RCA : ouverture du procès des crimes de Bangassou

Le procès des crimes commis à Bangassou en 2017 s’est ouvert ce 15 janvier à Bangui, en Centrafrique. Kévin Béré Béré, l’un des commandants de zone de la milice anti-balaka de la ville, était le premier appelé à la barre.

Un grand procès concernant les crimes commis à Bangassou et sa région en 2017 s’est ouvert ce 15 janvier à Bangui, en Centrafrique, devant la cour criminelle. Plus de 30 prévenus sont présents devant la barre, dont le général Pino Pino ou Kevin Béré-Béré, jugés pour différents crimes, notamment le meurtre d’une dizaine de casques bleus ou l’attaque du quartier de Tokoyo à Bangassou qui a fait plusieurs dizaines de morts et des centaines de déplacés.

Ce 15 janvier, Kevin Béré-Béré était le premier appelé à la barre. Connu sous le titre de « général », il était l’un des commandants de zone de la milice anti-balaka de Bangassou. L’une des principales preuves à conviction consiste en son journal signé et tamponné dans lequel sont précisés les droits de passage aux barrières, les délits que ses hommes pouvaient taxer ou l’organisation de son état-major.

Simple artisan minier

Après quelques minutes, il a dit être pris de vertiges. Une chaise lui a été apportée et l’audience a pu continuer. Face aux accusations, il a tout nié en bloc. Il n’a jamais été chef de milice, a-t-il affirmé : il était médiateur dans cette ville en crise. « J’ai vu mon nom partout, disant que je suis l’auteur de ce qui s’est passé à Bangassou, a-t-il raconté. On dit que je fais partie des généraux mais c’est faux. Je ne reconnais pas ces faits ».

Le procureur général, Eric Didier Tambo, a rappelé les conditions de sa reddition à la Minusca, la mission de l’ONU en Centrafrique, preuve, selon lui, de son appartenance à un groupe armé. « Jusqu’à sa reddition, il a demandé qu’il soit pris en compte avec ses 52 éléments, a-t-il précisé. Ils sont trois à se constituer prisonniers au niveau de la Minusca parce que les autres factions voulaient en découdre avec lui. Alors qu’ils ne viennent pas faire les malins. Ils seront jugés ».

Le procureur a rappelé son parcours, notamment sa position d’ancien garde présidentiel de François Bozizé, ce que Kévin Béré-Béré ne reconnaît pas, lui qui affirme n’être qu’un simple artisan minier.

Alindao : situation toujours tendue après des affrontements

Des combats se sont produits la semaine dernière dans la ville d’Alindao entre les Forces armées centrafricaines (FACA) et l’Unité pour la paix en Centrafrique (UPC), lequel se retrouve de nouveau sous le feu des critiques.

La semaine dernière, un accrochage a eu lieu à Alindao entre les Forces armées centrafricaines (FACA) et ceux de l’Unité pour la paix en Centrafrique (UPC) après que le groupe armé a arrêté un membre des FACA en ville. Chacun des deux groupes, en venant chercher ses blessés, a cru à l’arrivée de renforts, créant une montée des violences. Des maisons, des commerces et une partie des camps de déplacés ont été brûlés.

La Minusca, la mission de l’ONU dans le pays, annonce un bilan de deux morts, le gouvernement parle de trois, et une dizaine de blessés. Plusieurs centaines de personnes ont été déplacées. La Minusca a renforcé ses positions à Alindao en dépêchant des casques bleus depuis Bambari. Le calme est revenu à Alindao même si des tensions persistent.

Accord de paix caduc

Signataire de l’accord de paix du 6 février 2019, l’UPC se retrouve à nouveau épinglée. Elle est régulièrement critiquée notamment pour son expansion récente dans le sud-est du pays. Dans un communiqué, la Minusca « met en garde ce groupe armé contre les violations répétées de l’accord ».

Dans un communiqué, le porte-parole du gouvernement relate les propos du président Faustin-Archange Touadéra : « Il n’est plus acceptable de laisser l’UPC narguer le gouvernement ». Et d’ajouter : « Il est temps de ne plus se cantonner aux pressions politiques ».

