et Yatenga. « Plus de 450 incidents violents devraient avoir lieu dans cette zone en 2022, ce qui représente 16% de tous les événements au Sahel », affirment-ils.

Cette zone est devenue un site principal d’expansion du FLM/JNIM au Burkina Faso. Les événements liés à l’ISGS représentent moins de 10% des incidents notés dans cette zone et se sont produits presque entièrement à Namentenga.

La violence contre les civils (deux événements violents sur trois visaient des civils en 2019) a entraîné des déplacements massifs de population de cette zone, permettant aux FLM et à d’autres groupes liés au JNIM de contrôler efficacement ce territoire.

Le centre du Mali, fief du FLM depuis 2015

Dirigée par le prédicateur extrémiste Amadou Koufa, la violence du FLM a radicalement déplacé l’insécurité au Mali des régions les plus reculées du nord vers les districts centraux de Bandiagara, Bankass, Djenné, Douentza, Koro et Mopti. Celles-ci comptent collectivement une population d’environ 1,5 million de personnes.

Depuis cette base, le FLM a récemment mené une poussée dans l’ouest et le sud du pays, devenant de plus en plus capable de menacer la capitale, Bamako. Cela survient après que le FLM a soutenu avec succès des éléments du JNIM poussant dans le nord du Burkina Faso et, dans une moindre mesure, plus au sud du Burkina Faso.

Globalement, notent les chercheurs, les événements violents dans cette zone représentent 14% de tous les épisodes de ce type au Sahel et 40% de tous les incidents au Mali. En 2022, ceux-ci sont généralement liés au FLM et à Amadou Koufa. Depuis 2019, les niveaux de violence dans cette région sont parmi les plus élevés au Mali. Le nombre d’événements a augmenté d’environ un tiers en 2020, puis de 50% en 2021, et devrait encore augmenter de 33% en 2022.

Par ailleurs, le centre de recherche signale que des événements violents liés à ces groupes se sont produits dans dix districts situés au nord de la Côte d’Ivoire, au Bénin et au Togo. Bien que les activités dans ces régions du nord ne représentent qu’un faible pourcentage de la violence globale, la présence croissante de groupes islamistes militants dans ces régions est préoccupante, alerte-t-il.

Le Think tank note que le Niger est menacé par la recrudescence des activités violentes. Les 174 événements violents prévus dans l’ouest du pays en 2022 représentent une augmentation de près de 10% par rapport à l’année précédente, conclut-il.

Les trois zones composées du centre du Mali, des trois frontières et du centre du Burkina Faso représentent plus de la moitié (55%) de tous les événements violents de la région. Cela souligne, d’après les chercheurs, l’importance du centre du Mali en tant que base et zone de rassemblement pour les attaques dans les zones voisines.

A l’Onu, Bamako maintient ses accusations contre Paris

Les autorités maliennes n’ont pas renoncé à leur souhait d’être entendues sur les liaisons supposées entre la France et les groupes jihadistes qui déstabilisent leur pays depuis une décennie.Le Mali est déterminé à présenter les « preuves concrètes » que la junte au pouvoir depuis mai 2021 suite à un coup d’Etat contre le président Bah N’Dao, affirme détenir sur des « actes de duplicité, d’espionnage et de déstabilisation de la France » à son encontre.

Devant le Conseil de sécurité, ce mardi 18 octobre, le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop a réitéré la demande de son pays à être entendu sur ces accusations portées depuis le 15 août dernier contre l’ancienne puissance coloniale.

Pour le chef de la diplomatie malienne, il est important que l’opinion publique internationale soit informée de ces actes qui impliquent également le « partage de renseignements, le largage de matériels au profit d’organisations criminelles qui sont à l’origine de l’insécurité et des violations contre les populations civiles ».

« Le Mali dénonce la guerre par procuration qui lui est imposée tout comme les manœuvres et les entraves à la tenue de cette réunion spécifique pour la manifestation de la vérité », a insisté le ministre malien, qui présentait le mémorandum du gouvernement de la transition suite à la publication du rapport trimestriel du Secrétaire général des Nations unies sur la situation politique, sécuritaire et humanitaire au Mali.

« Le Mali se réserve le droit de recourir à la légitime défense si la France continue de porter atteinte à la souveraineté de notre pays, à son intégrité territoriale et à sa sécurité », a poursuivi Abdoulaye Diop.

Accusations diffamatoires selon Paris

« Je regrette profondément les accusations graves et infondées portées contre la France de manière répétée par les autorités de transition malienne », a réagi le représentant permanent de la France aux Nations unies, Nicolas de Rivière.

« Je rappelle que la France s’est engagée pendant neuf ans aux côtés du Mali à la demande de ce pays pour combattre les groupes terroristes et que 59 soldats ont payé le prix de leur vie dans ce combat », a ajouté le diplomate français, soulignant que son pays n’a « jamais violé l’espace aérien malien ».

Les relations entre Bamako et Paris se sont dégradées après que le président français a annoncé le retrait de l’opération Barkhane du Mali en juin 2021. Mais selon l’ambassadeur de France à l’Onu, « ce redéploiement a été décidé le 17 février dernier à la suite d’une concertation approfondie avec l’ensemble des partenaires engagés dans la lutte contre le terrorisme au Sahel ».

