Mali : Universal Music Africa suspend toute collaboration avec Sidiki Diabaté

Le label de musique Universal Music Africa, dans un communiqué parvenu à APA, annonce avoir suspendu toute collaboration avec l’artiste malien Sidiki Diabaté, accusé de séquestration et violence conjugale par son ex-compagne.Cette décision fait suite à l’interpellation et au placement en garde à vue de jeune musicien, lundi dernier, par la Brigade d’intervention judiciaire du Mali. C’est une descente aux enfers qui continue donc pour Sidiki Diabaté qui a déjà été exclu des concours « Afrimma 2020 » et « Primud ». Ses concerts au Togo et en Guinée étant également annulés. 

Tout en condamnant les agissements de Sidiki Diabaté, la star malienne, Oumou Sangaré, s’est excusée auprès de Mamasita « qui est la seule et unique victime dans cette histoire ». 

« Il est important pour moi de parler en tant que femme mais surtout en tant que mère. Sidiki est un fils pour moi, quand il agit bien, je le félicite; mais je n’accepterai pas qu’il ait un mauvais comportement envers qui que ce soit. Le pouvoir et la notoriété n’excusent rien, mais je suis obligée, en tant que mère de demander pardon pour lui tout en condamnant ce qui a été fait », a-t-elle déclaré.

Mali : un officier à la retraite pour diriger la transition

Bah N’daw, colonel-major à la retraite et ancien ministre de la Défense, a été choisi lundi 21 septembre pour diriger une transition vers le retour à l’ordre constitutionnel au Mali.Ce n’est pas un anonyme. Ce n’est pas non plus une célébrité. Le Colonel-Major à la retraite, Bah N’daw, qui a été désigné lundi 21 septembre 2020 pour occuper la fonction de chef de l’État durant la période de transition censée conduire le Mali vers un retour à l’ordre constitutionnel, après la démission forcée par l’armée du président contesté Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), le 18 août dernier, ne figurait sur aucune de ces nombreuses listes de favoris ou pressentis qui circulent à Bamako jusqu’ici pour occuper un tel poste. L’officier retraité devrait être secondé par le chef actuel de la junte, le colonel Assimi Goïta, comme vice-président.

Selon ce dernier, qui a personnellement annoncé la nouvelle sur les antennes de la télévision nationale, une « cérémonie de prestation de serment aura lieu le vendredi 25 septembre ».

Natif de San, dans la région de Ségou, Bah N’daw, issu de la minorité apparentée au groupe Senoufo, les Minianka, présents aussi comme leurs « cousins » au Burkina et en Côte d’Ivoire, est diplômé de la 7e promotion de l’École Militaire Interarmes (EMIA) de Koulikoro, à 70 kilomètres environ de Bamako. Ancien pilote de l’armée de l’air, celui qui vient juste d’avoir 70 ans en août dernier, a poursuivi une formation de perfectionnement dans l’ex-Union soviétique avant de passer par l’École de guerre de Paris.

Ancien aide de camp de l’ex-président décédé la semaine dernière, Moussa Traoré, l’officier à la retraite est réputé intègre, compétent et très attaché aux lois et règlements. Selon plusieurs sources maliennes, ce trait de caractère explique d’ailleurs « ses multiples démissions à chaque fois qu’il s’est trouvé face à un problème de conscience », y compris lorsqu’il officiait aux côtés de l’ancien président Traoré alors redouté de tous. Ou encore quand il était ministre de la Défense sous IBK. Il avait été appelé à ce poste en remplacement de Soumeylou Boubèye Maïga forcé alors à quitter ses fonctions après la débâcle de l’armée malienne en mai 2014 à Kidal (ville sous contrôle de l’ex-rébellion touarègue) lors d’une visite visiblement mal préparée de l’ancien Premier ministre Moussa Mara. Selon plusieurs sources à Bamako, son départ du ministère de la Défense résulte d’un différend sur l’application de certaines mesures contenues dans l’accord de paix négocié à Alger (Algérie) puis signé à Bamako en 2015 entre le gouvernement malien et les anciens groupes rebelles. N’daw, qui serait profondément hostile à plusieurs dispositions de cet accord, aurait catégoriquement refusé d’intégrer d’anciens rebelles touaregs ayant par le passé servi au sein des forces armées régulières avant de rejoindre la rébellion en 2012.

Après de longues semaines de discussions avec les différents acteurs politiques, civils, religieux et partenaires étrangers du Mali, la junte avait organisé les 10,11 et 12 septembre dernier des « journées de concertation nationale » à l’issue desquelles une transition d’une durée de 18 mois a été décidée et un profil de président de la transition dessiné. Selon le document final, adopté lors de ces trois jours d’âpres discussions, il a été décidé que le président de la transition soit de nationalité malienne, âgé de 35 à 70 ans, être réputé intègre, de bonne moralité et ne jamais avoir été condamné pénalement. Ce qui de l’avis d’une bonne partie des Maliens semble être le cas de l’ancien haut gradé à la retraite, qui a d’ailleurs plusieurs fois été décoré durant sa longue carrière de militaire : Officier de l’Ordre national, médaillé du Mérite militaire et titulaire d’une médaille du Mérite national. Selon les conclusions de ces fameuses journées de concertation, l’ensemble des futurs membres du gouvernement de transition doivent obéir aux mêmes critères, y compris le Premier ministre.

S’il est fort probable que la nomination de Bah N’daw comme président de la transition soit acceptée par les Maliens, surtout que cette désignation est l’œuvre d’un collège comprenant d’éminentes personnalités comme le très influent Imam Mahmoud Dicko et l’archevêque de Bamako, il reste un cap décisif que la junte doit faire passer pour cette décision : la validation par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Mandatée par la communauté internationale pour parvenir à un retour à une vie constitutionnelle normale, celle-ci avait pris une série de sanctions à l’égard du Mali, dont la fermeture totale des frontières aériennes et terrestres ainsi que la suspension de certaines transactions financières et commerciales avec Bamako. Après avoir tenté, avant de se résigner, de forcer les militaires à rétablir le président déchu au pouvoir, l’organisation régionale avait finalement conditionné la levée des sanctions prononcées à la nomination d’un président et d’un Premier ministre de transition non militaires mais civils. Un mini-sommet, tenu la semaine dernière à Accra, au Ghana, auquel le chef de la junte s’était personnellement rendu, avait réitéré de telles exigences. A l’issue d’une nouvelle visite attendue la semaine prochaine du médiateur de la Cedeao chargé de la crise malienne, l’ancien président du Nigeria Goodluck Jonathan, les Maliens sauront si le choix d’un militaire retraité comme chef de l’État de la transition est une bonne ou mauvaise nouvelle pour tous. Leurs voisins et eux.

Mali : le président et le vice-président de la transition connus

Le Conseil National pour le Salut du Peuple (CNSP), sur sa page Facebook, a informé de la désignation de Bah Ndaw et du Colonel Assimi Goïta respectivement aux postes de président et de vice-président de la transition.C’est la fin d’un suspense. Un mois après la destitution, par l’armée, du président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), un collège mis en place par la junte militaire au pouvoir a choisi, ce lundi 21 septembre, ces deux personnalités devant conduire la transition politique.

Colonel-major à la retraite, Bah Ndaw est un ancien ministre de la Défense. Il avait succédé à ce poste à Soumeylou Boubèye Maïga. Né en 1950 à San, dans la région de Ségou, le Colonel-major a fait carrière dans l’armée de l’air malienne. Dans le passé, il a également été l’aide de camp du président Moussa Traoré décédé le 15 septembre dernier à Bamako, la capitale.

Sous la présidence d’Alpha Oumar Konaré, Bah Ndaw a été promu chef d’état-major adjoint de l’aviation. À sa retraite, il a dirigé l’Office national des anciens combattants (Onac). Le Colonel-major est médaillé du mérite militaire, du mérite national et a été élevé au rang d’officier de l’Ordre national.

Le vice-président de la transition n’est autre qu’Assimi Goïta. Ce colonel des Forces armées maliennes (Fama) est le président du Conseil National pour le Salut du Peuple (CNSP) au sein duquel sont regroupés les putschistes.

La période transitoire, contenue dans la Charte adoptée au terme des « journées de concertation nationale », doit durer dix-huit mois. Pour l’heure, le Premier ministre de la transition n’est pas encore désigné.

La Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (Cedeao) avait exigé la nomination de civils à la direction de la transition avant de lever les sanctions économiques infligées au Mali au lendemain du coup d’État contre Ibrahim Boubacar Keïta. La cérémonie de prestation de serment du président et du vice-président de la transition devrait se tenir vendredi prochain.

Mali : Cheikh Tidiane Gadio, « Envoyé spécial » de l’OIF

L’ancien chef de la diplomatie sénégalaise, Cheikh Tidiane Gadio, va conduire la médiation de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) pour la « restauration des institutions démocratiques au Mali ».L’OIF veut être parmi les acteurs de premier plan engagés dans la résolution de la crise malienne. Elle a jeté son dévolu sur le ministre des Affaires étrangères du Sénégal de 2000 à 2009 pour porter sa voix sur ce dossier.

Actuel vice-président de l’Assemblée nationale du Sénégal, M. Gadio ne va d’ailleurs pas perdre de temps, puisqu’il « conduira dans les prochains jours une mission de haut niveau à Bamako », renseigne le communiqué parvenu lundi à APA.

Au début de la crise politique, il y avait accompagné son compatriote, le président Macky Sall, lors de la visite des chefs d’Etat de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao).

Il sera cette fois dans la délégation de l’OIF qui comprendra également Nadia El Yousfi, Députée au Parlement bruxellois et au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, membre du Bureau de la Commission des affaires parlementaires de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie (APF) et de Moha Ouali Tagma, Ambassadeur de Sa Majesté le Roi du Maroc auprès de la République fédérale du Nigéria et de la Cedeao à Abuja.

Selon l’OIF, Cheikh Tidiane Gadio dispose d’une très riche expérience diplomatique, ayant conduit de nombreuses missions de médiation et de facilitation, notamment pour l’Union africaine (UA), la Cedeao et l’Organisation de la Coopération Islamique (OCI). Il préside par ailleurs l’Institut Panafricain de Stratégie Paix-Sécurité-Gouvernance (IPS).

Sa désignation par la Secrétaire générale, Louise Mushikiwabo, « s’inscrit dans le cadre de la résolution adoptée le 25 août par la 111ème session extraordinaire du Conseil permanent de la Francophonie (CPF), pour soutenir le processus de restauration des institutions démocratiques au Mali et contribuer à trouver des solutions de sortie de crise durables et crédibles prenant en considération les attentes des citoyens maliens ».

« En étroite coordination avec les partenaires internationaux, tout principalement la Cedeao et l’Union Africaine, l’Envoyé spécial sera chargé d’appuyer la Secrétaire générale de la Francophonie dans l’accompagnement du processus de transition civile », explique le communiqué.

Au Mali, le pouvoir est depuis le 18 août entre les mains d’une junte militaire qui a précipité la chute de l’ex-président Ibrahim Boubacar Keita après plusieurs mois de contestation de la rue.

La Cedeao a depuis pris des sanctions sévères dont un embargo économique contre le pays en vue d’amener les militaires du Comité national pour le salut du peuple (CNSP) à organiser rapidement la transition civile du pouvoir.

L’ultimatum fixé aux putschistes arrive d’ailleurs à expiration demain mardi 21 septembre, veille du 60e anniversaire de l’indépendance du pays.  

Mali : la Cedeao ne cède pas devant la junte

La junte au pouvoir à Bamako depuis un mois doit renoncer à la direction de la transition politique selon la Cedeao.La Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (Cedeao) serre la vis. L’organisation régionale, dans le communiqué du mini-sommet tenu mardi 15 septembre au Ghana, a conditionné la fin des sanctions contre le Mali à la désignation de deux civils aux postes de président et de Premier ministre de la transition.

Au lendemain de cette réunion à huis clos à laquelle a participé le Conseil National pour le Salut du Peuple (CNSP), la junte militaire au pouvoir suite au renversement, le 18 août dernier, du président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), a officiellement réagi mercredi lors d’une conférence de presse organisée à Kati, leur quartier général situé à une vingtaine de kilomètres de la capitale Bamako.

Le Colonel-Major Ismaël Wagué, porte-parole du CNSP, raconte les négociations avec les chefs d’État ouest-africains : « Nous avons demandé la levée ou l’allègement des sanctions. Il nous ont répondu qu’ils prendront une décision dès la mise en œuvre des mesures nécessaires ».

