Affrontements Ă  Bria : plus de 35 morts

Samedi, des violences ont Ă©clatĂ© dans la ville de Bria, dans l’est de la Centrafrique, entre les membres d’un groupe de l’ex-Seleka. Des violences « a priori » Ă  caractĂšre ethnique. Les combats ont durĂ© jusqu’à dimanche.

Les combats de ce weekend Ă  Bria auront fait plusieurs dizaines de morts. Au moins 35 selon la Croix-Rouge centrafricaine. Un chiffre qui pourrait mĂȘme s’élever jusqu’à 50, selon le prĂ©fet sur place. L’accĂšs aux quartiers Ă©tait difficile dimanche Ă  cause des tensions ; de plus, des enterrements ont Ă©tĂ© rapidement effectuĂ©s rendant le dĂ©compte prĂ©cis des victimes difficile Ă  rĂ©aliser.

À Bria, la pression est retombĂ©e dans la journĂ©e de lundi et les diffĂ©rents acteurs ont pu mener des Ă©valuations. Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA) a ainsi estimĂ© Ă  11 000 le nombre de dĂ©placĂ©s. Un chiffre qui vient s’ajouter aux 50 000 personnes ayant dĂ©jĂ  fui de prĂ©cĂ©dentes violences. L’assistance en eau, en vivres et en kits pour abriter ces populations est la prioritĂ© assure OCHA qui prĂ©pare actuellement sa rĂ©ponse.

Le préfet a déclaré que des réunions se sont tenues avec les différentes parties et que la situation se normalise peu à peu dans la ville. Les commerces étaient en partie ouverts ce mardi. Mais un suivi est nécessaire affirme-t-il pour assurer la stabilité de la situation.

Bria : affrontements meurtriers entre miliciens

Plus de 50 personnes ont Ă©tĂ© tuĂ©es dans la ville de Bria, Ă  l’est du pays le week-end dernier lors d’affrontements intercommunautaires.

Divers groupes armĂ©s et milices d’autodĂ©fense se disputent le contrĂŽle de cette ville, riche en diamants contraignant Ă  l’exode des milliers de personnes.

Les affrontements meurtriers ont opposĂ© des groupes armĂ©es et milices d’autodĂ©fense qui se disputent le contrĂŽle de Bria. La Minusca, la force des Nations-Unies dĂ©ployĂ©e en Centrafrique, a investi la ville mais n’a pas empĂȘchĂ© cette nouvelle flambĂ©e meurtriĂšre.

Une mĂ©diation a Ă©tĂ© ouverte entre les autoritĂ©s et les groupes armĂ©s, permettant au calme de revenir. Tout est parti Ă  cause d’un diffĂ©rend entre deux membres de l’ancienne rĂ©bellion Seleka, ce groupe Ă  majoritĂ© musulmane. Des membres de l’ethnie Rounga font dĂ©sormais face Ă  une alliance de deux autres ethnies prĂ©sentes Ă  Bria, les Goula et les Kara. Ces deux derniers groupes ont pris rĂ©cemment le contrĂŽle quasi-total de Bria faisant fuir les civils Rounga.

Ces violences rappellent l’extrĂȘme vulnĂ©rabilitĂ© de cette rĂ©gion excentrĂ©e du pays, loin du contrĂŽle de l’Etat centrafricain. Au mois de septembre dernier dĂ©jĂ , des affrontements avaient opposĂ©s les mĂȘmes communautĂ©s dans la ville voisine de Birao, Ă  l’extrĂȘme nord du pays. Le diamant est bien-sĂ»r une ressource trĂšs convoitĂ©e et permet de financer les groupes armĂ©s. L’un des enjeux est aussi de contrĂŽler l’axe routier vers le Soudan voisin.

Depuis 2013, la Centrafrique est dĂ©chirĂ©e par un conflit qui a forcĂ© plus du quart de ses 4,7 millions d’habitants Ă  fuir leur domicile. Si les violences ont diminuĂ© depuis la signature d’un accord de paix en fĂ©vrier 2019, deux tiers du territoire Ă©chappent toujours au pouvoir central.

RCA : François Bozizé sort de son silence

L’ancien prĂ©sident François BozizĂ© s’est adressĂ© pour la premiĂšre fois Ă  la presse lundi 27 janvier.