« Elle reposait sur le constat que les conditions politiques et opérationnelles n’étaient plus réunies », a expliqué Nicolas de Rivière, faisant allusion au recours par Bamako au service d’« instructeurs russes » selon les autorités de la transition, mais de « mercenaires » de la compagnie militaire privée Wagner d’après plusieurs médias et diplomates occidentaux, pour lutter contre les groupes jihadistes.

Sénégal : l’ARTP, victime d’une attaque informatique ?

L’Autorité de Régulation des Télécommunications et des Postes (ARTP) du Sénégal n’a toujours pas confirmé les informations faisant état du piratage de ses données.Le groupe de hackers Ransomwares Karakurt a exécuté ses menaces. Depuis lundi 17 octobre, il a commencé à publier plusieurs fichiers censés appartenir au personnel de l’Autorité de Régulation des Télécommunications et des Postes (ARTP) du Sénégal. Des documents sensibles de plusieurs personnes se retrouvent ainsi en accès libre sur la toile.

Depuis juin dernier, le groupe de pirates informatiques aurait réclamé le versement de plusieurs milliers de dollars à l’ARTP pour ne pas publier ces informations d’une taille de « 149 gigas octets ». Etant donné que l’organe chargé de réguler les télécommunications au Sénégal n’a pas répondu à l’injonction de payer, Ransomwares Karakurt a alors mis ses menaces à exécution.

Après son ébruitement par les médias, le supposé piratage de l’ARTP a été démenti par des responsables de ladite structure. « Il y a au moins une cinquantaine d’Autorités de Régulation des Télécommunications et des Postes dans le monde. Dans le message d’alerte publié en anglais, il n’est nullement fait mention du Sénégal. Je suis actuellement sur notre site internet et tout fonctionne à merveille. Cette attaque ne concerne pas notre structure », a expliqué le chef du Service de communication de l’ARTP sur des sites locaux d’informations en ligne.

Contacté mardi par APA, ce dernier affirme que l’équipe de communication attend « toujours d’avoir de plus amples précisions officielles » de la part des services compétents de l’ARTP, ajoutant que le Directeur Général Abdoul Ly « est actuellement indisponible ».

En septembre dernier, l’Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique et à Madagascar (Asecna), dont le siège se trouve à Dakar, a elle-aussi été victime d’une attaque informatique par ramsomware. Le « ransomware est un logiciel malveillant qui prend en otage des données personnelles. L’attaque consiste à chiffrer des données personnelles puis à demander à leur propriétaire d’envoyer de l’argent en échange de la clé qui permettra de les déchiffrer », avait expliqué à APA le hacker éthique sénégalais, Saliou Thiam.

Le groupe de hackers Lockbit réclamait une rançon de 25.000 dollars à l’Asecna, qui n’avait pas préféré commenter l’incident. Actif depuis 2019, Lockbit est responsable de 1200 attaques depuis sa création, selon M. Thiam. « Ils sont actuellement le numéro un en termes d’attaques par ransomware. Ils ont développé une stratégie nouvelle, exigeant de l’argent directement des victimes et ne rendant pas l’attaque publique », ajoute-t-il.

Mali : le bilan de l’attaque à la mine contre la Minusma s’alourdit

Lundi 17 octobre, une patrouille de la Minusma a heurté un engin explosif improvisé, faisant au moins quatre morts et deux blessés graves.De deux, les casques bleus de nationalité tchadienne tués dans l’explosion d’une mine lundi 17 octobre à Tessalit, 1741 kilomètres au nord-est de Bamako sont passés à trois, selon les Nations-Unies alors que Wassim Nasr, journaliste à France24 et spécialiste des mouvements jihadistes évoque une quatrième victime.

Les soldats tchadiens de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la Stabilisation au Mali (Minusma) étaient en patrouille de recherche et de détection de mines à dans le nord de ce pays sahélien en guerre contre des groupes armés non étatiques affiliés à Al Qaida au Maghreb islamique ou à l’Etat islamique depuis plusieurs années.

Ce nouveau bilan porte à 76 le nombre de casques bleus tués par des engins explosifs improvisés (EEI) depuis l’installation de la Minusma au Mali.

Mardi 18 octobre, le Conseil de Sécurité des nations-unies a condamné l’attentat perpétré contre la Minusma dans le septentrion malien et réclame une enquête avec son soutien et des poursuites judiciaires contre les auteurs. Le Conseil de sécurité invite Bamako à informer le pays d’origine des victimes des progrès de l’enquête.

Au nombre de 1456 au 30 juin dernier, le contingent tchadien est l’un des plus importants de la Minusma et est déployé dans le secteur nord (Kidal, Tessalit et Aguelhoc).

Le mandat de la Minusma a été renouvelé en juin dernier dans un contexte de tension diplomatique entre le Mali et la France.

Les nouvelles autorités de Bamako, qui accusent Paris d’ « abandon en plein vol » dans la lutte contre les groupes jihadistes, se sont opposées au maintien des opérations de soutien de Barkhane au profit de la mission onusienne.