Le porte-parole de la junte de Bamako a précisé aussi que « nous avons clairement dit à la Cedeao que nous sommes au service du peuple. Étant donné que la majorité a parlé d’une transition militaire, nous avons suggéré que l’on puisse aller dans ce sens. Notre option avouée est d’être du côté de la majorité. La Cedeao a refusé. Nous ne pouvions pas décider sur place. Nous avons donc promis de revenir et discuter conformément à ce qui il y a dans la charte (de la transition) ».

Ce document de base, adopté au terme des « journées de concertation nationale », permet aussi bien à un civil qu’à un militaire de diriger la transition politique.

L’ultimatum de la Cedeao est arrivé à expiration mais la junte militaire prévoit d’entamer, « dès aujourd’hui, la mise en place d’un collège pour installer les organes et choisir les personnalités de la transition ».

Mali : La CEDEAO donne 18 mois à la junte pour achever la transition politique

L’Autorité des chefs d’Etat et de gouvernement de la Communauté économique de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a donné aux militaires maliens 18 mois maximum à compter du 15 septembre 2020 pour achever le programme de transition politique.Le communiqué publié à l’issue du mini-sommet entre huit chefs d’État et de gouvernement de la CEDEAO et les membres du Comité national pour le salut du peuple (CNSP), mardi à Aburi, au Ghana par la Commission de la CEDEAO, a déclaré : « Une fois qu’une transition dirigée un civil est mise en place, l’instance sous-régionale  accompagnera pleinement la République du Mali vers le rétablissement de l’ordre constitutionnel, conformément aux protocoles pertinents de l’organisation.

« En ce qui concerne les sanctions, conformément aux décisions de l’Autorité des chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO, ces sanctions seront levées immédiatement lorsque le président de transition et le Premier ministre seront effectivement désignés ».

Le communiqué indique que le mini-sommet a pris note de la présentation par le CNSP des résultats du forum consultatif national sur l’architecture de la transition politique et a déclaré que « cette transition politique sera dirigée par un civil, conformément aux décisions de l’Autorité de la CEDEAO. A cet égard, aussi bien le Président que le Premier Ministre de la transition seront des civils pendant toute la période. La nomination de ces deux personnalités clés se fera immédiatement.

« Le vice-président de transition prévu dans la Charte de transition ne remplacera en aucun cas le président de transition. Le CNSP sera dissous dès que la transition civile sera mise en place.

Selon le même communiqué, les chefs d’Etat et de gouvernement ont exprimé leur gratitude au Dr Goodluck Ebele Jonathan, ancien président de la République fédérale du Nigeria et médiateur de la CEDEAO sur la crise politique au Mali et l’ont encouragé à poursuivre ses efforts de médiation et à accompagner l’Administration transitoire dirigée par un civil pour assurer un retour rapide à l’ordre constitutionnel au Mali.

Il a également été demandé au Médiateur d’entreprendre une mission à Bamako dans un délai d’une semaine pour évaluer l’état de mise en œuvre des mesures ci-dessus.

Le mini-sommet a rappelé la décision de l’Autorité sur le Comité de suivi, composé du Médiateur, du Président du Conseil des Ministres, du Président de la Commission de la CEDEAO et des Représentants de l’Union africaine et des Nations Unies au Mali et a appelé à sa mise en place rapide.

Le mini-sommet a également appelé toutes les parties prenantes maliennes à travailler ensemble pour un retour rapide à l’ordre constitutionnel au Mali.

Les chefs d’Etat et de gouvernement ont également exprimé leur gratitude au président Nana Addo Dankwa Akufo-Addo, et président de l’Autorité des chefs d’Etat et de gouvernement de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO), pour avoir organisé la rencontre.

Mali : la Cedeao maintient les sanctions

La Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (Cedeao) lie la levée des sanctions contre le Mali à la direction civile de la transition.Le flou persistant sur l’identité des personnes chargées de mener la transition politique au Mali joue en défaveur de la junte militaire ayant renversé, le 18 août dernier, le président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK).

Ce mardi 15 septembre, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (Cedeao), lors d’une réunion consultative sur la situation politique au Mali, est restée ferme sur ses positions.

À l’issue de cette rencontre à huis clos tenue à Aburi, dans l’est du Ghana, Kalla Ankouraou, le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération, de l’Intégration africaine et des Nigériens de l’Extérieur, a déclaré : « Nous pensons que ce sommet (sur le Mali) va être le dernier parce qu’il ne restait qu’un seul point (la direction de la transition) par rapport auquel la junte a demandé de lui donner le temps d’aller faire un compte rendu aux autres acteurs maliens. Ils ont demandé à ce que l’embargo soit progressivement levé, et le sommet a dit (que ce sera fait) dès demain (mercredi) à minuit s’ils désignent des civils aux postes de président et de Premier ministre de la transition ».

Poursuivant, M. Ankouraou a rapporté que « les décisions prises par le dialogue malien (journées de la concertation nationale) sont assez proches de celles de la Cedeao ». Toutefois, les présidents ouest-africains ont insisté pour que « les dirigeants délégués par la junte puissent faire le nécessaire pour convaincre l’opinion malienne et surtout les membres de la junte à faciliter la tâche de la Cedeao ».

L’organisation régionale, lors de son 57e Sommet ordinaire organisé la semaine dernière à Niamey (Niger), avait exigé des putschistes le choix, au plus tard ce 15 septembre, de deux personnalités civiles pour diriger la transition politique.

Le dialogue intermalien initié par le Conseil National pour le Salut du Peuple (CNSP), la structure de la junte au pouvoir, a abouti sur l’adoption de la Charte de la transition d’une durée de 18 mois. Ce document dispose que la direction de la transition peut être confiée à un civil ou à un militaire.

Sur Twitter, le chef de l’État du Sénégal, Macky Sall, a salué les « décisions consensuelles » issues de ce sommet restreint. Outre le président sénégalais, Alpha Condé (Guinée), Roch Marc Christian Kaboré (Burkina Faso), Alassane Ouattara (Côte d’Ivoire), Faure Gnassingbé (Togo), Mahamadou Issoufou (Niger) et Yemi Osinbajo, le vice-président du Nigeria ont répondu à l’invitation de leur homologue ghanéen, Nana Addo Akufo-Addo, président en exercice de la Cedeao.

Dans un communiqué sanctionnant ce mini-sommet, l’organisation régionale recommande que le CNSP soit dissout « dès le démarrage de la transition civile ».

Côte d’Ivoire : les acteurs frontaliers formés à la cohabitation pacifique aux frontières

Quelque 146 acteurs frontaliers composés des leaders communautaires, des forces de défense et de sécurité, des guides religieux ainsi que du corps préfectoral des sous-préfectures de Sikolo (Kong), Katogo (M’bengué) et Mahandiana sokourani (Kaniasso), trois localités issues des régions frontalières du Tchologo, du Poro et du Folon ont été formés et impliqués dans la cohabitation pacifique aux frontières.Ces  séances de formation ont été assurées les 11, 12 et 14 septembre  par le secrétariat exécutif  de la Commission nationale des frontières de la Côte d’ivoire (CNFCI) dans le cadre de la mise en œuvre du projet « sensibilisation à la cohabitation pacifique  et à la lutte contre la covid-19 dans les régions frontalières » financé par la coopération allemande  à travers la GIZ, rapporte une note d’information transmise à APA, mardi.

Elles ont été l’occasion pour les participants d’échanger avec la CNFCI sur les différents problèmes qu’ils rencontrent au quotidien. Il en ressort que cette région nord du pays est en proie à l’insécurité frontalière avec comme lot commun les attaques meurtrières  notamment celle qu’a connu le village de Kafolo, les conflits fonciers, les tentatives d’annexion d’une partie du  territoire ivoirien et la crainte des menaces terroristes.

En effet, selon Téhoulé N’guessan Augustin, préfet du département de M’bengué, l’on dénombre de récurrents conflits fonciers entre les villages ivoiriens et maliens dont le plus récent est le litige foncier qui oppose le village de N’gandaman dans la sous-préfecture de Bougou en Côte d’Ivoire   et celui de Dovong au Mali.

 « En 2019, le bilan des affrontements entre ces deux villages frontaliers aurait fait plusieurs blessés » a-t-il expliqué en préconisant la matérialisation des frontières pour résoudre durablement ces problèmes.

Les villages frontaliers de Ouelli et Ouanguemin dans la sous-préfecture de Mahandiana Sokourani ont également eu  maille à partir avec un village  du mali en raison d’un litige foncier vieux de plus de 20 ans. A en croire Doumbia Témaha et Koné Diamah, chefs de ces villages, cette situation couve toujours.

Prenant la parole à ces différentes séances,  Diakalidia Koné,  secrétaire exécutif de la Commission nationale des frontières de la Côte d’ivoire (CNFCI),  a déploré cette situation d’insécurité aux frontières.

Poursuivant, il a au nom du premier ministre, ministre de la défense, Hamed Bakayoko, président de la CNFCI, rassuré les populations frontalières  sur la prise en compte de leur sécurité par le gouvernement à travers la création de la CNFCI avant de les impliquer dans la lutte pour  la sécurité et la cohabitation pacifique avec leurs voisins.

« La sécurité n’est pas seulement l’affaire des forces de défense et de sécurité seules, mais plutôt l’affaire de tous. C’est pourquoi, nous devons tous nous mobiliser et nous impliquer véritablement pour ramener pacifiquement la paix et la sécurité à nos frontières. Cela est possible à travers la prévention des conflits, le règlement pacifique des conflits, la vigilance et la franche collaboration des populations avec les autorités administratives et sécuritaires locales. La CNFCI est créée pour apporter le développement à nos frontières, mais sans la sécurité et la paix, on ne peut pas amorcer le développement dans les espaces frontaliers » a-t-il conclu en les exhortant à vivre en paix avec leurs voisins  tout en étant cependant vigilants.

M. Konaté a enfin remis aux participants des kits sanitaires contre la covid-19 composés de gel hydro alcooliques, de seaux d’hygiènes, de thermomètres et de papiers hygiéniques.

Auparavant, le formateur, Michel Séka a instruit les participants sur les rôles des acteurs dans la prévention et résolution des conflits, les  outils de la prévention des conflits  et les  méthodes de la résolution de ces conflits.

A l’en croire,  « il faut prévenir les conflits à travers notamment les alertes précoces, le dialogue intercommunautaire entre les populations par l’activation des comités de paix et les alliances ethniques. En cas de survenance  de conflits, procéder aux règlements des conflits au double niveau frontalier et transfrontalier. Ces niveaux sont : le règlement au niveau du chef de famille, de quartier, de village. En cas d’échec, porter le différend à la connaissance du sous-préfet de sa localité   et du préfet plus tard  si une solution n’est pas trouvée. »

Il a enfin exhorté les  chefs traditionnels, guides religieux, femmes et jeunes à dire « non » à l’utilisation des méthodes  violentes pour la résolution des conflits, mais également « non » à la diffusion des rumeurs et « oui » au vivre ensemble et à la cohabitation pacifique.

Imprégnés de cette formation, les participants ont promis utiliser ces connaissances acquises pour servir d’acteurs de paix  et de sécurité dans leur village respectif.

 « Les passages non officiels font que chaque jour nous enregistrons des entrées dans nos villages malgré la fermeture des frontières. Nous avons aussi beaucoup de problèmes fonciers et d’annexion de territoire. Par le passé, nous utilisions la violence qui ne nous rendait pas service », a souligné Bamba Tiémoko, chef du village de Kafolo  et président de l’association des chefs de village de la sous-préfecture de Sikolo.   

« Avec la formation que nous venons de recevoir, nous avons les outils et les méthodes pour régler pacifiquement  les conflits et litiges que nous allons avoir avec les villages des pays voisins qui sont aussi nos frères. Nous serons aussi vigilants et nous allons collaborer avec les autorités » a-t-il promis.

 La Commission nationale des frontières de la Côte d’Ivoire (CNFCI) a pour mission d’assister le gouvernement dans la conception, la définition et la mise en œuvre des politique et stratégie nationales des frontières.

Elle est chargée notamment de faire des suggestions ou propositions au gouvernement en matière de délimitation, de matérialisation et de gestion des frontières. La CNFCI a également pour mission de veiller à la mise en œuvre effective des politique et stratégie nationales par le Secrétariat exécutif.

Enfin, la Commission nationale des frontières de la Côte d’Ivoire doit veiller à la prévention et au règlement des litiges frontaliers pouvant surgir entre la Côte d’Ivoire et les pays limitrophes.

Mali : décès de l’ex-chef de l’État Moussa Traoré

L’ancien président de la République du Mali, Moussa Traoré, est mort ce mardi 15 septembre à l’âge de 84 ans.La disparition de l’auteur du premier coup d’État de l’histoire du Mali, en 1968, intervient au moment où ce pays cherche une issue à une crise sociopolitique. Celle-ci a conduit au renversement, le 18 août dernier, du président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK).