MalgrĂ© plusieurs apparitions publiques, l’ancien prĂ©sident revenu au pays (mi-dĂ©cembre 2019) aprĂšs presque 7 ans d’exil Ă©tait restĂ© en retrait et discret. C’était un silence dans l’attente de sa rencontre avec le prĂ©sident Faustin Archange TouadĂ©ra, un ancien du parti KNK de BozizĂ©, et mĂȘme ex-Premier ministre de ce dernier. La rencontre a eu lieu finalement il y a quelques jours et François Bozize s’est exprimĂ© publiquement dans le cadre d’une confĂ©rence de presse.

Une premiĂšre prise de parole pour d’abord s’excuser « Encore une fois, pour toutes les erreurs commises de ma part et pour les torts commis aux uns et aux autres et qui auraient pu rĂ©sulter de mon action Ă  la tĂȘte du pays, je demande solennellement pardon en ce jour. Je prie le peuple centrafricain de croire que je n’ai jamais fait du mal intentionnellement Ă  aucun de mes compatriotes et je prie pour que ces quelques mots puissent contribuer Ă  l’apaisement de leur cƓur. »

« De trÚs graves accusations »

François BozizĂ© assure respecter l’accord de paix mĂȘme si, selon lui, il faudrait lui insuffler une nouvelle Ă©nergie. « Je suis rentrĂ© dans un esprit d’apaisement et de recherche de paix contrairement Ă  ce qu’une certaine propagande s’est Ă©vertuĂ©e Ă  rĂ©pandre ces derniers jours. Je ne suis pas venu chercher querelle Ă  personne. Je ne suis pas non plus venu fomenter un quelconque complot pour crĂ©er le trouble en RĂ©publique centrafricaine. Ce sont d’ailleurs de trĂšs graves accusations portĂ©es Ă  mon endroit ainsi qu’à celui de mes proches collaborateurs et cela ne restera pas sans consĂ©quence. »

Un mandat d’arrĂȘt centrafricain court contre l’ancien prĂ©sident renversĂ© en 2013, et François BozizĂ©, toujours sous sanction des Nations unies, compte demander une levĂ©e de ces dispositions qu’il juge injustes. Sur la question de sa possible candidature Ă  l’élection prĂ©sidentielle de dĂ©cembre prochain, François Bozize affirme que le moment n’est pas venu de se dĂ©clarer ou non.  Son parti, le KNK, rĂ©uni en congrĂšs, se prononcera sur les candidatures.

ProcÚs des crimes de Bangassou en RCA: des anti-balaka accusés de crimes

En Centrafrique, suite du procĂšs des anti-balaka accusĂ©s de crimes commis Ă  Bangassou en 2017. A la barre, se sont succĂ©dĂ© plusieurs membres importants du groupe, dont KĂ©vin BĂ©rĂ© BĂ©rĂ©, l’un des commandants. La salle Ă©tait pleine et de nombreuses victimes Ă©taient Ă©galement prĂ©sentes.

Dans la salle d’audience, le public Ă©coute religieusement, rĂ©agit parfois aux commentaires des accusĂ©s. Dans l’auditoire, parmi les plaignants, un homme suit attentivement les dĂ©bats. Si lui vit aujourd’hui Ă  Bangui, oĂč se dĂ©roule ce procĂšs, il est accompagnĂ© de sa sƓur qui a fait exprĂšs le dĂ©placement de Bangassou.

« Ils ont brĂ»lĂ© tous nos biens. Nous venons pour que ce procĂšs soit vraiment correct et que nous ayons gain de cause. Ils sont en train de nier pour rien. Ça me choque, je ne peux pas. En tout cas, ça m’énerve quand je les entends tout nier. »

Mettre fin à une certaine impunité

Ce procĂšs est trĂšs suivi dans le pays. Il est mĂȘme retransmis en direct sur la radio nationale centrafricaine. Une bonne chose pour MaĂźtre Albert Panda, membre du collectif des avocats dĂ©diĂ© Ă  la dĂ©fense des victimes.