Pour la junte issue du coup d’Etat de mai 2021 contre le président de la transition qu’elle avait elle-même installé neuf mois plus tôt après le putsch contre Ibrahim Boubacar Keïta, « il est tout aussi indispensable de mieux définir et articuler la notion de protection des civils dans un contexte de guerre asymétrique ».

Gbagbo annonce une mission de son parti à Ouaga, Bamako et Conakry

L’ex-chef d’Etat qui veut cerner la crise dans ces pays et apporter sa contribution pour un dénouement, a appelé Assimi Goïta à « penser à la fraternité d’arme » en vue de la libération des 46 soldats ivoiriens détenus au Mali.« Nous ici au PPA-C, dans les mois prochains, (nous allons) envoyer une ou trois délégations en Guinée, au Burkina et à Bamako pour s’informer et nous informer sur place », a dit Gbagbo dans un discours à l’occasion de la célébration de l’an 1 de son parti.

« Comme nous n’avons pas les manettes de l’exécutif, on ne peut rien faire d’autre, mais au moins on comprendra ceux qui disent qu’ils sont mercenaires et ceux qui disent qu’ils sont soldats », a-t-il ajouté en allusion aux 46 militaires ivoiriens détenus au Mali.

Il a fait observer que ces trois pays de la Cedeao, le Burkina Faso, le Mali et la Guinée qui sont en proie à des coups d’Etat, l’on devrait s’interroger de savoir « pourquoi nous francophones nous sommes sujets aux coups d’Etat ? ».

Pour lui, « rien n’arrive sans explication ; l’explication, on l’a ou on ne l’a pas, mais elle existe. Les coups d’Etat militaires existent, mais il y a aussi les coups d’Etat civil ; (et) des coups d’Etat militaires sont souvent des réponses aux coups d’Etat civils ».  

« Il faut demander à Assimi Goïta de penser à sa fraternité d’arme avec ceux qui sont en prison que certains appellent des soldats, que d’autres appellent des mercenaires », a-t-il lancé en allusion aux 46 soldats ivoiriens détenus au Mali.

L’ancien président ivoirien, Laurent Gbagbo, a estimé que le président togolais, Faure Gnassingbé, qui a accepté d’être médiateur entre Abidjan et Bamako doit « redoubler d’efforts » et comprendre que « c’est celui qui envoie qui a la plus grande responsabilité ».

Suite à l’arrestation de 49 militaires ivoiriens le 10 juillet 2022 à Bamako, la justice malienne les a inculpés le 15 août 2022 pour tentatives d’atteinte à la sécurité de l’Etat. Après des négociations, trois soldates ivoiriennes ont été libérées et ont regagné Abidjan le 3 septembre 2022.

Le 9 septembre 2022, alors que Abidjan s’entendait à la libération prochaine des 46 autres soldats, dont l’arrestation était considérée par le Mali comme une affaire judiciaire, les autorités maliennes ont demandé en contrepartie de la libération de ces 46 militaires des extraditions.  

Bamako a demandé que l’Etat de Côte d’Ivoire extrade vers le Mali des personnalités qui selon les nouveaux dirigeants maliens bénéficient de la protection de la Côte d’Ivoire pour déstabiliser le Mali, révèle une déclaration du Conseil national de sécurité.

Pour Abidjan, cette demande confirme une fois de plus le fait que ses soldats « ne sont en aucun cas des mercenaires mais plutôt des otages ». Le Conseil national de sécurité considère ce « chantage inacceptable et exige la libération sans délai » des 46 soldats détenus.

Le Conseil national de sécurité a insisté que les opposants politiques étrangers vivant en Côte d’Ivoire sont tenus, selon les dispositions légales ivoiriennes, d’« observer en toute circonstance un  devoir de réserve absolu concernant les affaires intérieures de leur pays d’origine ».

Sur les 49 militaires ivoiriens arrêtés le 10 juillet 2022 à Bamako, trois soldates ont été libérées pour raison « humanitaire ». La Côte d’Ivoire soutient que ces soldats ont tous été déployés au Mali en qualité de 8e détachement de l’élément de soutien national au sein de la Minusma. 

Burkina : pas de période de grâce pour le capitaine Traoré

Aussitôt installé dans ses fonctions de président de la transition, le capitaine Ibrahim Traoré est assailli par les réalités du terrain.Les assises nationales étaient prévues pour 48 heures. Finalement, ces concertations convoquées par le capitaine Ibrahim Traoré n’ont vécu que 24 heures au terme desquelles les 354 délégués venus des 13 régions du Burkina Faso ont tranché. Le jeune capitaine de 34 ans sera le président de la transition pour les 21 prochains mois.

Tombeur du lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba le 30 septembre, l’officier subalterne aura la lourde tâche de « rétablir et renforcer la sécurité sur l’ensemble du territoire national ». C’est l’une des missions assignées au chef de l’Etat par la charte de transition validée vendredi 14 octobre à la salle de conférences de Ouaga 2000, à Ouagadougou.