Le chef de la junte militaire au pouvoir, le colonel Assimi Goïta, s’est rendu ce mardi à Accra (Ghana) pour discuter de la transition politique avec les chefs d’État de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (Cedeao).

L’ultimatum de l’organisation régionale, pour la désignation de deux civils aux postes de président et de Premier ministre de la transition, arrive à expiration aujourd’hui.

Né le 25 septembre 1936, le Général Moussa Traoré avait destitué Modibo Keïta, le père de l’indépendance du Mali. Il perdra à son tour le pouvoir, en 1991, à la suite d’un coup d’État militaire. Tombé en disgrâce, Moussa Traoré fera ensuite l’objet d’une condamnation à mort et doit son salut au président Alpha Oumar Konaré qui l’a gracié en 2002.

Sur sa page Facebook, le Comité National pour le Salut du Peuple (CNSP), mis sur pied par les putschistes, a présenté « ses condoléances les plus attristées à (la) famille durement éprouvée et à l’ensemble du peuple malien », avant de prier pour « le repos éternel » de l’âme du défunt.

La Cedeao doit prévoir la limitation des mandats présidentiels (expert)

Le fondateur du think tank sénégalais Afrikajom, Alioune Tine, appelle la Cedeao à inscrire dans son agenda la question de la limitation des mandats présidentiels pour éviter les tensions sociopolitiques causant des morts.« Je pense qu’il faudra aujourd’hui réinscrire dans l’agenda du sommet de la Cédéao la question de la limitation du mandat et la régler pour de bon. Et moi, j’ai été extrêmement satisfait d’avoir entendu le président Buhari interpeller ses collègues chefs d’État pour dire: que nous autres, quand même leaders des États membres de l’Afrique de l’Ouest, nous devions respecter notre Constitution », a salué l’un des principaux leaders de la société civile sénégalaise dans une interview avec RFI, faisant savoir son appréciation pour ce « bon début ».

Alioune Tine rappelle par ailleurs que l’organisme sous-régional s’était déjà lancé dans cette voie, mais qu’il n’avait pas eu les résultats escomptés. « Il y avait un sommet en 2015 pour que la limitation du mandat soit inscrite dans le protocole additionnel sur la gouvernance et la démocratie. Il y a deux pays qui étaient contre, c’était la Gambie et le Togo ». 

Depuis lors, Banjul a connu un changement de régime avec l’arrivée au pouvoir en 2016 d’Adama Barrow à la place de Yaya Jammeh, après qu’il fut forcé de partir par la Cedeao. A Lomé cependant, Faure Gnassingbé est l’indéboulonnable président depuis la mort de son père en 2005.

Ainsi pour Alioune Tine, il urge d’aller vers la limitation des mandats présidentiels, ne serait-ce que pour sauver des vies dans les pays touchés par cette question d’actualité.

Le think tank qu’il dirige a récemment produit un rapport annuel passant au crible « les nouvelles pathologies de la démocratie en Afrique de l’ouest », marquées notamment par la crise de l’Etat de droit, la démocratie représentative et la gouvernance. Ce document souligne que ce sont les troisièmes mandats qui font aujourd’hui des morts mais pas les coups d’État militaires. 

« Le coup d’État réparateur au Niger en 2009-2010 n’a fait aucun mort. Au Mali, le coup d’État a fait quatre morts, mais quand le président Alassane Ouattara de Côte d’Ivoire dit qu’il va participer à l’élection présidentielle pour un troisième mandat, il y a eu immédiatement des manifestations, des violences qui ont fait 26 morts, beaucoup de blessés, et avec beaucoup d’opposants et d’activistes des droits humains qui sont aujourd’hui en prison. Cela rappelle les vieux démons de la Côte d’Ivoire en 2010. Le risque de rechute, il est réel », analyse M. Tine.

« Nous pensons qu’en Côte d’Ivoire, aujourd’hui, il faut absolument reporter l’élection présidentielle et discuter, débattre du processus électoral qui est contesté », préconise-t-il, appelant en outre les chefs d’État à examiner la question du troisième mandat qui embrase également la Guinée de Alpha Condé.

« Depuis le début, quand on a planifié le referendum et les élections législatives et les manifestations, ça a fait plus de 50 morts, des dizaines de personnes qui sont en prison. Je pense que c’est extrêmement grave pour que la Cédéao et la communauté internationale commence à opiner là-dessus, pour créer les conditions d’une sanction pour des présidents qui sont des présidents qui sont des présidents dérégulateurs », a dit l’ancien directeur d’Amnesty International en Afrique de l’Ouest.

Outre ces pays, au Niger le président Mahamadou Issoufou réaffirme à chaque fois sa volonté de ne pas briguer un troisième mandat. Il a même fait emprisonner des proches qui l’encourageaient à emprunter cette piste.

Pour son homologue sénégalais Macky Sall, sa dernière réponse sur la question fut « ni oui ni non », suscitant ainsi des doutes auprès de l’opinion et ses adversaires qui ruent dans les brancards. Alioune Tine tempère toutefois : « Je peux comprendre le président avec son gouvernement et les ambitions qu’il y a au sein de son parti pour dire +écoutez, on travaille et que les gens qui ont envie de faire campagne n’ont qu’à quitter mon gouvernement pour y aller+ ». 

« Cela dit, tous les présidents du Sénégal ont enlevé la limitation du mandat. Senghor l’a enlevé, Diouf en 1999 l’a enlevé, mais il a été battu par Wade en 2000. Wade l’a enlevé, il a été battu aussi en 2012. Donc, le président Macky Sall n’a pas le droit à l’erreur. Et également son rôle historique, aujourd’hui, c’est de respecter la limitation du mandat et se l’appliquer à lui-même », a indiqué le fondateur de Afrikajom.

Mali : le M5-RFP rejette le plan de transition de la junte

Le Mouvement du 5 juin – Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP) prend le contre-pied de la charte de la transition adoptée à l’issue « des journées de la concertation nationale ».Les dissensions se font jour au Mali. Dans une déclaration datée du 12 septembre, le Mouvement du 5 juin – Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP) « se démarque du document produit (la charte de la transition) qui ne reflète pas les points de vue et les décisions du peuple malien ».

Pour ce collectif d’opposants politiques, d’activistes de la société civile et de religieux dont les nombreux rassemblements à la Place de l’indépendance de Bamako ont précipité le renversement par l’armée du président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), « le document final lu lors de la cérémonie de clôture (des journées de la concertation nationale) n’était pas conforme aux délibérations issues des travaux des différents groupes ».

Parmi les points essentiels non inscrits dans la charte de la transition figurent « la reconnaissance du rôle du M5-RFP et des martyrs dans la lutte du peuple malien pour le changement, le choix majoritaire d’une transition dirigée par une personnalité civile et le choix d’un Premier ministre civil ».

Le Comité stratégique du M5-RFP « dénonce aussi les rajouts à la charte qui n’ont jamais été soumis à débats ». Ils sont relatifs aux prérogatives du vice-président de la transition, à la composition et au mode de désignation des membres du collège devant choisir le président de la transition et à l’acte fixant la clé de répartition entre les composantes du Conseil national de la transition.

Dans son réquisitoire, le M5-RFP « condamne la non prise en compte de nombreux points qui n’avaient fait l’objet ni de rejet ni même de réserve dans aucun groupe (de discussions) ». C’est le cas notamment des Assises nationales, de l’organe de gestion du mécanisme de veille sur la transition et de la Cour constitutionnelle.

En définitive, le M5-RFP voit dans cette démarche une « volonté d’accaparement et de confiscation du pouvoir au profit du CNSP », le Comité National pour le Salut du Peuple créé par la junte militaire ayant destitué IBK et qui dirige le pays depuis le 18 août dernier.

Le mouvement contestataire remarque que ses membres font l’objet « d’intimidations » mais entend combattre « les pratiques antidémocratiques et déloyales contre lesquelles la lutte pour le changement et la refondation a été enclenchée ».

La charte de la transition a été approuvée samedi 12 septembre à l’issue de trois jours de concertations nationales au Centre International de Conférences de Bamako (CICB). Ce document de base fixe à dix-huit mois la durée de la transition politique et permet au CNSP de former un comité chargé de choisir « un président civil ou militaire » pour mener la transition.

La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao) avait, lors de son dernier Sommet ordinaire tenu la semaine dernière à Niamey (Niger), exigé la désignation de deux personnalités civiles aux postes de président et de Premier ministre de la transition.

Une délégation de la junte malienne doit se réunir, mardi 15 septembre, avec les dirigeants de l’organisation régionale dans le but de les convaincre d’accompagner la transition envisagée et de lever les sanctions prononcées contre Bamako au lendemain du putsch, dont la suspension des flux financiers et la fermeture de toutes les frontières des pays membres avec le Mali.

Mali : un grand pas vers l’ordre constitutionnel

Au terme de trois jours de concertation nationale, le Mali a adopté une charte pour une transition politique de 18 mois.Est-ce le bout du tunnel pour le Mali ? Rien n’est moins sûr mais ce samedi 12 septembre, clôture « des journées de la concertation nationale », une charte a été approuvée. Ce texte détermine une période transitoire d’un an et demi et octroie à la junte au pouvoir la prérogative de mettre sur pied un comité chargé de choisir un président civil ou militaire pour mener la transition.

La charte dispose également que trois organes sont essentiels durant cette période. Il s’agit du président et de son vice-président ; du Conseil national de transition où siégeront 121 personnes issues notamment du M5-RFP (Mouvement du 5 juin- Rassemblement des Forces Patriotiques), les partis politiques, les journalistes, la société civile, les religieux, la diaspora, les jeunes et les femmes ; et d’un Premier ministre à la tête d’un gouvernement de 25 membres.

Dans son discours final, le colonel Assimi Goïta, le président du Conseil National pour le Salut du Peuple (CNSP), s’est engagé « à mettre en oeuvre l’ensemble de ces résolutions pour le bonheur du peuple malien ».

Quelques heures plus tôt, la Coordination des mouvements, associations et sympathisants de l’imam Mahmoud Dicko (Cmas) a posté un message aux allures de mise en garde sur le réseau social Facebook : « Les Maliens ont opté pour une transition civile ». Une publication aussitôt suivie de nombreux commentaires de Maliens qui mettent à nu les divergences entre les défenseurs d’une transition civile et les partisans d’une transition militaire.

La Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (Cedeao), lors de son dernier Sommet ordinaire des chefs d’État et de gouvernement tenu à Niamey (Niger), a réaffirmé sa position. L’organisation régionale a lancé un ultimatum à la junte militaire pour la désignation, au plus tard ce 15 septembre, de deux personnalités civiles qui occuperont les postes de président et de Premier ministre de la transition.

Crise sociopolitique : le Mali joue son avenir

La junte militaire au pouvoir recueille les points de vue des différentes composantes de la nation malienne pour asseoir la transition politique.Où va le Mali ? Trois semaines après la chute du président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), les Maliens cherchent encore une issue pour retrouver la voie censée les ramener vers un ordre constitutionnel normal. Les militaires, qui tiennent les rênes du pays depuis le 18 août, subissent la pression de forces intérieures comme le Mouvement du 5 juin – Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP), et de communauté internationale pour garantir les conditions d’une transition politique conduite par un civil.

Ce jeudi 10 septembre, le Centre International de Conférence de Bamako (CICB) a abrité les travaux sur la préparation de la transition dans le cadre des « journées de concertation nationale ». Une rencontre ouverte personnellement par le colonel Assimi Goïta, président du Conseil National pour le Salut du Peuple (CNSP).

D’emblée, le chef de la junte de Bamako a rappelé à ses compatriotes qu’ils sont « condamnés à réussir pour les futures générations ». Selon le colonel Goïta, le Mali se trouve à « un tournant important de (son) histoire ». C’est pourquoi, dit-il, toutes les forces vives de ce pays indépendant en 1960 doivent « laisser (leurs) différends de côté et saisir cette opportunité pour bâtir les jalons d’un Mali refondé sur le travail, l’efficience et la justice sociale, un Mali paisible, créatif et solidaire où il fait bon vivre ».

Lundi dernier, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (Cedeao) a tenu, à Niamey (Niger), son 57e Sommet ordinaire des chefs d’État et de gouvernement. L’organisation régionale a fixé un ultimatum à la junte militaire pour la nomination de deux civils, au plus tard ce 15 septembre, aux postes de président et de Premier ministre de la transition.

À cinq jours de la date butoir, Assimi Goïta a renouvelé la volonté de la junte « à participer à la mise en place d’une architecture de la transition. Et cela dans le strict respect de la volonté du peuple malien ».