Il y a bientôt un an, un accord de paix était signé à Bangui permettant une réduction significative des violences. Si les violations de l’accord par les groupes armés sont régulièrement dénoncées notamment par l’opposition, les groupes armés émettent eux aussi des critiques.

Dans une déclaration datée du 13 janvier, trois groupes armés issus de l’ex-Séléka, dont l’UPC, alertent sur les risques de caducité de l’accord. Ils reprochent « l’autosatisfaction » du gouvernement face à la crise qui perdure et demandent la « traduction dans les faits des engagements pris ».

Affrontements dans le sud : 3 morts et une centaine de déplacés

Au moins 3 personnes sont mortes et une dizaine ont été blessées vendredi dans le sud de la Centrafrique dans des combats opposant des militaires à des membres d’un groupe armé signataire d’un accord de paix conclu avec le gouvernement il y a un an, a-t-on appris lundi de sources concordantes.

« Il y a eu un accrochage entre les membres des Forces armées centrafricaines (Faca) et ceux de l’Unité pour la paix en Centrafrique (UPC) dans la ville d’Alindao », a déclaré lundi Vladimir Monteiro, porte-parole de la Mission des Nations Unies en Centrafrique, une opération de maintien de la paix lancée en 2014 dans ce pays où 70% du territoire est contrôlé par des groupes armés.

Une dizaine de blessés ont été évacués et quelque 125 personnes se sont réfugiées autour de la base de l’ONU d’Alindao après l’incendie de deux camps de déplacés, a-t-il ajouté.

Au moins trois militaires centrafricains ont perdu la vie dans ces combats, a précisé le porte-parole du gouvernement, Ange Maxime Kazagui. Une « vingtaine de maisons ont été brûlées ainsi que plusieurs commerces ».

La Centrafrique est déchirée par une guerre civile depuis le renversement du président François Bozizé en 2013 par une coalition de groupes rebelles. Si la signature d’un accord de paix le 6 février 2019 entre le pouvoir de Bangui et 14 groupes armés, dont l’UPC, a permis une baisse significative des violences, le pays reste secoué par des combats réguliers.

Les heurts ont éclaté vendredi alors que les éléments de l’UPC « avait arrêté un Faca en ville », a expliqué le sous-préfet d’Alindao, Victor de Pascal Ouiabona Yankombona. « Alors que chacun venait chercher ses blessés, chaque faction a cru à une arrivée de renforts, menant à une escalade des violences », a-t-il ajouté. Cette version des faits a été confirmée par des responsables de l’UPC, joints au téléphone par l’AFP.

« Nous devons continuer à travailler pour l’accord, mais on doit dire à certaines parties que cela suffit », a déclaré samedi le porte-parole du gouvernement. M. Kazagui a également appelé l’ONU, l’Union africaine et les partenaires internationaux, garants et facilitateurs de cet accord, à réagir : « Des sanctions doivent être prises. L’impunité a trop longtemps prévalue en Centrafrique ».

RCA : retour à Bangui de l’ancien président Michel Djotodia

Six ans après son départ de Bangui, il est venu pour une visite de deux jours.

L’ancien président Michel Djotodia, en exil au Bénin depuis 2014, est arrivé ce vendredi 10 janvier 2020 au matin à Bangui. Michel Djotodia, l’ex-chef de la Seleka, avait pris le pouvoir en 2013 en renversant François Bozize.

L’ex-président a, dès son arrivée, rencontré en privé sa famille avant d’expliquer les raisons de son retour : « Je suis venu présenter mes vœux, proposer mes services. Je vais rencontrer le chef de l’État je vais l’écouter et ensuite on va voir comment on va faire les choses. Et si je ne peux pas rencontrer les gens pour l’instant rencontrer les anciens chefs d’État les anciens premiers ministres et les chefs de partis politiques, je crois qu’incessamment je dois revenir. »

Rassurant                             

Face aux inquiétudes entourant le retour de l’ancien président putschiste, Michel Djotodia se veut rassurant : « Je ne suis plus un homme de guerre, je suis maintenant un homme de paix. Donc il n’y a pas d’inquiétude. Au contraire, je suis venu pour aider le peuple centrafricain. Il faut que ce peuple vive enfin en paix. C’en est trop. Et nous ne permettrons plus à personne de prendre les armes et de faire courir les mamans, les enfants, les vieux à travers la République centrafricaine, c’en est trop. Nous ne le permettrons plus même pas les rebelles qui sont dans la brousse. »

Rencontres

Michel Djotodia doit rencontrer le président Touadéra ainsi que différents acteurs institutionnels. Son arrivée à Bangui intervient trois semaines environ après le retour d’un autre ancien chef de l’État, François Bozizé.