La tâche s’annonce donc ardue pour le capitaine Traoré qui n’a même pas eu une période de grâce. La preuve, alors qu’il commémorait, samedi, l’anniversaire de la mort de Thomas Sankara, assassiné le 15 octobre 1987, il apprenait l’embuscade jihadiste contre le détachement militaire de Silmagué ou Silmadjé, dans la province de Bouroum, à plus de 187 kilomètres au nord-est de la capitale. Un bilan non officiel évoque au moins une dizaine de morts parmi les militaires burkinabè. Le Groupe de Soutien à l’Islam et aux Musulmans (GSIM) est pointé du doigt dans cet incident en raison de sa présence dans cette zone.

Le groupe jihadiste affilié à Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) avait déjà averti les nouvelles autorités en marge de la revendication de l’attaque contre un convoi de ravitaillement à Gaskindé, dans la région du Sahel. Pour les terroristes, la sortie de crise se trouve dans le dialogue et non par les armes. « Si vous voulez la paix, cherchez-la par ses voies », ont-ils recommandé au nouveau pouvoir central. Leur message sera-t-il entendu par le successeur de Damiba dont l’une des missions est aussi d’ « œuvrer à la réconciliation nationale et à la cohésion sociale » ? L’avenir nous le dira.

Mais selon Rida Lyammouri, Chercheur sénior au Policy Center for the new South (PCNS), influent Think tank marocain, « le premier défi du capitaine Traoré, c’est de travailler à unifier les forces de sécurité avant de penser à une éventuelle inversion de la tendance dans la lutte contre les groupes jihadistes ». « Les forces de sécurité sont toujours divisées », conseille-t-il, faisant allusion aux tensions notées entre militaires à l’occasion du renversement du lieutenant-colonel Damiba par le capitaine Traoré et ses hommes. « S’il arrive à unifier les forces de sécurité, ça sera un bon début en vue de la prochaine étape, c’est-à-dire engager la mère des batailles contre les groupes extrémistes », assure M. Lyammouri.

Si cette étape est franchie, le chercheur au PCNS invite les nouvelles autorités à renforcer les moyens des forces de sécurité pour faire face aux jihadistes.

À côté du renforcement des équipements militaires auquel Ouagadougou semble donner une grande importance, en témoigne l’acquisition récente de moyens aériens dont des drones turcs dits Bayraktar, le chercheur ajoute l’appui des partenaires occidentaux qu’il trouve indispensable pour changer considérablement la donne sur le terrain. « Pour ce faire, pense Rida Lyammouri, le capitaine Traoré doit être sourd aux voix qui lui demandent de faire appel à la Russie ou aux mercenaires du Groupe Wagner ». À l’en croire, « Wagner peut engranger de petit succès sur le terrain, mais n’est pas efficace lorsqu’il s’agit de rétablir la légitimité de l’Etat et de stabiliser des territoires menacés par les groupes armés non étatiques ».

Mali : deux Casques bleus tués dans l’explosion d’une mine

Une voiture de patrouille de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) a roulé sur des engins explosifs improvisés à Tessalit, dans la région de Kidal.Les engins explosifs improvisés (EEI) font encore parler d’eux dans le Nord du Mali. Ce lundi 17 octobre, deux Casques bleus sont morts lorsque leur véhicule a percuté un EEI lors d’une patrouille de recherche et de détection de mines à Tessalit, dans la région de Kidal, selon la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (Minusma).

Cet accident a également fait quatre blessés graves parmi les soldats des Nations Unies envoyés dans ce pays sahélien en guerre contre des groupes armés non étatiques affiliés à Al Qaida au Maghreb islamique ou à l’Etat islamique depuis plusieurs années.

Pour le moment, la nationalité des victimes n’est pas précisée dans la série de tweets consacrée à cette nouvelle par la Minusma, qui par ailleurs rappelle que depuis le début de son installation au Mali en 2013, les engins explosifs improvisés ont tué 74 Casques bleus. Le mandat de la Minusma a été renouvelé en juin dernier dans un contexte de tension diplomatique entre le Mali et la France.

Les nouvelles autorités de Bamako, qui accusent Paris d’ « abandon en plein vol » dans la lutte contre les groupes jihadistes, se sont opposées au maintien des opérations de soutien de Barkhane au profit de la mission onusienne.

Pour la junte issue du coup d’Etat de mai 2021 contre le président de la transition qu’elle avait elle-même installé neuf mois plus tôt après le putsch contre Ibrahim Boubacar Keïta, « il est tout aussi indispensable de mieux définir et articuler la notion de protection des civils dans un contexte de guerre asymétrique ».

Burkina : Plusieurs soldats tués dans une nouvelle attaque jihadiste

L’armée burkinabè est encore endeuillée suite à une attaque jihadiste dans le Centre-nord.Au Burkina Faso, la pression jihadiste ne faiblit pas. Quelques jours après l’attaque d’un convoi d’approvisionnement sous escorte militaire dans la région du Sahel, une patrouille conjointe entre forces de sécurité et supplétifs appelés Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) a été, samedi 15 octobre, la cible d’une attaque dans la localité de Silmagué (appelée aussi Silmadjé), dans la commune de Bouroum (Centre-nord), à 187 kilomètres au nord-est de Ouagadougou.

Selon des sources sécuritaires, le bilan provisoire s’établirait à 12 morts dont 8 militaires et 4 VDP. L’armée n’a pas encore communiqué suite à cet incident sécuritaire.