Il a fait appel, pour atteindre cet objectif, à « l’esprit patriotique de tout un chacun » afin que soient adoptées « les bases des réformes politiques et institutionnelles nécessaires à la refondation » de la nation.

Pour le président du CNSP, « cette nécessité de refondation se justifie par la recherche d’une bonne gouvernance ». Et celle-ci placera les citoyens « au centre des politiques publiques ».

Au terme de trois jours d’échanges, une Charte de la Transition, dans laquelle seront consignées la nature (civile ou militaire) et la durée de la transition, doit être adoptée.

Le renversement d’Ibrahim Boubacar Keïta a plutôt bien été accueilli par de nombreux Maliens qui lui reprochaient sa gestion de la guerre contre le jihadisme, l’extension de la violence intercommunautaire, et son incapacité à apporter des réponses structurelles aux difficultés économiques de ce pays dépourvu de façade maritime et classé par l’Organisation des nations unies (Onu) parmi les plus pauvres du monde.

En ce qui concerne la durée de la transition, les putschistes auraient souhaité trois années correspondant au reste du mandat du président déchu. Une éventualité balayée d’un revers de main par la Cedeao qui réclame un retour à l’ordre constitutionnel au bout de douze mois au maximum.

En interne, le Mali semble divisé sur la durée et nature de la transition. Il y a d’un côté, les défenseurs d’une transition courte menée par un civil, et de l’autre les partisans d’une transition longue confiée aux militaires. Les uns craignent que la junte ne veuille se maintenir au pouvoir, les autres pensent qu’il faut du temps et de l’autorité pour redresser un pays malade.

Le temps est compté pour le Mali qui fait l’objet d’un embargo de la Cedeao sur les flux commerciaux et financiers.

Mali : la junte militaire a « une marge de manoeuvre très réduite » (spécialiste)

Boubacar Haïdara, jeune universitaire malien, analyse pour Apa News la décision récente de la Cedeao de lancer un ultimatum à la junte de Bamako pour désigner un gouvernement de transition dirigé par des civils.La Cedeao exige la nomination d’un président et d’un chef de gouvernement civils d’ici le 15 septembre pour gérer la transition vers un retour à l’ordre constitutionnel après le renversement par l’armée du président Ibrahim Boubacar Keïta dit IBK le 18 août dernier. Comment cette exigence a-t-elle été reçue au Mali ?

Cette exigence est reçue différemment selon qu’on soit pour ou contre une transition dirigée par les militaires. On constate que les Maliens sont aujourd’hui divisés sur la question. Compte tenu du fait que les acteurs politiques sont globalement jugés, à tort ou à raison, comme étant tous responsables de la faillite de l’État, une partie des Maliens se prononce en faveur d’une transition militaire, car estimant que seuls les militaires sont à mêmes de redresser le pays. D’ailleurs, ce 8 septembre a eu lieu sur la place de l’indépendance, à Bamako, une manifestation de soutien au Conseil National pour le Salut du Peuple (CNSP) organisée par le « mouvement du 4 septembre ».

Dans le contexte politique malien actuel, cette exigence est-elle réaliste ?

La Cedeao n’a pas d’autre choix que d’exiger le retour des civils au pouvoir. Il s’agit d’une de ses règles. Sa demande a toujours été très claire : « aucune structure militaire ne doit être au-dessus du président de la transition ». C’est d’ailleurs aussi ce qui est exigé par la communauté internationale dans son ensemble : la France, l’Onu etc. La démarche de la Cedeao consiste surtout à décourager une éventuelle propension des coups d’État dans son espace, le cas malien pouvant donner des idées ailleurs.

La junte, qui a pris le pouvoir le 18 août dernier, dispose-t-elle d’une marge de manœuvre face à la pression de la Cedeao ?

La junte ne dispose que d’une marge de manœuvre très réduite face à la Cedeao. Elle pourrait n’avoir d’autre choix que de céder le pouvoir aux civils, dans la mesure où la Cedeao en fait la condition de la levée des sanctions. Si tel n’est pas le cas, les effets des sanctions économiques ne tarderont pas à se faire sentir au sein de la population, ce qui ne sera pas une bonne chose pour le CNSP qui risquera alors d’avoir le peuple contre lui. Le Mali aura beaucoup de mal à se passer de ses relations avec les autres États membres de la Cedeao. La situation devient davantage difficile pour le CNSP, car la classe politique dans son ensemble (opposition et majorité) exige un pouvoir civil durant la transition.

Mali : « Je n’ai rien à voir avec le coup d’État contre IBK » (Boubèye Maïga)

L’ancien Premier ministre malien, dont la démission avait été exigée puis obtenue par ses adversaires, nie tout lien avec le coup d’État contre le président Keïta et met en garde contre la marginalisation de l’armée dans la gestion de la transition politique qui s’ouvre au Mali.Observant un silence presque absolu depuis qu’il a été forcé de quitter la primature en avril 2019, Soumeylou Boubèye Maïga (SBM) s’active beaucoup depuis le coup d’État militaire qui a renversé le 18 août dernier le président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), suite à une forte mobilisation populaire menée par une puissante coalition de partis politiques, d’activistes civils et de religieux influents. Ceux-là mêmes qui avaient obtenu sa propre tête en forçant IBK à le remplacer à la tête du gouvernement voici seulement quinze mois.

Le « tigre », comme le surnomment ses compatriotes, en raison de son impressionnante faculté à rebondir à chaque fois qu’il quitte, de gré ou de force, un de ces innombrables postes qu’il a occupés ces trente dernières années au cœur de l’État, reçoit et se déplace beaucoup. Y compris chez ses anciens adversaires comme l’Imam Mahmoud Dicko, le parrain des manifestants à l’origine de son éviction de la primature en avril 2019.

« J’ai reçu beaucoup de monde et j’ai visité certaines personnes, comme l’imam Mahmoud Dicko. Je le connais depuis la conférence nationale souveraine organisée en 1991 qui a jeté les bases du multipartisme et de la démocratie au Mali. Nous avons d’ailleurs travaillé ensemble sur la mise en place du Haut Conseil Islamique du Mali entre 1998 et 2000 dont il a été longtemps président. Nous avons toujours entretenu des relations de courtoisie et de considération. Nos désaccords fréquents, qui sont d’ailleurs assumés, ne nous empêchent pas d’avoir des rapports corrects, comme en toute démocratie. Parmi les gens avec lesquels j’ai discuté, il y a aussi des dirigeants de l’ancienne majorité présidentielle et de l’opposition. Les seuls avec qui je n’ai pas encore eu de contact sont les officiers militaires qui ont pris le pouvoir », confie cet homme auquel une rumeur tenace prête pourtant un rôle d’inspirateur, de parrain et d’éminence grise des putschistes.

« J’ai passé presque toute ma carrière au sein de l’État à travailler avec les militaires. Je connais la plupart de ces officiers aujourd’hui au pouvoir pour les avoir commandé soit directement soit indirectement. Mais cela ne fait pas de moi le commanditaire de leur coup. Je ne suis pas du genre à inspirer des coups d’État. Je n’ai aucun contact avec eux. Jusqu’à ce jour, je n’ai discuté avec aucun d’entre eux depuis le coup d’État. Il faut leur laisser la paternité de leur acte que je considère comme un acte patriotique », insiste l’ancien chef de gouvernement à la voix éternellement posée, aux mots toujours choisis et réputé sourire même quand il est profondément en colère.

Boubèye, qui se garde de tirer sur son ancien ami et compagnon du pouvoir, dit comprendre les raisons qui ont provoqué sa chute. « La situation était devenue intenable. Le pays était dans l’impasse. Le camp présidentiel et celui des manifestants se radicalisaient dangereusement. Le président IBK a tenté de faire des concessions. Mais elles ont souvent été insuffisantes ou tardives comme l’idée de démission de la trentaine de députés dont l’élection controversée est à l’origine des manifestations contre le président. Il fallait donc qu’un arbitre intervienne. C’est ce que l’armée a fait », analyse-t-il.

Boubèye, qui a été l’un des premiers hommes politiques à faire des propositions pour un retour à l’ordre constitutionnel, veut maintenant que « tout le monde accompagne les militaires pour organiser une transition consensuelle dans des délais raisonnables ».

Même s’il dit comprendre la suspension du Mali par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), qui a aussi fermé ses frontières avec le pays, l’ancien Premier ministre souhaite que l’organisation régionale parvienne rapidement à un compromis avec les putschistes pour la levée des sanctions.

« La Cedeao et les autres partenaires du pays doivent se montrer un peu plus ouverts et flexibles. Les militaires aussi. À la logique de punitions et de sanctions, je préfère une logique d’accompagnement et de soutien vers une transition apaisée », plaide-t-il.

Cet homme, qui depuis trente ans est au cœur ou autour du pouvoir au Mali, a-t-il une idée de l’architecture et des délais de la future période de transition censée ramener le pays vers un ordre constitutionnel ?

« Il y a des choses sur lesquelles, je pense que tout le monde est déjà d’accord ou presque. Le chef de l’État, qui doit assurer la transition, doit être un civil. Le Premier ministre aussi. Ce qui semble encore préoccuper est la place des militaires dans la transition. Personnellement, je pense qu’un vice-président militaire n’est pas une mauvaise idée. Les militaires pourraient aussi siéger au sein d’une sorte de Conseil national de transition chargé de jouer le rôle d’organe de législation à la place de l’Assemblée nationale dissoute par le président IBK lors de son discours de démission après l’intervention de l’armée. Il ne faut pas marginaliser les militaires », suggère cet ancien journaliste formé à Dakar et Paris, passé par le syndicalisme, puis la lutte pour la démocratie avant d’occuper plusieurs postes à responsabilité sous les différents présidents qui ont régné sur le Mali depuis la chute de l’ancien régime du parti unique du général Moussa Traoré au pouvoir de 1968 à 1991.

Selon certaines sources, Boubèye dont le goût pour le pouvoir est notoirement connu des Maliens, nourrit déjà l’objectif d’occuper le poste de chef de l’État ou de chef de gouvernement de la transition que les militaires se préparent à installer.

« A chaque jour suffit sa peine. Nous ne sommes pas encore à ce stade. La question ne se pose donc pas pour le moment. Mais je suis toujours disposé à servir mon pays, quelque que soit le contexte », dit-il.

Mali : dialogue national sur la transition politique

Sous la houlette de la junte militaire au pouvoir, les forces vives du Mali entament ce week-end des concertations pour dessiner les contours de la transition politique.Près de trois semaines après le renversement d’Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), les putschistes s’entretiennent samedi 5 et dimanche 6 septembre avec les partis politiques, les organisations de la société civile, d’anciens groupes rebelles, les syndicats et la presse. 

Le Comité National pour le Salut du Peuple (CNSP), mis sur pied par les militaires, promet de rendre le pouvoir aux civils au terme d’une transition dont la durée demeure une pierre d’achoppement.

La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), impliquée dans le processus de résolution de la crise sociopolitique, opte pour une période transitoire qui ne dépasse pas un an. 

Pour jeter les bases d’un nouveau Mali, le colonel Assimi Goïta, président du CNSP, dirige les discussions à Bamako, la capitale. Au même moment, les gouverneurs animent les échanges dans les différentes régions du pays. Objectif, répertorier les maux du Mali pour trouver ensemble les remèdes. 

« La concertation nationale se poursuivra du 10 au 12 septembre 2020 à Bamako avec la participation des délégués régionaux et ceux de la diaspora », a notamment renseigné Ismaël Wagué, le porte-parole du CNSP.

Le président déchu, Ibrahim Boubacar Keïta, a récemment été libéré par les militaires. L’ancien chef de l’État serait en résidence surveillée dans la capitale. IBK devrait se rendre bientôt à l’étranger pour y subir des soins de santé d’autant plus qu’il a été victime, cette semaine, d’un court Accident Vasculaire Cérébral (AVC). La junte militaire ne s’oppose pas à sa sortie du territoire malien.

Mali: « Les religieux sont devenus incontournables » (analyste)

Le jeune chercheur malien, Baba Dakono, Secrétaire exécutif de l’Observatoire Citoyen sur la Gouvernance et la Sécurité analyse pour Apa News la situation au Mali, deux semaines après la chute du président Ibrahim Boubacar Keita.Pres de deux semaines après avoir pris le pouvoir, les colonels du Comité National pour le Salut du Peuple (CNSP) n’ont toujours pas désigné les organes censés diriger la transition vers un retour à un ordre constitutionnel normal au Mali. Pourquoi?