RCA : vers le recrutement des nouveaux militaires

L’ l’état-major des FACA annonce le recrutement prochain de 1000 nouveaux militaires.

Conformément à la loi de programmation militaire 2019-2023, l’état-major des armées a annoncé le recrutement prochain de 1000 nouveaux militaires au titre de l’année en cours, selon la volonté du gouvernement de rajeunir les forces armées centrafricaines (FACA).

L’État centrafricain recrute plus de 1500 éléments pour les FACA. Un recrutement qui se fera à trois niveaux au titre de l’année 2020, répondant ainsi à la loi de programmation militaire comptant pour la période de 2019- 2023, adopté par l’Assemblé Nationale en 2018. Cette loi trace les grandes lignes des actions du gouvernement en matière de la défense, notamment les dépenses liées à la dotation des FACA, en logistique dans le cadre de leur mission de protection du territoire, et également le recrutement de plus de 9800 jeunes  dans l’armée sur une période de 5 ans.

Cette nouvelle vague de recrutement lancé par l’Etat-Major des FACA, se fera à trois niveaux. Il s’agit d’abord des élèves officiers, puis des élèves sous-officiers et enfin,  celui de masse et de spécialistes pour les jeunes.

Le recrutement des élèves officiers s’effectuera du 02 au 06 juin 2020, inclus au centre de formation  et de perfectionnement du Camp Kassaï, et le dépôt du dossier de candidature se fera du 03 au 08 février 2020. Mais pour les élèves sous-officiers, et hommes de rang, le processus débutera à compter du 22 janvier au 05 février 2020.

Et dans les villes et à l’intérieur du pays, les endroits choisis pour le retrait et le dépôt sont, les préfectures, les sous-préfectures et les Mairies.

L’annonce de la deuxième série du recrutement des nouveaux militaires  quatre mois après la sortie officielle des 1023 jeunes recrues des FACA à Bouar et Kassaï à Bangui au mois d’octobre 2019.

Depuis l’année 2018, le gouvernement centrafricain, dans la perspective du rajeunissement des troupes, lance chaque année le recrutement d’au moins 1000 jeunes dans l’armée conformément  à la loi de programmation militaire.

Au fur et à mesure que ces jeunes militaires sont formés, ils ont immédiatement déployé presque sur l’ensemble du territoire dans des zones même sous contrôle des groupes armés.

Pour rappel, l’EUTM a déjà formé plus de 5000 hommes, au rang desquels, 3400 composés des policiers et des gendarmes sont passés au centre de formation de Berengo avec les instructeurs privés russes.

RCA : des patrouilles de police reviennent dans le PK5

Cette patrouille est la première depuis les affrontements dans le quartier fin décembre 2019.

À Bangui alors que des heurts violents ont éclaté fin décembre dans le quartier du PK5 causant la mort de plus de 30 personnes. Le calme est revenu et les forces de sécurité intérieures (FSI) ont fait leur retour dans le quartier où ils n’avaient pas mis les pieds depuis la violente opération Sukula d’avril 2018.