A lire aussi: Comment le jihadisme s’est enraciné au Burkina ?

La veille de cette attaque attribuée aux jihadistes, le capitaine Ibrahim Traoré, auteur d’un coup d’Etat contre le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, lui-même tombeur de Roch Marc Christian Kaboré huit mois plus tôt, était désigné président d’une transition de 21 mois, au terme de la première journée des assises nationales qui devaient s’étaler sur deux jours.

Le jeune officier de 34 ans a pris le pouvoir pour dit-il, corriger « les choix hasardeux » de l’ancien président du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR) dans la lutte contre les groupes jihadistes.

A lire aussi: Comment le capitaine Traoré a sauvé son coup ?

Le 26 septembre, un convoi de ravitaillement a fait l’objet d’une attaque à hauteur de Gaskindé, dans la région du Sahel. Le bilan officiel fait état de 37 morts dont 27 militaires et 10 civils. Mardi 4 octobre, le Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (GSIM) a revendiqué l’attaque, affirmant avoir tué au moins 65 soldats 11 VDP. Les insurgés ont soutenu également avoir incendié 90 véhicules sur 119 que comptait le convoi humanitaire à destination de la ville de Djibo, sous blocus jihadiste depuis plusieurs mois. Samedi 8 octobre, le groupe jihadiste affilié à Al Qaïda au Maghreb islamique a diffusé une vidéo de 10 minutes de cette embuscade meurtrière.

Depuis près d’une décennie, le Burkina Faso est confronté à une insurrection jihadiste qui a fait des milliers de morts et a entrainé le déplacement de plus d’un million de personnes à l’intérieur du pays.

Mali : dix morts dans une attaque à la mine artisanale

Le Mali continue d’enregistrer des incidents sécuritaires liés aux activités de groupes armés non étatiques.C’est un évènement tragique. Jeudi 13 octobre, un bus de transport en commun a heurté un engin explosif improvisé (EEI) à Tilé, sur l’axe Bandiagara – Sévaré, dans le centre du Mali.

L’incident qui s’est produit en début d’après-midi, a fait une dizaine de morts, selon plusieurs sources locales.

Dans un communiqué diffusé vendredi 14 octobre, l’Etat-major général des armées maliennes (EMGA) fait état de « 10 morts et 38 blessés ».

L’armée malienne a identifié « une femme et une fille de 5 ans environ » parmi les victimes de cette attaque qu’elle attribue à la Katiba du Macina.

« Ces actions de la Katiba du Macina de Amadou Kouffa ayant fait allégeance au JNIM (acronyme arabe du Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (GSIM)) de Iyad Ag Ghali, démontrent la lâcheté et la barbarie de cette organisation terroriste qui, en perte de puissance et dans sa débandade, ne s’attaque qu’aux populations civiles innocentes », dénonce l’EMGA.

Le chef de la Mission multidimensionnelle intégrée des nations pour la stabilisation au Mali (Minusma), El-Ghassim Wane « condamne un acte lâche » et réclame des poursuites judiciaires contre les auteurs.

Le centre du Mali est devenu l’un des foyers de l’insurrection jihadiste partie du nord il y a une décennie.

La junte au pouvoir, à l’issue d’un coup d’Etat en mai 2021 contre le président de la Transition qu’elle avait elle-même installé après l’éviction d’Ibrahim Boubacar Keita en aout 2020, tente de reprendre l’initiative. Pour ce faire, les militaires ont fait appel à des coopérants russes qualifiés de mercenaires du groupe militaire privé controversé Wagner par des diplomates et médias internationaux.

L’opération Barkhane qui a pris le relais de l’Intervention Serval en 2014 pour combattre les jihadistes s’est définitivement retirée du Mali sur fond de tension diplomatique entre Bamako et Paris.

Mali : l’Onu note des « progrès face à des défis colossaux » (rapport)

António Guterres, le Secrétaire Général des Nations Unies, a adressé au Conseil de sécurité un rapport daté du 3 octobre dernier sur la situation au Mali.La communauté internationale suit de près le Mali dirigé par une junte et confronté à la menace jihadiste. Quatre mois après la publication du précédent rapport, le récent passe en revue les faits nouveaux survenus au Mali durant cette période, avant d’en faire l’analyse.

Dans le document de 21 pages, António Guterres, le Secrétaire Général des Nations Unies, soutient que « le Mali fait encore face à des défis colossaux, mais les derniers mois ont été marqués par certains progrès ».

À l’avenir, selon celui qui a pris ses fonctions le 1er  janvier 2017, il est essentiel de tirer parti de ces avancées, l’objectif ultime étant de mettre le pays sur une voie irréversible vers la paix, la sécurité et la stabilité durables auxquelles sa population aspire depuis longtemps.

Constatant que l’accord entre le Mali et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) sur le calendrier de la transition et le mécanisme de suivi correspondant a « ouvert la voie à la levée des sanctions financières et économiques », M. Guterres a félicité « les dirigeants régionaux pour leur engagement sans faille ».  

L’ancien Premier ministre du Portugal (1995 à 2002), à propos du processus de retour à l’ordre constitutionnel, a salué l’adoption et la promulgation de la Loi électorale, l’entrée en service de l’organe indépendant unique de gestion des élections et la formulation d’une nouvelle Constitution. Tout cela, a-t-il affirmé, témoigne d’un nouvel élan qu’il convient de soutenir au regard des tâches à accomplir.