Plusieurs raisons pourraient expliquer cette situation. D’abord, il convient de rappeler que les évènements du 18 août qui ont abouti plus tard à la démission du président Ibrahim Boubacar Keita ainsi que celle du gouvernement et la dissolution de l’Assemblée nationale ont créé une situation particulière et non prévue par la constitution du pays. Ces événements sont également intervenus dans un contexte de tensions sociopolitiques qui perduraient depuis des mois dans un environnement malien caractérisé par de multiples fractures et une méfiance entre les divers acteurs (État, politiques et citoyens). Dans un tel contexte, à moins d’assumer un coup de force et d’imposer un pouvoir militaire, il fallait s’attendre à des tiraillements dans la gestion du lendemain de cette rupture dans l’ordre constitutionnel. Ensuite, il y a les pressions de la communauté internationale, au premier plan la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) qui joue un rôle important dans la gestion de la crise malienne et qui ne partage pas la position des militaires sur la gestion de la transition. Enfin, la question de l’inclusivisité de la gestion de la transition divisent les acteurs. D’une part, les responsables du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des Forces Patriotiques (M5 RFP), principal mouvement de contestation rassemblant des politiques, des religieux, des syndicats, estiment avoir plus de légitimité dans le cadre de la transition. Cette position conduit à un certain tiraillement entre ceux qui se considèrent comme forces du changement, ceux qui sont restés indifférents à la contestation et ceux qui étaient avec le président Ibrahim Boubacar Keita dit IBK avant les événements du 18 août. Les militaires sont ainsi pris dans cet étau de positionnement sans pouvoir trancher. D’autre part, la  question même du rôle que devrait jouer les militaires dans la transition divise les Maliens. Pour une bonne partie de l’opinion, il faut un militaire à la tête de la transition alors qu’une autre partie estime que cette place doit échoir à un civil. Ces quelques éléments, sans être exhaustifs, pourraient expliquer le statu quo sur cette question. 

La situation dans laquelle se trouve le Mali peut-elle affecter la lutte contre les groupes jihadistes actifs dans le nord et le centre pays? Peut-elle avoir un effet sur la présence militaire étrangère, notamment française au Mali?

Pour le moment, cette question semble être d’ailleurs la mieux gérée. Premièrement, à la différence de 2012, quand l’éclatement d’une énième rébellion touareg avait provoqué le coup d’Etat du capitaine Amadou Sanogo, cette fois-ci, il n’y a pas eu de rupture dans la chaîne de commandement au plan interne. Même si des responsables militaires ont été arrêtés, le dispositif de commandement n’a pas été, jusque-là, touché. Les opérations sur le terrain continuent y compris celles qui se poursuivent conjointement dans le cadre de la coopération régionale et internationale. Deuxièmement, les déclarations officielles françaises laissent comprendre qu’il n’y a eu pas de rupture dans la coopération militaire à ce niveau également. D’ailleurs, les autorités françaises ont annoncé dans les jours qui ont suivi les événements du 18 août des succès dans certaines opérations militaires menées au Mali, notamment la « neutralisation » d’un important chef terroriste. A ce stade, le seul élément d’inquiétude pourrait porter sur le rôle des Américains qui apportent un soutien logistique important à l’opération miliaire française Barkhane. 

Les religieux ont été très actifs dans la contestation populaire qui a débouché sur la chute du président Ibrahim Boubacar Keita. Est-ce à dire qu’il sont désormais décidés à investir le champ politique?

Dans tous les cas, ils sont devenus des acteurs incontournables de la vie publique malienne. S’agissant de l’environnement politique, il est caractérisé par une méfiance des citoyens à l’égard des acteurs qui l’animent. Si cette rupture de confiance n’est pas réglée, il sera difficile qu’un acteur puisse échapper au discrédit qui frappe la classe politique et ce, quelles que soient l’histoire et la trajectoire des acteurs. L’investissement de la scène politique par de nouveaux acteurs pourrait être une bonne ou mauvaise perspective suivant le rétablissement ou pas de la confiance des citoyens en la chose politique.

Mali: qui est l’Imam Dicko, «l’homme le plus influent du pays» ?

Dix jours après la chute d’Ibrahim Boubacar Keïta, Apa News a rencontré, à Bamako, le célèbre Imam Dicko dont le rôle a été déterminant dans la mobilisation populaire qui a provoqué le coup d’État militaire contre le président déchu.Les orateurs qui l’ont précédé ont tous pu parler sans vraiment être interrompus, sauf parfois par quelques applaudissements. Mais quand Mahmoud Dicko se lève pour se diriger vers le pupitre d’où il doit prononcer son discours, il lui faut du temps pour que le public le laisse parler. « Allahou Akbar, Allahou Akbar, Dicko, Dicko » s’époumonent longuement les milliers d’auditeurs. « Sabali, Sabali » (pardon, pardon, en bambara, la langue la plus parlée au Mali), prie-t-il plusieurs fois. Un exercice qu’il est d’ailleurs contraint de répéter tout au long de cette première intervention publique qu’il tient depuis la chute du président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), le 18 août dernier, suite à un coup d’État militaire.

C’était vendredi 28 août, en milieu d’après-midi, lors d’un meeting dans la grande salle du palais de la Culture de Bamako organisé par ses partisans, fers de lance du M5-RFP (Mouvement du 5 juin-Rassemblement des Forces Patriotiques). Cette coalition de partis politiques, d’activistes civils et de religieux qui, début juin, avait lancé le mouvement de protestation massif réclamant le départ d’IBK, finalement « démissionné » par l’armée.

À 66 ans, le religieux « le plus célèbre du Mali » ne se réjouit pas particulièrement de ce qui est arrivé à son « ami et frère », comme il continue à désigner le président déchu. Il ne regrette pas non plus le coup d’État qui l’a déposé, le quatrième de l’histoire moderne de cette ancienne colonie française d’Afrique de l’Ouest indépendante depuis 1960.

L’Imam, qui avait pourtant fortement aidé IBK à arriver au pouvoir pour la première fois en 2013, avant de s’en éloigner, estime que « vu son bilan et la situation du pays, l’intervention des jeunes officiers pour obliger IBK à quitter le pouvoir est un acte salutaire. Autrement, le pays allait droit dans le mur », explique-t-il, plus tard dans la soirée, installé dans sa modeste maison attenante à la mosquée où il officie depuis plusieurs dizaines d’années dans le quartier de Badalabougou, à deux pas du palais de la Culture.

« Je l’ai absolument soutenu lors de sa première élection en 2013. À l’époque, j’étais convaincu que c’était l’homme qu’il fallait au Mali pour ramener la paix et mettre le pays sur les rails », explique l’imam en allusion au contexte où se trouvait son pays à la veille de la première élection d’Ibrahim Boubacar Keïta comme président de la République. C’était en septembre 2013. À l’époque, le Mali venait de vivre un des moments les plus critiques de son histoire moderne, suite à une énième rébellion nationaliste touarègue survenue en janvier 2012 dans le nord du pays. Celle-ci a finalement été rapidement supplantée par des groupes jihadistes liés à Al-Qaida. Durant une dizaine de mois, ces derniers avaient érigé un mini État islamique dans cette partie du Mali grande comme deux fois la France où l’unique loi était la charia (loi islamique), coupant les mains des voleurs, lapidant les couples accusés d’adultère, etc.

Une intervention des militaires français, appuyée par quelques pays africains, a permis de chasser, à partir de janvier 2013, les islamistes des villes qu’ils occupaient jusqu’alors. Mais le septentrion malien reste à ce jour loin d’avoir été pacifié. Les agents des services publics, les représentants de l’administration et les forces de sécurité, censés signifier le retour de l’État dans la région, n’y sont toujours pas déployés, sauf dans des cas très rares et la violence s’est d’ailleurs étendue à d’autres régions du pays.

« IBK a été élu sur des promesses claires, comme la lutte contre la pauvreté, le retour de la paix, la sécurité et la réconciliation nationale. Aucune de ces promesses n’a aujourd’hui été tenue. Les Maliens souffrent toujours de la pauvreté, de la corruption, de la gabegie et les détournements des biens publics ont atteint des niveaux jamais vus. Le pays n’a pas été réunifié, la paix n’est jamais revenue et l’insécurité s’est d’ailleurs étendue à une grande partie du pays où les communautés s’entretuent », accuse-t-il.

Le religieux, qui s’est toujours distingué parmi les élites maliennes défendant l’idée de négociations avec les islamistes armés, est-il encore disposé à intercéder entre les nouvelles autorités de Bamako et les rebelles islamistes ?

Mahmoud Dicko connaît très bien les leaders maliens du principal groupe d’insurgés islamistes actif au Mali : le Groupe pour le soutien de l’Islam et des Musulmans ((GSIM, connu aussi par son acronyme en langue arabe JNIM), allié à Al-Qaida, le Touareg Iyad Ag Ghali et le Peul Amadou Koufa dont les hommes sont très actifs respectivement dans le nord et le centre du pays.

« Ils sont Maliens non ? Ce sont des fils de ce pays et on doit bien évidemment leur tendre la main. La violence n’a jamais rien réglé. Je ne cache pas que je suis bien partisan d’une discussion avec eux. Si on me le demande, je suis prêt à aller les voir. La paix dans mon pays vaut bien tous les efforts que je peux faire », justifie le religieux.

La junte désormais au pouvoir doit entamer incessamment des concertations avec les « forces vives de la nation » pour déterminer les modalités d’un rétablissement de l’ordre constitutionnel, après la démission forcée du président IBK et la dissolution de l’Assemblée nationale. L’Imam est-il intéressé par une participation au gouvernement de transition qui sera bientôt mis en place ?

« Je ne serai jamais candidat à aucun poste politique. Même si on m’oblige, je ne serai jamais président du Mali. Je suis Imam et je reste Imam », jure t-il, précisant que « cela ne veut pas dire que je ne vais pas intervenir dans le débat public quand cela se justifie ».

Mahmoud Dicko, qui aime répéter qu’un « Imam est aussi un citoyen ayant forcément un avis comme tout Malien », partage-t-il le point de vue de la nouvelle junte qui souhaite engager une transition politique de trois ans ? Un délai jugé trop long par une bonne partie des Maliens et surtout par la Cedeao (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest), à laquelle le Mali est affilié. Mandatée par la communauté internationale pour négocier avec les militaires un agenda destiné à conduire le pays vers des élections législatives et présidentielle dans un « délai raisonnable », l’organisation régionale, qui a décidé de sanctionner les nouvelles autorités en fermant toutes les frontières avec le Mali, plaide pour une transition qui ne dépasse pas un an.

« Trois ans, c’est trop long. Un an, c’est trop court. Quand on analyse objectivement la situation dans laquelle se trouve le Mali, je crois que l’idéal serait une transition de 18 mois. C’est assez suffisant pour faire l’état des lieux du pays et choisir la voie consensuelle dans laquelle le Mali doit s’engager. C’est juste une question de raison », plaide t-il.

Préfère t-il un président de transition civil ou militaire ? « Si cela dépend de moi, une personnalité civile intègre et respectée est le meilleur choix. Mais les militaires ont tout de même le droit de participer au gouvernement de transition. Ils ont joué un rôle important en parachevant cette révolution populaire que nous avons lancée en juin. Ils ont donc le droit de participer à la gestion de la période de transition, surtout qu’ils sont aussi Maliens comme nous autres civils », explique t-il.

Mahmoud Dicko que ses détracteurs accusent de travailler pour l’avènement d’une « république islamique au Mali », souhaite t-il que la nouvelle transition débouche sur des réformes qui accordent plus de place à l’Islam dans la Constitution et les lois du pays ?

« Très honnêtement, j’estime que la question ne se pose pas aujourd’hui au Mali. Même si nous sommes à 99% musulmans, ce n’est pas une priorité pour les Maliens d’évoquer la laïcité ou la question religieuse. J’estime que tout le monde a sa place dans ce pays. Personnellement, j’ai les meilleures relations possibles avec toutes les obédiences religieuses, et je l’ai même répété plusieurs fois aujourd’hui devant le public », dit-il en allusion aux hommages appuyés qu’il a rendus quelques heures plus tôt devant ses partisans aux autres chefs religieux musulmans et à l’archevêque de Bamako. « C’est mon frère et il le sait très bien. Ce n’est pas de la langue de bois », insiste-t-il.

« L’urgence pour le Mali est de retrouver un pays normal, avec un président et un gouvernement intègres, honnêtes et qui travaillent pour l’intérêt national et surtout le retour de la paix et la réconciliation nationale. Le reste est secondaire », défend celui qui aujourd’hui invite « la jeunesse malienne à rester vigilante » et promet que « plus personne n’aura jamais un chèque en blanc pour diriger le Mali ».

