Les pays africains doivent renforcer leur coopĂ©ration et assistance mutuelle dans le cadre des pools Ă©nergĂ©tiques rĂ©gionaux pour dĂ©velopper davantage les interconnexions Ă©lectriques, a dĂ©clarĂ©, mardi Ă Dakar, Mouhamadou Makhtar CissĂ©.« Dans le domaine de l’Ă©lectricitĂ©, nos pays sont confrontĂ©s dĂ©jĂ Ă un problĂšme de disponibilitĂ©, notamment en milieu rural, malgrĂ© les Ă©normes potentialitĂ©s de ressources Ă©nergĂ©tiques dont dispose l’Afrique (solaire, hydroĂ©lectricitĂ©, biomasse, Ă©olien, gaz naturel) », a fait remarquer d’entrĂ©e le ministre sĂ©nĂ©galais du PĂ©trole et des Energies.
S’exprimant lors d’une table ronde internationale, en visioconfĂ©rence, sur l’impact de la Covid-19 sur le systĂšme Ă©nergĂ©tique africain, M. CissĂ© a soulignĂ© que la crise Ă©conomique mondiale liĂ©e Ă cette pandĂ©mie risque d’aggraver cette situation et compromettre l’atteinte de l’objectif de dĂ©veloppement durable N°7 (ODD 7) fixĂ© par la CommunautĂ© internationale Ă l’horizon 2030, Ă savoir l’accĂšs de tous Ă des services Ă©nergĂ©tiques fiables, durables, modernes et Ă un coĂ»t abordable.
Partant de lĂ , il estime qu’il faut donc investir davantage dans la production, les rĂ©seaux de transport et de distribution, mais Ă©galement dans les Ă©nergies renouvelables, pour amener l’Ă©lectricitĂ© dans les hameaux les plus reculĂ©s, les centres et les postes de santĂ©.
Car, dit-il, « la pandĂ©mie de la COVID-19, nous a renseignĂ© sur l’urgence Ă fournir de l’Ă©lectricitĂ© aux centres de prise en charge des personnes infectĂ©es qui se trouvent dans des zones isolĂ©es et hors de portĂ©e du rĂ©seau Ă©lectrique national, grĂące Ă l’Ă©nergie solaire ».Â
Evoquant les dĂ©fis Ă relever dans ce secteur, le ministre du PĂ©trole et des Energies a indiquĂ© que le premier est d’assurer l’accĂšs universel Ă l’Ă©lectricitĂ© des populations notamment en milieu rural.
Il faudra ensuite, selon lui, continuer Ă sĂ©curiser l’approvisionnement en Ă©lectricitĂ© de nos pays en assurant un service Ă©nergĂ©tique de qualitĂ© aux usagers, garantir l’Ă©quilibre financier du secteur Ă court terme, et accompagner la reprise Ă moyen et long terme des investissements dĂ©jĂ ciblĂ©s tout en maintenant le pouvoir d’achat  des mĂ©nages pour qu’ils puissent payer les services de l’Ă©lectricitĂ©.
« Les investissements dans le secteur de l’Ă©nergie sont trĂšs lourds. Pour cela, nous avons besoin de l’engagement, de la dĂ©termination des investisseurs, aussi bien internationaux que nationaux, pour rĂ©ussir le pari de l’accĂšs universel Ă l’Ă©lectricitĂ© qui est Ă notre portĂ©e, malgrĂ© les contrecoups subis avec la pandĂ©mie de la COVID-19 », a-t-il dit.
« Nous avons Ă©galement besoin de plus d’intĂ©gration rĂ©gionale Ă travers les cinq (5) power pools africains, pour harmoniser nos cadres lĂ©gaux et rĂ©glementaires, renforcer le contenu local pour crĂ©er des emplois, des entreprises locales capables de mener ces projets, pour lutter contre le chĂŽmage de jeunes et endiguer ainsi l’exode vers l’occident », a-t-il martelĂ©.Â
Le secteur des hydrocarbures lourdement affecté
Mouhamadou Makhtar CissĂ© a par ailleurs rappelĂ© que le secteur des hydrocarbures est l’un des domaines les plus affectĂ©s par la crise du coronavirus Ă cause notamment des mesures prises pour endiguer la propagation du virus.Â
Celles-ci ont eu, entres autres consĂ©quences, un ralentissement, voire un arrĂȘt des travaux dans les pays oĂč la plupart des Ă©quipements de production nĂ©cessaires aux projets pĂ©troliers et gaziers sont construits.Â
Elle a Ă©galement eu un impact significatif sur les marchĂ©s pĂ©troliers, exacerbĂ© par la guerre des prix, qui a fait que le prix du baril a subi des Ă©volutions jamais observĂ©es dans l’histoire du secteur pĂ©trolier, atteignant mĂȘme un cours nĂ©gatif le 20 avril dernier.
Poursuivant, il a rappelĂ© qu’une baisse importante de la consommation d’Ă©nergie Ă l’Ă©chelle mondiale liĂ©e aux diffĂ©rentes perturbations provoquĂ©es par la pandĂ©mie du Covid-19 a Ă©tĂ© constatĂ©e. Cette baisse a fortement Ă©branlĂ© les marchĂ©s pĂ©troliers et impactĂ© l’ensemble de la chaĂźne de valeur pĂ©troliĂšre et gaziĂšre.Â
A l’en croire, ces impacts ont eu des consĂ©quences aussi bien au niveau des pays producteurs qu’au niveau des pays importateurs.
Et c’est pourquoi, il suggĂšre, en guise de rĂ©ponse, de partager les meilleures pratiques pour une bonne rĂ©silience du secteur des hydrocarbures, de rĂ©soudre les problĂšmes structurels de la chaĂźne logistique pour assurer un bon stock de sĂ©curitĂ©.
Aussi, poursuit le ministre, il importe d’assurer l’autosuffisance Ă©nergĂ©tique via les Ă©changes intra-africains, d’Ă©laborer un plan de financement robuste pour le secteur O&G (raffineries, terminaux d’importation et de stockage, rĂ©seau de transport et de distribution) en vue de la transition Ă©nergĂ©tique avec le bas carbone (gas to power).Â
Enfin, conclut Makhtar CissĂ©, il sera nĂ©cessaire de repenser la rĂ©glementation et la politique tarifaire dans le secteur des hydrocarbures pour favoriser l’accĂšs, maintenir un climat ouvert Ă la discussion avec les compagnies pĂ©troliĂšres dans le but de favoriser une reprise rapide des activitĂ©s Ă la fin de la crise, etc.
Sur ce dernier aspect, il estime « souhaitable » que les Etats et Gouvernements accompagnent les compagnies dans la recherche de solutions durables en vue de rĂ©pondre Ă la crise Ă©conomique liĂ©e au pĂ©trole et ainsi Ă©viter un impact irrĂ©versible sur les projets pĂ©troliers et gaziers sur le continent.Â
« Nous devons donc interagir et se soutenir mutuellement pour rĂ©aliser ensemble les investissements nĂ©cessaires pour dĂ©velopper l’Ă©nergie en Afrique. C’est comme cela que nous allons rĂ©ussir la transition Ă©nergĂ©tique vers laquelle le monde est contraint, et cela ne pourra se rĂ©aliser sans l’Afrique », a-t-il encore dit.Â