Persuadé que l’un des éléments clés « de la réussite des processus électoraux et des réformes tient à l’ampleur du consensus qui les entoure », António Guterres se dit encouragé « par le fait que les autorités (maliennes) aient relancé le cadre consultatif avec les partis politiques et les acteurs de la société civile, ainsi que par l’approche inclusive qui a sous-tendu l’adoption de la Loi électorale ».

Parallèlement à la lutte armée, le Mali explore également la voie du dialogue. À cet effet, souligne le successeur de Ban Ki-Moon, la tenue, en août, de la réunion de décision de haut niveau sur certains aspects de l’Accord de paix a ravivé les espoirs de progrès décisifs dans cette entreprise critique de désarmement, démobilisation et de réintégration.

Etant donné que l’Accord de paix reste le meilleur cadre pour surmonter les conflits récurrents dans le Nord du Mali, en plus d’être une composante essentielle du programme de réforme conçu par les Assises nationales de la refondation du pays, António Guterres a plaidé pour l’accélération, par le gouvernement et les mouvements signataires, « des travaux de la Commission ad hoc chargée de formuler des recommandations sur l’intégration des hauts responsables des mouvements, y compris en ce qui concerne la chaîne de commandement ».

« La Minusma continuera à soutenir le processus de paix »

À en croire le Secrétaire Général des Nations Unies, la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (Minusma), dont le mandat a été prolongé d’un an, le 30 juin dernier,  « continuera à soutenir le processus de paix, notamment dans le cadre de la médiation internationale ».

Poursuivant, il a magnifié les résultats de la session du Comité de suivi de l’Accord qui vient de se tenir. « Le plein fonctionnement de ce Comité et de ses structures subsidiaires est indispensable pour garantir un suivi étroit du processus de paix, le Comité offrant aux parties une tribune pour exprimer leurs préoccupations afin de parvenir à des solutions consensuelles », a fait savoir M. Guterres.

Sur le théâtre des opérations, cet ex-Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés (2005-2015), dit rester profondément préoccupé par l’évolution des conditions de sécurité dans le contexte de la reconfiguration de l’action antiterroriste internationale au Sahel : « La poursuite des activités terroristes dans le centre du Mali et dans la zone tri-frontalière entre le Mali, le Burkina et le Niger, en particulier dans les régions de Ménaka et de Gao, y compris la concurrence accrue entre groupes terroristes, a fait un nombre considérable de victimes civiles, provoqué des déplacements de population et perturbé les moyens de subsistance de communautés déjà vulnérables ».

Dans ce contexte, le Mali a intensifié ses efforts pour lutter contre l’insécurité, mais « une paix durable ne peut être atteinte que si les opérations de sécurité s’accompagnent d’efforts tout aussi résolus pour instaurer la présence de l’État, y compris un appareil judiciaire considéré comme équitable et efficace, pour assurer la prestation des services de base, pour promouvoir la réconciliation intra et intercommunautaire et pour protéger les droits humains », a expliqué l’ancien président du Conseil européen.

Par conséquent, il a apprécié les mesures prises par le gouvernement malien en vue du redéploiement du personnel de l’administration civile et pour l’adoption de sa stratégie de stabilisation et de son plan d’action pour les régions du Centre.

La Minusma et l’équipe de pays des Nations Unies, a promis António Guterres, travailleront en étroite collaboration avec les autorités pour appuyer ces mesures et la Mission continuera à soutenir l’action des Forces de défense et de sécurité maliennes en pleine conformité avec la politique de diligence voulue en matière de droits humains.

« J’exhorte les autorités maliennes à redoubler d’efforts »

Les Nations Unies accordent une importance particulière au respect des droits humains en toutes circonstances. À ce sujet, son Secrétaire Général a rappelé que les opérations militaires, y compris celles menées avec des partenaires bilatéraux, doivent être menées dans le respect du droit international des droits de l’Homme et du droit international humanitaire, et les auteurs de violations et d’atteintes doivent être amenés à répondre de leurs actes.

Globalement, aux yeux de la communauté internationale, si la note trimestrielle récemment publiée par la Minusma fait état d’une baisse du nombre de violations et d’atteintes recensées, la situation générale n’en reste pas moins fort préoccupante.

Partant de là, M. Guterres a exhorté « les autorités maliennes à redoubler d’efforts pour honorer leur engagement de respecter leurs obligations internationales », non sans dire que « la Minusma continuera à soutenir le gouvernement et poursuivra son dialogue constructif avec lui ».

Le conflit détériore sérieusement la situation humanitaire au Mali et dans les autres pays du Sahel concernés par la menace jihadiste. Face à l’urgence, a estimé l’ancien président de l’Internationale socialiste, une mobilisation internationale, bien supérieure à celle qui existe jusqu’à présent, s’impose.