S’adresse t-il au futur président élu ou à la junte actuellement au pouvoir aussi ?

« Je m’adresse aux deux et je mets d’ailleurs en garde les jeunes officiers au pouvoir actuellement contre la tentation d’une gestion solitaire des affaires », assume l’Imam qui s’est rendu initialement célèbre au Mali en défiant un autre pouvoir : celui du président Amadou Toumani Touré (ATT), élu en 2002 mais renversé en 2012 par de jeunes militaires. C’était en 2007 lorsque le religieux avait mobilisé des milliers de Maliens dans le grand stade de Bamako obligeant ATT à retirer un projet du Code de la famille censé alors accorder plus de droits aux femmes.

L’Imam, qui a dirigé le Haut Conseil islamique du Mali (HCIM) de janvier 2008 à avril 2019, est aujourd’hui considéré comme le « religieux le plus populaire et l’homme public malien le plus influent ». Actuellement à la tête d’une Coordination des mouvements, associations et sympathisants de l’Imam Mahmoud Dicko (Cmas), un groupe à mi-chemin entre l’action religieuse et la politique, l’Imam est de l’avis de tous l’un des rares hommes publics maliens dont l’avis est incontournable dans bien des domaines.

Ce natif de Tombouctou en 1954, issu d’une famille de lettrés musulmans, est le fils d’un érudit peul et d’une femme arabe appartenant à la très réputée tribu des Kountas considérés comme les dépositaires de la voie soufie de la Kadririya dans le Grand Sahara et l’Afrique de l’Ouest.

Après un apprentissage initial du Coran et de la langue auprès de sa famille et de grands maîtres de sa région natale au Mali, il se rend en Mauritanie alors qu’il a à peine seize ans. Installé à Boutilimit, petite cité en plein désert située à 150 kilomètres à l’est de Nouakchott, la capitale, il s’y inscrit à l’Institut des études islamiques, le premier établissement du genre fondé en Afrique de l’Ouest qui dispose alors d’un double programme scolaire moderne et religieux. Cet établissement, dont la réputation à l’époque dépasse déjà largement la sous-région, accueillait des étudiants venant du monde entier, y compris des Occidentaux.

L’un d’entre-eux, un Français plus ou moins connu alors dans le monde du cinéma pour ses choix « bruts et sauvages » devient son ami : Serge Bard, rebaptisé Abdullah Siradj après sa conversion à l’Islam à la fin des années 1960 lors d’un voyage en Algérie. Fondateur du collectif « Zanzibar », Bard a déjà trois films à son actif : Ici et maintenant, en mars et avril 1968, Détruisez-vous (Le Fusil silencieux) et Fun and Games for Everyone, film dont Henri Alekan signe la photographie.

« J’étais très jeune. À l’époque, il n’y avait ni routes, ni transports, ni papiers d’identité. J’ai traversé toute la Mauritanie à l’ancienne. À la nomade. À dos de chameaux. J’ai été à Oualata, Nema, Timbedra, Aioun, Kiffa, et enfin Boutilimit. C’était magnifique. J’ai beaucoup appris là-bas. J’y ai rencontré de vrais maîtres mais aussi d’excellents élèves et étudiants dont je garde le meilleur des souvenirs comme mon ami français Abdulah Siradj ».

Après son séjour en Mauritanie, Mahmoud Dicko se rend en Arabie saoudite, où il s’inscrit à la célèbre université de Médine, considérée comme le grand centre de diffusion de l’Islam wahhabite. La doctrine officielle du royaume des Saoud. S’est-il converti à ce courant lors de ce séjour ?

L’Imam Dicko, qui par le passé s’était déclaré publiquement « wahhabite », ne le dit plus. Ses amis qui aiment rappeler son opposition « radicale à toute violence » préfèrent le décrire comme « un simple musulman » ou un « islamiste centriste ( c’est-à-dire modéré) sinon « un salafiste quiétiste comme tant d’autres de même obédience ».

Mali : les forces vives de la nation conviées une rencontre sur l’organisation de la transition

Le Comité National pour le Salut du Peuple (CNSP), dans un communiqué parvenu ce vendredi soir à APA, dit convier, ce samedi 29 août, les forces vives du Mali à une rencontre d’échanges sur l’organisation de la transition.Cette réunion qui se tient au Centre international de conférence de Bamako (CICB) devrait réunir le Conseil national de la Société civile, le Forum des organisations de la Société civile, les Mouvements signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger, le Groupement des partis politiques de la majorité, le Groupement des partis politiques de l’Opposition politique, le Groupement des partis politiques du Centre et les partis politiques non alignés.

Mali : la Cedeao tranche pour une transition civile

Les chefs d’État de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (Cedeao) proposent une personnalité civile pour mener le processus de transition politique au Mali.Quatre jours après la publication, dans le Journal Officiel du Mali, de l’Acte fondamental du Comité National pour le Salut du Peuple (CNSP), la Cedeao monte au créneau.

Au cours d’un sommet virtuel, tenu ce vendredi, les présidents ouest-africains demandent « aux responsables du CNSP d’engager immédiatement une transition civile en consultation avec la Cour constitutionnelle, les partis politiques, les organisations de la société civile et tous les autres acteurs ».

Selon la Conférence des chefs d’État de l’organisation régionale, la personnalité civile désignée comme président de la transition doit être « reconnue pour ses qualités professionnelles (mais aussi) sa probité intellectuelle et morale ». Ces mêmes critères devront prévaloir dans le choix du Premier ministre. Un poste également réservé à un civil.

Pour parer à toute éventualité, la Cedeao interdit au président de la transition ainsi qu’au Premier ministre de se présenter à la prochaine élection présidentielle. En outre, martèle cet espace communautaire, « aucune structure militaire ne devrait être au-dessus du président de la transition ».

Mahamadou Issoufou, le chef de l’État du Niger, par ailleurs président en exercice de la Cedeao, et ses pairs ont insisté sur « la mise en place rapide d’un gouvernement pour faire face aux différents défis du Mali ». Dans un futur proche, il s’agit principalement de « préparer les élections législatives et présidentielle dans un délai de 12 mois ».

D’une seule voix, les présidents ouest-africains appellent à la « finalisation urgente d’un accord sur la transition politique entre la Cedeao et le Mali », non sans inviter l’Union Africaine (UA)et l’Organisation des nations unies (Onu) à endosser cet accord.

Pour le suivi dudit accord, les chefs d’État décident « de la mise en place d’un Comité comprenant le médiateur, le président du Conseil des ministres et le président de la Commission de la Cedeao, et incluant les représentants de l’UA et de l’Onu à Bamako ».

En signe de désapprobation du renversement d’Ibrahim Boubacar Keïta, le 18 août dernier, la Cedeao a infligé au Mali une série de sanctions. Durant les travaux du sommet extraordinaire, il a été convenu de lever progressivement certaines mesures « en fonction de la mise en œuvre » des recommandations énoncées.

À l’entame de la réunion virtuelle, sur la base d’un rapport circonstancié de Goodluck Jonathan, ancien président du Nigeria et médiateur en chef de la Cedeao, l’organisation régionale a pris acte « de la démission du président Ibrahim Boubacar Keïta et de sa libération ainsi que celle des autres officiels détenus ».

La Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest tiendra, le 7 septembre prochain à Niamey (Niger), son 57e sommet ordinaire. À cette occasion, les pays membres feront le point sur l’évolution de la situation au Mali.

Mali : les coups d’État faussent le jeu démocratique

Depuis son accession à la souveraineté internationale en 1960, quatre coups d’État ont jalonné l’histoire politique du Mali où l’expérience démocratique peine à s’ancrer.La trajectoire du Mali post-indépendant est comparable au mythe de Sisyphe. Ce personnage de la mythologie grecque condamné pour l’éternité à faire rouler un rocher jusqu’au sommet d’une colline. Car Modibo Keïta, le premier président, est renversé par un coup d’État militaire dès 1968.

Dans la nuit du 18 au 19 novembre 1968, un groupe de quatorze officiers de l’armée, dirigé par le lieutenant Moussa Traoré, prend le contrôle du pays et sonne « l’heure de la liberté ».

Après ce putsch, Moussa Traoré se maintient au pouvoir jusqu’au 26 mars 1991. Ce jour-là, le lieutenant-colonel Amadou Toumani Touré (ATT) commande l’opération d’arrestation du président malien impuissant devant des manifestations massives réclamant le multipartisme. Une exigence alors en vogue sur le continent.

Aussitôt après la chute de Moussa Traoré, Soumana Sacko est porté à la tête d’un gouvernement de transition. Ce civil sera, à son tour, la cible d’une tentative de coup d’État le 15 juillet 1991. Quelques mois plus tard, des élections législatives sont organisées. L’Alliance pour la démocratie du Mali (Adéma) remporte 76 des 116 sièges mis en jeu. Le 26 avril 1992, Alpha Oumar Konaré, candidat de l’Adéma, bat au second tour de la présidentielle Tieoule Mamadou Konaté de l’Union soudanaise-Rassemblement Démocratique Africain (US-RDA).

En 1997, Alpha Oumar Konaré est réélu pour un second mandat de cinq années. Amadou Toumani Touré, redevenu un civil après une retraite anticipée, se présente comme candidat indépendant au scrutin de 2002. Il accède haut la main à la magistrature suprême avec 64,35 % des suffrages valablement exprimés contre 35,65 % pour Soumaïla Cissé.

Les Maliens reconduisent ATT le 29 avril 2007 mais ce second mandat n’ira pas à son terme. Un nouveau coup d’État, survenu quelques mois avant la fin de son dernier quinquennat, déchoit ATT. Après une brève détention, il se rend au Sénégal pour s’y réfugier. Le capitaine Amadou Haya Sanogo, chef des putschistes, invoque la mauvaise gestion de la énième rébellion menée par des combattants touaregs dans le nord du pays. Dans la foulée, le président du Comité National pour le Redressement de la Démocratie et la Restauration de l’État (CNRDRE) suspend la Constitution de 1992.

A la faveur d’une forte pression de la communauté internationale, le président de l’Assemblée nationale, Dioncounda Traoré, devient le président par intérim du Mali. Mais l’exercice du pouvoir est un chemin de croix pour lui puisque les militaires ne se résignent pas à retourner dans les casernes. Le délitement de la République conduit à l’envahissement du palais présidentiel en mai 2012. Dioncounda Traoré est pris à partie par des manifestants en furie.

Cette succession d’évènements crée les conditions d’expansion des mouvements jihadistes qui ont supplanté les rebelles séparatistes touaregs dans le nord de cet État vaste comme deux fois la France. A Gao, Kidal ou encore Tombouctou, flotte le drapeau des islamistes et la charia (loi islamique) est rigoureusement appliquée. Il aura fallu l’opération Serval conduite par les forces armées françaises pour que les jihadistes battent en retraite.

Tant bien que mal, Dioncounda Traoré parvient à mener jusqu’au bout le processus de transition politique au terme duquel Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) est élu en 2013 président du Mali avec 77,6 % des voix contre 22,4 % pour Soumaïla Cissé.

Enfin, le 18 août dernier, IBK et son Premier ministre, Boubou Cissé sont arrêtés par des officiers partis du camp militaire de Kati, à une quinzaine de kilomètres de la capitale Bamako. Dans la soirée, le chef de l’État annonce, via la télévision publique, sa démission qui entraîne la dissolution du gouvernement et de l’Assemblée nationale.

Ibrahim Boubacar Keïta a, des mois durant, été décrié par le Mouvement du 5 Juin – Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP). Un collectif d’activistes de la société civile, d’opposants politiques et de religieux qui, depuis début juin, manifeste dans les rues de Bamako, lui reprochant son incapacité à résoudre la crise sécuritaire au nord et sa gestion clanique et affairiste de l’État et de ses finances.

Le colonel Assimi Goïta, président du Comité National pour le Salut du Peuple (CNSP), tient actuellement les rênes du Mali. La junte militaire au pouvoir a promis de restaurer l’ordre constitutionnel. Mais elle ne parvient toujours pas à dire quand ni comment.

Mali : IBK libéré par la junte militaire

L’ancien président malien, Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), a recouvré la liberté neuf jours après son arrestation.Le Comité National pour le Salut du Peuple (CNSP), créé par les putschistes, a laconiquement annoncé la nouvelle sur sa page Facebook : « l’ex-président Ibrahim Boubakar Keïta a été libéré et se trouve actuellement à sa résidence ».

Cet acte est l’une des requêtes de la mission de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (Cedeao) conduite par Goodluck Jonathan, l’ancien chef de l’État du Nigeria. Les émissaires de la Cedeao ont récemment séjourné à Bamako, la capitale malienne, pour notamment s’entretenir avec Assimi Goïta, le président du CNSP.