Au commissariat du 3e arrondissement, le colonel Andjia -directeur général des opérations au ministère de l’Intérieur- lance une patrouille pédestre avec la MINUSCA. Cette patrouille est la première depuis les affrontements dans le quartier fin décembre 2019. Le colonel Andia Christian Axel, directeur général des opérations au ministère de l’Intérieur en charge de la sécurité publique s’adresse à ses hommes : « Nous allons nous rapprocher de la population nous entretenir avec eux pour connaître leurs besoins. Je demande votre professionnalisme. »

Dans le quartier, les FSI vont au contact des gens, serrent des mains. Parmi eux, le gendarme Roland se réjouit de pouvoir patrouiller dans le PK5 : « La patrouille, ça se passe dans la normalité. Moi-même je suis très content parce qu’auparavant on ne faisait pas les patrouilles dans le kilomètre 5 mais maintenant on a la latitude de patrouiller donc cela prouve qu’il y a un avancement côté sécurité. Je n’ai pas peur, c’est mon pays, c’est le travail que je dois faire pour mon pays. »

La plupart des boutiques du quartier sont ouvertes. Souleiman vend des tissus sur le bord de la route et se sent plus en sécurité avec les policiers : « Je suis content de voir les policiers dans le PK5 pour notre sécurité. Avant il n’y avait pas la sécurité. On avait tout le temps peur de devoir fermer la boutique et de ne pas pouvoir travailler. La nuit, on ne dormait pas trop bien mais quand je vois les patrouilles je suis content et je suis rassuré. On fait confiance dans les policiers de notre gouvernement. »

Si la majorité des commerçants semble accueillir positivement ces patrouilles, certains ont encore des craintes et demandent du temps pour retrouver confiance envers leurs forces de l’ordre.

RCA : les forces de l’ONU veulent désarmer une zone de non-droit à Bangui

Le gouvernement centrafricain et la mission des Nations-Unies annoncent vouloir désarmer toute personne armée vue dans le quartier PK5, dans la capitale, où 30 personnes ont été tuées ces derniers jours.

Le gouvernement centrafricain et la mission des Nations unies dans le pays (Minusca) ont annoncé mardi vouloir procéder au désarmement du PK5, quartier commerçant à majorité musulmane de Bangui où de violents affrontements ont tué plus de 30 personnes dans les derniers jours.

«Toute personne armée sera désarmée ou neutralisée», a prévenu Dili Aminou Alao, porte-parole de la Minusca, qui a affirmé que le gouvernement serait présent à travers ses Forces de sécurité intérieure (FSI) et qu’un commissaire de police allait être installé.

Une artère commerciale secouée par les violences

Le PK5, où de nombreux vendeurs musulmans s’étaient réfugiés en 2013 pour fuir les affrontements entre rebelles de la Séléka et groupes anti-balaka, était devenu l’artère commerciale de la capitale, secouée régulièrement depuis 2014 par les violences de groupes d’autodéfense qui rançonnaient les commerçants.

Le 26 décembre, des affrontements entre ces commerçants excédés et les groupes armés avaient fait plus de 30 morts, selon la Croix rouge, qui met en œuvre un hôpital sur place, et l’imam Awad Al Karim, de la mosquée Ali Babolo du PK5, où les corps avaient été déposés.

RCA : deux morts dans des violences intercommunautaires

Deux personnes ont été assassinées samedi 28 et lundi 31 décembre dans des violences intercommunautaires dans la sous-préfecture de Baboua, dans la préfecture de la Nana-Mambéré.

Dans la journée du samedi 28 décembre, un jeune originaire de Baboua, en partance pour la commune élevage de Besson, situé à 123 kilomètres à l’ouest de Bouar, a été assassiné à quelques kilomètres de sa destination par des hommes armés non identifiés.

Cependant, à Baboua, l’annonce de son assassinat plonge la ville dans la consternation. Certains pointent même du doigt la communauté peule d’être à l’origine de sa mort. Ainsi, dans la journée du lundi 30 décembre, des dizaines des jeunes, armés des machettes, couteaux et autres armes blanches, se sont acharnés en représailles  sur un sujet peul en provenance d’une commune voisine de Baboua.

Pour l’heure, la ville de Baboua est divisée en deux, les autochtones et les Peules se campent chacun dans son coin sur un fond de tension tendue entre les deux communautés.

Contacté par CNC, le maire de la ville de Baboua, Monsieur David Ngboko se dit inquiet et appelle à l’aide la Minusca et les autorités du pays de tout faire pour ramener le calme dans sa ville.

Rappelons que le 23 octobre dernier, au moins deux cents réfugiés centrafricains, originaires de Baboua, en exil au Cameroun, avaient été rapatriés avec leur accord par le HCR.