« Le plan de réponse humanitaire n’étant financé qu’à hauteur de 27 %, j’appelle la communauté internationale à se mobiliser pour répondre aux besoins cernés. Plus généralement, un soutien international est requis pour l’exécution des différents processus en cours au Mali. Aussi centrales soient-elles, les initiatives maliennes ne peuvent réussir sans un accompagnement à la hauteur des tâches à accomplir », a-t-il ajouté dans ce sens.

Les progrès réalisés au Mali, a prévenu António Guterres, contribueront considérablement à stabiliser la région du Sahel. En revanche, tout échec dans la stabilisation du pays se répercuterait bien au-delà de ses frontières. C’est pourquoi, a-t-il indiqué, « j’encourage toute action visant à renforcer la confiance et la coopération entre le Mali et ses voisins et partenaires internationaux » et « demande à nouveau la libération des 46 soldats ivoiriens encore détenus au Mali ».

En outre, le Secrétaire Général des Nations Unies a déclaré que l’efficacité de la Minusma est étroitement liée au niveau de facilitation dont elle bénéficie de la part des autorités en termes de liberté de mouvement et d’autres activités connexes, conformément à l’accord sur le statut des forces.

Au cours des derniers mois, « les entraves aux opérations de la Minusma ont eu une sérieuse incidence sur sa capacité à s’acquitter de son mandat, en particulier la protection des civils », a regretté le natif de Lisbonne (Portugal), qui a invité « les autorités maliennes à soutenir pleinement la Mission dans toutes ses activités visant à les aider à instaurer la paix et la stabilité dans le pays ».

De l’avis d’António Guterres, il est urgent de doter la Minusma des moyens dont elle a besoin, compte tenu de son environnement opérationnel difficile, en particulier de la menace asymétrique à laquelle elle doit faire face. Aussi, au vu de l’évolution des conditions de sécurité, il importe d’envisager les mesures appropriées, y compris un accroissement de la force à court terme, conformément à ce qui a déjà été convenu avec les autorités maliennes, en attendant les conclusions de l’examen interne de la Mission.

Burkina: des manifestations pour le maintien au pouvoir du capitaine Traoré

Dans plusieurs villes du Burkina Faso, des manifestants s’opposent au départ du capitaine Ibrahim Traoré, arrivé au pouvoir par un putsch contre le lieutenant-colonel Paul Henri Damiba.Au Burkina Faso, les assises nationales prévues pour les 14 et 15  octobre risquent de se tenir sous haute tension. A la veille de ces  concertations auxquelles le chef de l’Etat burkinabé, le capitaine  Ibrahim Traoré a convié les forces vives de la nation, des  manifestations spontanées ont été notées dans plusieurs villes, a  constaté APAnews.

À Ouagadougou et à Kaya, les voies sont bloquées  alors qu’à Bobo Dioulasso, à 355 kilomètres à l’est de Ouagadougou, le  marché a été fermé, a-t-on appris de sources locales. Les manifestants  exigent le maintien du capitaine Traoré au pouvoir. « Nous allons  maintenir la pression. Si à la fin des assises, le capitaine Traoré  n’est pas confirmé, nous allons durcir le ton », a menacé un manifestant  à Bobo-Dioulasso.

Vendredi 30 septembre, le capitaine Traoré a  destitué le lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba, lui-même  auteur d’un coup d’État le 24 janvier dernier contre Roch March Christian Kaboré. Le jeune officier subalterne et ses camarades du  Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR)  reprochent au lieutenant-colonel Damiba ses choix hasardeux dans la  lutte contre les groupes jihadistes.

Le nouvel homme fort du pays, installé  dans ses fonctions de chef d’Etat par un acte fondamental, a dans la foulée rencontré  les secrétaires généraux des ministères, chargés d’expédier les affaires  courantes et les a exhortés à accélérer le rythme des tâches qui leur  sont dévolues. Il a aussi appelé à des concertations nationales pour  l’élaboration d’une charte de transition qui permettra au pays des  hommes intègres d’aller vers la transmission du pouvoir à un civil. Mais pour certains burkinabé, le capitaine Traoré reste l’homme de la  situation, surtout qu’il semble être favorable à un rapprochement avec la  Russie pour sortir du gouffre sécuritaire dans lequel ce pays sahelien est plongé depuis une dizaine d’années.

Burkina : La France appelle ses ressortissants à la prudence

Plusieurs symboles de la présence française au Burkina Faso portent encore les stigmates du putsch du 30 septembre 2022.La France a dit, jeudi, observer avec « la plus grande neutralité » la tenue des assises nationales, prévue 14 et 15 octobre 2022, dans un mail que l’ambassade basée à Ouagadougou a envoyé ses compatriotes.

« Pendant la tenue des Assises nationales, il est à craindre de nouveaux mouvements de protestation ou de soutien à telle ou telle faction ou parti politique », peut-on lire sur la note signée par l’ambassadeur, Luc Hallade.

« Nous observerons cela avec les plus grandes attention et neutralité, dans un processus qui concerne avant tout les Burkinabè eux-mêmes », insiste le diplomate. M. Hallade invite ses compatriotes à limiter leurs déplacements «au strict nécessaire, à éviter tout attroupement et à rester à l’écoute des messages de sécurité». 