Le Colonel-major Ismaël Wagué, porte-parole du CNSP, a déclaré lundi dernier qu’ « IBK doit effectuer des contrôles médicaux » à l’étranger. Dès lors, les militaires l’autorisent à « aller se soigner et revenir quand il veut ». De toute façon, la Cedeao a garanti, au besoin, le retour au Mali du président déchu.

Mali : les coups d’État faussent le jeu démocratique

Depuis son accession à la souveraineté internationale en 1960, quatre coups d’État ont jalonné l’histoire politique du Mali où l’expérience démocratique peine à s’ancrer.La trajectoire du Mali post-indépendant est comparable au mythe de Sisyphe. Ce personnage de la mythologie grecque condamné pour l’éternité à faire rouler un rocher jusqu’au sommet d’une colline. Car Modibo Keïta, le premier président, est renversé par un coup d’État militaire dès 1968.

La destitution du père de l’indépendance s’est principalement nourrie du mal-être de la population surtout rurale. Dans le Mali des années 60, le socialisme n’apporte pas les réponses adéquates aux maux des paysans qui se radicalisent. Dans la nuit du 18 au 19 novembre 1968, un groupe de quatorze officiers de l’armée, dirigé par le lieutenant Moussa Traoré, prend le contrôle du pays et sonne « l’heure de la liberté ».

Après ce putsch, Moussa Traoré se maintient au pouvoir jusqu’au 26 mars 1991. Ce jour-là, le lieutenant-colonel Amadou Toumani Touré (ATT) commande l’opération d’arrestation du président malien impuissant devant un peuple éprouvé par la sécheresse et qui veut goûter au multipartisme en vogue sur le continent.

Aussitôt après la chute de Moussa Traoré, Soumana Sacko est porté à la tête d’un gouvernement de transition. Ce civil sera, à son tour, la cible d’une tentative de coup d’État le 15 juillet 1991. Quelques mois plus tard, des élections législatives sont organisées. L’Alliance pour la démocratie du Mali (Adéma) remporte 76 des 116 sièges mis en jeu. Le 26 avril 1992, Alpha Oumar Konaré, candidat de l’Adéma, bat au second tour de la présidentielle Tieoule Mamadou Konaté de l’Union soudanaise-Rassemblement Démocratique Africain (US-RDA).

En 1997, Alpha Oumar Konaré est réélu pour un second mandat de cinq années. Amadou Toumani Touré, redevenu un civil après une retraite anticipée, se présente comme candidat indépendant au scrutin de 2002. Il accède haut la main à la magistrature suprême avec 64,35 % des suffrages valablement exprimés contre 35,65 % pour Soumaïla Cissé.

Les Maliens reconduisent ATT le 29 avril 2007 mais ce second mandat n’ira pas à son terme. Un nouveau coup d’État oblige l’ancien militaire à se retrancher au Sénégal voisin. Le capitaine Amadou Haya Sanogo, chef des putschistes, invoque la mauvaise gestion de la rébellion des Touaregs, au nord du pays. Dans la foulée, le président du Comité National pour le Redressement de la Démocratie et la Restauration de l’État (CNRDRE) suspend la Constitution de 1992.

A la faveur de son rétablissement dû à la pression de la communauté internationale, Dioncounda Traoré, président de l’Assemblée nationale à l’époque, devient le président par intérim du Mali. Mais l’exercice du pouvoir est un chemin de croix pour lui puisque les militaires ne se résignent pas à retourner dans les casernes. Le délitement de la République conduit à l’envahissement du palais présidentiel en mai 2012. Dioncounda Traoré est pris à partie par des manifestants en furie.

Cette succession d’évènements crée les conditions d’expansion des mouvements jihadistes dans le nord de cet État vaste comme deux fois la France. A Gao, Kidal ou encore Tombouctou, flotte le drapeau des extrémistes et la charia (loi islamique) est rigoureusement appliquée. Il aura fallu l’opération Serval conduite par les forces armées françaises pour que les jihadistes battent en retraite.

Tant bien que mal, Dioncounda Traoré parvient à mener jusqu’au bout le processus de transition politique au terme duquel Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) est élu président en récoltant 77,6 % des voix contre 22,4 % pour Soumaïla Cissé.

Enfin, le 18 août dernier, IBK et son Premier ministre, Boubou Cissé sont arrêtés par des officiers partis du camp militaire de Kati, à une quinzaine de kilomètres de la capitale Bamako. Dans la soirée, le chef de l’État annonce, via la télévision publique, sa démission qui entraîne la dissolution du gouvernement et de l’Assemblée nationale.

Ibrahim Boubacar Keïta a, des mois durant, été décrié par le Mouvement du 5 Juin – Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP). Un collectif d’activistes de la société civile, d’opposants politiques et de religieux qui lui reprochait son incapacité à résoudre la crise sécuritaire au nord et sa gestion clanique des affaires. Le colonel Assimi Goïta, président du Comité National pour le Salut du Peuple (CNSP), tient actuellement les rênes du Mali. La junte militaire au pouvoir a promis de restaurer l’ordre constitutionnel. Mais une question taraude les esprits : quand ?

Mali : une transition politique aux contours flous

Cinq jours après le renversement d’Ibrahim Boubacar Keïta, la junte militaire au pouvoir n’a pas encore décliné un plan de transition pour un retour à l’ordre constitutionnel.L’annonce, par un média international, d’une transition politique sur une période de trois ans a fait grand bruit. Elle fait suite à la mission de trois jours à Bamako d’une délégation de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (Cedeao) conduite par l’ancien président nigérian, Goodluck Jonathan.

Ce lundi, le Colonel-major Ismaël Wagué, porte-parole du Comité National pour le Salut du Peuple (CNSP), est on ne peut plus clair à ce sujet : « Rien n’est arrêté à ce stade. Chacune des deux parties a expliqué sa perception de la transition. Mais l’architecture finale sera définie par les Maliens ».

Depuis son arrestation le 18 août dernier, l’ex-chef de l’État du Mali n’est plus libre de ses mouvements. Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) est toujours cantonné au camp militaire de Kati, le quartier général des putschistes, situé à une quinzaine de kilomètres de la capitale Bamako.

« Les émissaires de la Cedeao ont demandé à voir IBK pour s’assurer qu’il est en sécurité et en bonne santé. De façon spontanée, on a accédé à leur requête. (L’ancien président) a clairement dit avoir démissionné sans contrainte car il a compris que son départ est l’aspiration du peuple. Ce dernier a dit être soulagé et n’a aucune intention de revenir au pouvoir », rapporte M. Wagué.

Conformément aux recommandations de la communauté internationale, les militaires ont accepté d’alléger les conditions de « sécurisation » de l’ancien président pour lui permettre notamment d’aller se faire soigner.

« IBK doit effectuer des contrôles médicaux. Il peut désormais être sécurisé dans un endroit de son choix. Il peut aller se soigner et revenir quand il veut. La Cedeao a garanti son retour (au Mali) au besoin », énonce le porte-parole du CNSP.

Sans surprise, le coup d’État a fermement été condamné par la communauté internationale. A l’échelle continentale, le Mali a fait l’objet d’une batterie de sanctions visant à restaurer l’ordre constitutionnel.

« On a demandé, au regard des efforts consentis, l’étude de la levée des sanctions parce que nous ne voulons pas que le peuple souffre. La majeure partie des Maliens souffre et ça risque de s’aggraver avec les sanctions », alerte le Colonel-major Ismaël Wagué. La Conférence des chefs d’État de la Cedeao va se réunir, mercredi prochain, en visioconférence pour discuter de la situation sociopolitique au Mali.

Mali: la junte propose une transition de trois ans dirigée par un militaire

La junte qui a pris le pouvoir au Mali a proposé, dimanche, une transition de trois ans et la formation d’un gouvernement composé essentiellement de militaires, rapporte Radio France Internationale (RFI).Par ailleurs, poursuivit la même source, « les nouvelles autorités de Bamako acceptent que le président déchu Ibrahim Boubacar Kéïta (IBK) retourne chez lui ou aille se soigner à l’étranger ».

 A l’issue des discussions,  la Communauté économique des Etat de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) dont la mission est conduite par l’ex-président nigérian Goodluck Jonathan et les putschistes maliens « sont d’accord pour tourner la page IBK », ajoute RFI.

Le Mali suspend l’exportation du bétail vers les pays de la CEDEAO

Le président de la filière bétail viande du Mali, l’honorable Aboubacar Ba, a annoncé dans une décision parvenue dimanche à APA, la suspension de l’exportation du bétail malien vers les pays de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest ( CEDEAO) en réaction à l’embargo de cette institution sur le Mali.« A tous les présidents des unions régionales de la filière bétail viande du Mali, le président de la filière bétail viande, l’honorable Aboubacar Ba  vous engage à prendre toutes les dispositions pour empêcher tout chargement, tout convoyage du bétail en direction des pays de la CEDEAO», ordonne la décision. 

Poursuivant, M. Ba a indiqué que les responsables des marchés à bétail de Fassou, Kayes, Kati, Fana, Nara, Niamana, Bougouni, Niena, Koury, Zegoua, Koutiala, Boussin, Yolo, Fatinè, Niono, Ségou,  Konombougou, Kona, Fatoma, Djenné et Sofara prendront toutes les dispositions pour empêcher tous les commerçants de bétails ressortissants des pays membres de la CEDEAO de venir s’approvisionner sur leur marché. 

« Il est aussi demandé aux services techniques des ministères de l’élevage et du commerce de ne délivrer aucun certificat d’exportation de bétail jusqu’à la levée de l’embargo sur notre pays », a conclu la décision. 

Jeudi dernier, les  chefs d’État et de gouvernement de la CEDEAO réunis en sommet extraordinaire par visioconférence, ont demandé le rétablissement du président Ibrahim Boubacar Kéïta (IBK), renversé par des militaires putschistes. 

« Nous décidons de la fermeture de toutes les frontières terrestres, aériennes ainsi que l’arrêt des flux et transactions économiques, commerciales, financières entre les pays membres de la CEDEAO et le Mali, à l’exception des denrées de première nécessité, l’électricité et le carburant et demandons à tous les partenaires de faire de même», a également fait savoir à l’issue de ce conclave, Mahamadou Issoufou, le président du Niger et président en exercice de cette institution. 

Mali : Assimi Goïta, l’artisan d’une nouvelle ère

Jusque-là inconnu du grand public, le chef de la junte militaire qui vient de prendre le pouvoir au Mali espère remettre sur les rails un pays en mauvaise posture.Le colonel Assimi Goïta, à 37 ans seulement, porte sur ses épaules les espoirs d’une population meurtrie par une crise sécuritaire et sociopolitique. 

Le président du Comité National pour le Salut du Peuple (CNSP), la junte militaire qui a destitué le président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), veut être du bon côté de l’Histoire en menant le Mali vers une transition politique sans heurts.

Aux premières heures de la chute d’IBK, Assimi Goïta est apparu en retrait à la télévision publique aux côtés de quatre autres colonels : Modibo Koné, Malick Diaw, Sadio Camara et Ismaël Wagué, le porte-parole du CNSP. Le nouvel homme fort de Bamako a déclaré que les putschistes n’ont pas « le droit à l’erreur ».

Au nom du père

Assimi Goïta est le fils d’un officier de l’armée de terre malienne. Très tôt, il montre des prédispositions devant l’amener à marcher sur les traces de son père. 

Pour réaliser son rêve d’enfant, il intègre en 1992 le Prytanée militaire de Kati, à une quinzaine de kilomètres de la capitale Bamako. Après cette formation initiatique, Goïta fait cap sur l’École militaire interarmes de Koulikoro où il se spécialise dans les armes blindées et la cavalerie. 

Issu de la promotion Mamadou Coulibaly, cet enfant de troupe se distingue par sa rigueur, sa ténacité et son aptitude dans le commandement. Des points forts qui lui vaudront plusieurs opérations au nord et au centre du Mali. 

Un CV fourni 

Au début des années 2000, Assimi Goïta est affecté au 134e Escadron de reconnaissance de Gao. En 2005, il rejoint le 123e Escadron de reconnaissance de Kidal et obtient la même année le diplôme de l’École d’application du Train. 

Ses qualités de meneur d’hommes le propulsent au rang d’adjoint du chef d’escadron. Un poste qu’il occupe jusqu’en 2008. Cette année-là, Assimi Goïta décroche son diplôme du Cours de Capitaine en Allemagne. 

Ce combattant dans l’âme poursuit sa marche vers les sommets en devenant par la suite le commandant du Groupement tactique N°3. Sa mission : traquer les groupes armés terroristes et les narcotrafiquants qui dictent leur loi à la lisière de l’Algérie voisine. 

De 2011 à 2013, Goïta dirige la 2e Compagnie de soutien puis le 37e régiment de transport. Au terme de plusieurs missions à Gao, Kidal, Menaka, Tessalit ou encore Tombouctou, il décide de servir dans les Forces spéciales avec en bandoulière le brevet de l’Enseignement militaire supérieur N°1.

En 2015, il s’envole pour le Gabon où il se perfectionne à l’École d’État-major. De retour au Mali, il est nommé Officier d’État-major au Centre opérationnel interarmes de l’État-major général des Armées puis Chef de division opération de l’État-major de l’Armée de terre.

Plus tard, il participe au Cours d’opérations spéciales de lutte contre le terrorisme à Garmich (Allemagne) et à celui de Floride (États-Unis). Aguerri au combat, le colonel Goïta est promu, en novembre 2015, Coordinateur des opérations spéciales du ministère de la Défense auprès du ministère de la sécurité suite à l’attaque terroriste de l’hôtel Radisson Blu de Bamako. 

Entre 2016 et 2017, il commande l’unité opérationnelle du Bataillon autonome des Forces spéciales déployées à Sofara. Et depuis juillet 2018, il assure le commandement du Bataillon autonome des forces spéciales et des Centres d’aguerrissement. Cette unité d’élite collabore souvent avec les forces américaines, notamment dans le cadre des exercices Flintlock.

Marié et père de trois enfants, Assimi Goïta a maintes fois été décoré : croix de la valeur militaire, médaille de mérite militaire, médaille commémorative de campagne, médaille de la Défense française avec échelon Or et médaille des Nations Unies au Darfour. 

Vent favorable 

Pour l’heure, le Mouvement du 5juin – Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP), qui réclamait la chute de l’ancien chef de l’État depuis plusieurs semaines, accorde sa confiance à Goïta pour le rétablissement de l’ordre constitutionnel avec comme point d’orgue l’organisation d’élections générales. 

Le M5-RFP, composé d’opposants politiques, d’activistes de la société civile et de religieux, prévoit de fêter vendredi « la victoire du peuple malien », mais veillera sans nul doute au respect du pacte scellé avec la junte militaire. 

Mercredi dernier, le président du CNSP a rencontré de hauts fonctionnaires maliens au siège du ministère de la Défense afin de « les assurer de (son) soutien par rapport à la continuité des services de l’État ».

Il en faudra plus pour rassurer la communauté internationale qui a unanimement condamné le putsch. Selon des sources militaires, Assimi Goïta est le principal instigateur du coup d’État. Ce dernier assure n’avoir aucune ambition dans le champ politique.

Mali : les putschistes appellent à une transition du pouvoir

Les militaires qui ont pris le pouvoir au Mali et forcé le président Ibrahima Boubacar Keïta à la démission, promettent d’organiser dans un « délai raisonnable » des élections générales.Près de quatre heures après la déclaration du président déchu, des hommes en uniforme sont apparus à leur tour tard dans la nuit de mardi à mercredi à la télévision publique ORTM pour s’adresser aux Maliens et à la communauté internationale.

« Nous, forces patriotiques regroupées au sein du Comité national pour le salut du peuple (CNSP), avons décidé de prendre nos responsabilités devant le peuple et devant l’histoire d’assurer la continuité de l’État et des services publics », a déclaré le colonel-major Ismaël Wagué, présenté comme le porte-parole des militaires mutinés.

Au terme d’une folle journée du 18 août débutée par une minuterie au camp de Kati, à 15 km au nord de Bamako, des militaires ont procédé à des arrestations de plusieurs autorités dont le chef de l’Etat et des membres de son gouvernement, avant de prendre le pouvoir. Tout cela s’est passé sans effusion de sang et avec l’acclamation d’une partie du peuple, qui demandait depuis plusieurs mois le départ du président IBK.

Entouré de quatre autres frères d’armes, le colonel Wagué précise : « Nous ne tenons pas au pouvoir, mais nous tenons à la stabilité du pays, qui nous permettra d’organiser dans des délais raisonnables des élections générales pour permettre au Mali de se doter d’institutions fortes ».

Dans cette perspective, « la société civile et les mouvements socio-politiques sont invités à nous rejoindre pour ensemble créer les meilleures conditions d’une transition politique civile conduisant à des élections générales crédibles pour l’exercice démocratique à travers une feuille de route qui jettera les bases d’un Mali nouveau ».

Par ailleurs, les militaires putschistes demandent aux organisations internationales et sous-régionales de les « accompagner pour le bien-être du Mali ».

« La Minusma, la force +Barkhane+, le G5 Sahel, la force Takuba demeurent nos partenaires pour la stabilité et la restauration de la sécurité », a souligné l’officier, assurant que « tous les accords passés » seront respectés. Il affirme que les militaires sont « attachés au processus d’Alger », l’accord de paix signé en 2015 entre Bamako et les groupes armés du nord du pays, parce que « rien ne doit entraver l’unité malienne ».

Toutefois la Cedeao avait plus tôt communiqué dans la nuit pour condamner l’action des « militaires putschistes » tout comme l’Union africaine (UA), les Nations unies (ONU) ainsi que plusieurs autres organisations et grandes puissances.

D’ores et déjà, la Cedeao leur « dénie catégoriquement toute forme de légitimité (…) et exige le rétablissement immédiat de l’ordre constitutionnel », ainsi que « la libération immédiate » du président malien et « de tous les officiels arrêtés ». Elle « suspend » également le Mali de tous ses organes de décision « avec effet immédiat » et lui ferme ses frontières.

Cette dernière décision a été reprise par le CNSP à compter de ce mercredi 19 août 2020 « jusqu’à nouvel ordre. Un couvre-feu est (également) instauré de 21 heures à 5 heures du matin jusqu’à nouvel ordre ».

L’objectif affiché des militaires mutins est de remettre leur pays sur les rails de la stabilité : « Le Mali sombre de jour en jour dans le chaos, l’anarchie et l’insécurité par la faute des hommes chargés de sa destinée », déplore le colonel Wagué.

« Le Mali est un vaste pays riche de par sa diversité culturelle, riche de son sous-sol, riche de ses hommes, riche de sa faune et de sa flore, mais dont l’existence en tant que pays, nation, est menacée dans tous ses fondements ».

Le colonel-major a dénoncé le « clientélisme politique » et « la gestion familiale des affaires de l’Etat », ainsi que la « gabegie, le vol et l’arbitraire », une justice « en déphasage avec les citoyens », une « éducation nationale qui patauge » ou encore des massacres de villageois, le « terrorisme et l’extrémisme ».

Ces maux ont pour lui « fini de tuer toute opportunité de développement dans le peu qui reste encore de ce beau pays ».

Crise malienne : « C’était prévisible sauf pour IBK » (analyste)

Le chercheur malien, Bréma Ely Dicko, explique pourquoi l’arrestation par l’armée du président Ibrahim Boubacar Keïta n’est pas une surprise.Qui sont les militaires ayant arrêté le président Ibrahim Boubacar Keïta et le Premier ministre Boubou Cissé ? Et quelles sont leurs motivations ?

Ce sont des officiers de l’armée, de la gendarmerie et de la garde nationale malienne qui ont effectué ce coup de force. Leur acte trouve sa première raison dans le contexte social et politique favorable avec les manifestations organisées par le Mouvement du 5 juin – Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP), un regroupement d’opposants politiques, de la société civile et de figures religieuses comme le célèbre Imam Mahmoud Dicko. Depuis le 5 juin dernier, ce mouvement organise régulièrement des manifestations de rue réclamant le départ du chef de l’Etat. L’intervention de ces militaires pour arrêter le président, son Premier ministre et plusieurs dignitaires du régime peut aussi avoir un lien avec le limogeage lundi, par le président Ibrahim Boubacar Keïta, de son deuxième aide de camp. Ce dernier est un officier habitant au camp militaire de Kati, dans la banlieue de Bamako d’où les mutins sont partis ce mardi pour arrêter le chef de l’Etat et ses collaborateurs. L’étincelle d’où tout est parti est une tentative d’arrestation dans le camp de Kati de l’aide de camp démis de ses fonctions. Mais ses proches se sont opposés. Par la suite, il y a eu des tirs de sommation et ces militaires ont saisi cette occasion pour descendre sur la capitale et en découdre avec le pouvoir.

Un tel évènement était-il prévisible ?

C’était un scénario que tout le monde craignait depuis quelques temps, sauf peut-être le président IBK et son entourage. Ils pensaient que le mouvement populaire réclamant le départ du locataire de Koulouba allait s’essouffler avec le temps ou qu’un compromis politique était encore possible, même si cela devait se faire avec quelques-uns seulement des animateurs de la contestation qui accepteraient une entrée dans un gouvernement d’union nationale.

Cet aveuglement du camp présidentiel n’avait pourtant aucune raison objective. Le climat général qui règne dans le pays devait le pousser à la prudence. L’échec de la médiation initiée par la Cedeao (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) et confiée à l’ancien président du Nigeria Goodluck Jonathan, aurait dû servir de signal. Le mécontentement maintes fois exprimé par les familles de militaires engagés sur le terrain contre les groupes jihadistes et qui subissent régulièrement des attaques meurtrières aurait dû pousser IBK et son entourage à être plus souples avec leurs adversaires et se méfier d’un éventuel coup de force d’une partie au moins de l’armée.

Quelles sont les conséquences éventuelles de cette intervention militaire sur la situation politique dans le pays ?

Aux premières heures du mouvement de ces militaires vers la capitale, leur action a été condamnée par la France, les Etats-Unis et la Cedeao. S’ils ne trouvent pas rapidement un accord avec le président IBK, on peut s’attendre à des sanctions politiques et économiques contre le Mali. Un pays pauvre, aux ressources limitées et confronté depuis bientôt dix ans à divers groupes jihadistes. L’hypothèse est à prendre très au sérieux, surtout que le Mali se trouve dans une région où plusieurs pays sont menacés par l’instabilité en raison de crises impliquant les chefs d’Etat. En Guinée et en Côte d’Ivoire voisines, la volonté des présidents actuels de briguer un troisième mandat crée une situation dangereuse. Dans ces pays, des militaires pourraient s’inspirer de leurs frères d’armes maliens et prendre le pouvoir par la force.

Les militaires maliens n’ont pas le choix. Ils doivent engager au plus vite un dialogue avec la majorité présidentielle et les dirigeants de la contestation qui souhaitaient la chute d’IBK. Le but de ce dialogue est d’aboutir à une solution de sortie de crise qui doit déboucher sur une sorte de gouvernement chargé de réformer le pays. Car le problème majeur du Mali sous règne d’IBK est avant tout un problème de gouvernance.

Mali : Ibrahim Boubacar Keïta jette l’éponge

Le président de la République du Mali a annoncé, dans la nuit du mardi au mercredi, sa démission quelques heures seulement après son arrestation par des mutins du camp militaire de Kati.Il est minuit. L’Office de Radiodiffusion Télévision du Mali (ORTM, public) interrompt abruptement ses programmes pour une édition spéciale. Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) s’adresse à ses concitoyens.

Epuisé par l’enchaînement des évènements, le président de la République s’est finalement fait une raison : « Je voudrais, tout en remerciant le peuple malien de son accompagnement durant ses longues années et de la chaleur de son affection, vous dire ma décision de quitter mes fonctions ».

Dans cette déclaration enregistrée à Kati, une localité située à quinze kilomètres de la capitale Bamako, le chef de l’Etat affirme s’être soumis à la volonté d’une frange de la population car « (il) ne souhaite qu’aucun sang ne soit versé pour (son) maintien aux affaires ».

L’ancien locataire de Koulouba, le palais présidentiel, tourne la page non sans regrets puisque pendant sept ans, il a eu « le bonheur d’essayer de redresser ce pays ». Avec lucidité, Ibrahim Boubacar Keïta reconnaît que « chaque moment (a sa propre) vérité » d’où sa décision de quitter le pouvoir.

De facto, l’Assemblée nationale et le gouvernement restreint récemment mis en place sont dissouts. « Ai-je rééllement le choix  » ? C’est la question que s’est posée IBK après l’intervention de frondeurs de l’armée qui ont indubitablement précipité sa chute et celle de son régime.

Malgré tout, il jure n’éprouver « aucune haine vis-à-vis de personne » car, dit-il, « mon amour pour mon pays ne me le permet pas ». En outre, le président malien a promis que son compagnonage « avec les forces armées ne va jamais cesser ». Concluant son propos, Ibrahim Boubacar Keïta regrette que « les semaines de turbulence » aient coûté la vie à des Maliens.