Les 30 septembre, 1er et 2 octobre 2022, jours de coup d’État contre le lieutenant-colonel Paul-Henri Damiba, plusieurs enseignes de l’Hexagone ont subi le courroux des manifestants, après un message du capitaine Ibrahim Traoré, selon lequel le président déchu « se serait réfugié à la base militaire française de Kamboincé », à la périphérie de Ouagadougou. L’ambassade de France, les instituts français de Ouagadougou et de Bobo-Dioulasso et un panneau du Groupe Bolloré avaient été saccagés.

En plus des dégâts matériels importants, deux français avaient été blessés lors de l’incident contre l’ambassade, selon des sources de APAnews.

« Soyez assurés de l’entière mobilisation de l’équipe de l’Ambassade et du Consulat Général pour veiller à la sécurité de notre Communauté », rassure l’ambassadeur. Il a ajouté que les autorités françaises se sont préparées à toute éventualité et sauront réagir en cas de besoin.

Le 06 octobre dernier, des éléments du Groupe d’intervention de la Gendarmerie nationale (GIGN) sont arrivés à Ouagadougou pour appuyer les soldats sur place à sécuriser les symboles français, confient des sources concordantes à APAnews.

Début du mois de octobre, des soldats ont renversé le Lieutenant-colonel Paul-Henri Damiba, lui-même tomber de Roch Kaboré, en janvier 2022.

Le Bénin « élimine » huit terroristes

Le Bénin affirme, ce mercredi, avoir neutralisé huit jihadistes dans le Nord-Ouest du pays, à la frontière avec le Togo et le Burkina.Les soldats béninois ont déjoué une attaque « terroriste » dans la nuit de mardi à mercredi. Selon un communiqué de l’armée, les jihadistes ont « tenté de s’infiltrer » dans son dispositif mis en place à Materi, une ville du Nord-Ouest du Bénin, près des frontières togolaise et burkinabè.

« Au moins huit terroristes ont été éliminés et d’importants matériels de guerre, de communication et d’acquisition récupérés », affirment les Forces armées béninoises. Les assaillants, après avoir été « surpris par le dispositif de veille de l’opération Mirador », « ont fait exploser une mine artisanale qu’ils se préparaient à (installer) », ont-elles expliqué.

« Tenant à avoir des résultats, le reste de l’équipe de terroristes a essayé d’attaquer la position des Forces années béninoises qui était dans les environs. La réaction des militaires béninois, déployés à Nouari, dans l’arrondissement de Dassari, a permis leur complète mise hors d’état de nuire », a ajouté l’armée béninoise, indiquant que « les recherches se poursuivent en vue de mieux faire face à la menace dans la région ».

Depuis plusieurs mois, la poussée jihadiste au Burkina menaçait de pénétrer dans les frontières béninoises. En décembre 2021, un assaut a causé la mort de deux soldats et d’un assaillant à Porga, dans le Nord du pays, à la lisière du pays des Hommes intègres. Plusieurs sources sécuritaires avaient attribué le raid à l’un des groupuscules affiliés au Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (Gsim).

Côte d’Ivoire : « aucun étranger » parmi les soldats ivoiriens détenus au Mali (Gvt)

Pour le gouvernement, pour être membre de la Fonction publique en Côte d’Ivoire, il faut être d’abord Ivoirien, or les militaires sont des agents de l’Etat.Interrogé par un journaliste, à l’issue d’un Conseil des ministres mercredi, le porte-parole du gouvernement ivoirien M. Amadou Coulibaly, a déclaré que selon les textes en Côte d’Ivoire « nul ne peut appartenir à la Fonction publique s’il n’est national de ce pays ».

« Pour être membre de la Fonction publique ivoirienne, il faut d’abord être Ivoirien », a-t-il insisté, avant d’ajouter que « les militaires sont des agents de l’Etat, ils sont des fonctionnaires et leur corps étant encore plus particulier ».

Il a soutenu que « ces militaires Ivoiriens sont bel et bien Ivoiriens », tout en faisant observer qu’« en dehors des pays qui disposent de légions étrangères où la loi de leur pays leur permet d’avoir des gens d’autres nationalités, dans tous les Etats du monde pour appartenir à l’armée, il faut être national de ce pays ».

Le 10 juillet 2022, 49 militaires ivoiriens ont été arrêtés, en début d’après-midi, à l’Aéroport International de Bamako. Ces soldats ont été présentés par les autorités maliennes comme des mercenaires. Avec la médiation togolaise, trois soldates ont été libérées.

Le gouvernement ivoirien avait réagi le mardi 12 juillet 2022 à travers le Conseil national de sécurité (CNS) qui a produit un communiqué en indiquant qu’il s’agit de « militaires régulièrement inscrits dans l’effectif de l’armée ivoirienne qui se trouvent au Mali ». 

Selon l’Etat ivoirien ces soldats interviennent dans le cadre des opérations des Eléments nationaux de soutien (NSE) et que « la présence de ce détachement des éléments NSE est conforme aux mécanismes des missions de maintien de la paix et est bien connu des autorités maliennes ». 

Malgré les éclairages apportés par les autorités politiques et militaires ivoiriennes ainsi que les appels d’institutions internationales à la libération des prisonniers, les dirigeants maliens campent sur leur position, invoquant que la présence de ces soldats ivoiriens ne saurait se justifier.