« Ce procĂšs doit aussi avoir un caractĂšre Ă©ducatif, faire en sorte que les gens comprennent que Ă  un moment donnĂ©, on se sent trĂšs fort, on a les armes et on fait n’importe quoi, mais tout ça, ça finit par s’arrĂȘter un jour. Et ceux qui ont posĂ© ces actes-lĂ , il y a de trĂšs fortes chances pour qu’ils soient rattrapĂ©s par la justice. Et maintenant, ils doivent rendre des comptes. Les gens [doivent comprendre] que poser de tels actes dans une sociĂ©tĂ©, ce n’est pas acceptable et ça doit pouvoir ĂȘtre sanctionnĂ©. Et ils sont lĂ  pour ça justement. »

Il s’agit aussi pour ces victimes que l’on reconnaisse officiellement leurs pertes.

Affrontements entre groupes armés : le gouvernement les violences

Ces affrontements opposaient le Front populaire pour la renaissance de la Centrafrique (FPRC) et le Mouvement des libérateurs centrafricains pour la justice (MLCJ), dans la partie nord-est du pays.

Le gouvernement centrafricain, par la voix de son porte-parole Ange-Maxime Kazagui, a fermement condamné mardi 21 janvier, les derniÚres violences dans la partie nord-est du pays entre le Front populaire pour la renaissance de la Centrafrique (FPRC) et le Mouvement des libérateurs centrafricains pour la justice (MLCJ).

Les affrontements ont dĂ©marrĂ© lundi autour de 16h heure locale (15h GMT) dans un village situĂ© Ă  proximitĂ© de la ville centrafricaine de Birao (nord-est), et se sont poursuivis jusque dans la journĂ©e de mardi. D’aprĂšs des sources locales concordantes, quatorze personnes ont Ă©tĂ© tuĂ©es au cours des combats et une vingtaine d’autres ont Ă©tĂ© blessĂ©es.

Le gouvernement a rappelĂ© les belligĂ©rants aux engagements pris au moment de la signature de l’Accord de paix du 6 fĂ©vrier 2019. Il a Ă©galement demandĂ© aux garants et facilitateurs dudit accord la clarification des responsabilitĂ©s et de prendre, le cas Ă©chĂ©ant, des mesures contre les auteurs de ces exactions.

Selon des sources locales, les affrontements entre le FPRC et le MLCJ ont pris corps à Birao depuis septembre 2019. Les hostilités ont recommencé lorsque des éléments du FPRC ont tué deux hommes du MLCJ. Les deux groupes sont également en rivalité pour le contrÎle des barriÚres illégales, des couloirs de transhumance et des exploitations miniÚres.

RCA : Touadera reçoit Bozizé

RentrĂ© en dĂ©cembre Ă  Bangui, François BozizĂ© n’avait pas encore Ă©tĂ© reçu Ă  la prĂ©sidence, alors que le prĂ©sident Djotodia tout juste rentrĂ© d’exil avait lui Ă©tĂ© reçu dans la foulĂ©e.

C’est la fin d’un feuilleton qui a tenu en haleine les Centrafricains depuis plusieurs semaines. Le prĂ©sident Faustin Archange TouadĂ©ra a finalement reçu l’ancien prĂ©sident BozizĂ© Ă  la prĂ©sidence de la RĂ©publique (renversĂ© en 2013 et en exil depuis Ă  Kampala). Celle-ci affirmait que les conditions exigĂ©es par BozizĂ© – notamment une rencontre dans un lieu public – ne lui convenaient pas. Du cĂŽtĂ© du KNK, on justifiait ces demandes par des inquiĂ©tudes concernant la sĂ©curitĂ© de François BozizĂ©.

Bref, cette rencontre a finalement eu lieu pendant prĂšs d’une heure confirme un communiquĂ© de la prĂ©sidence prĂ©cisant qu’aucune dĂ©claration n’a Ă©tĂ© faite Ă  l’issue du tĂȘte-Ă -tĂȘte. « Les choses s’arrangent pour le mieux » commente un conseiller spĂ©cial du chef de l’État sur les rĂ©seaux sociaux. Une photo prise lors de la rencontre montre nĂ©anmoins des visages pincĂ©s.

Du cĂŽtĂ© du KNK, on explique que la rencontre a pu avoir lieu grĂące aux garanties de sĂ©curitĂ© assurĂ©es par les garants que sont l’Union africaine et la CEAC. Si les propos tenus lors du tĂȘte-Ă -tĂȘte restent confidentiels, le porte-parole du KNK souhaite que cette premiĂšre rencontre participe d’une dĂ©crispation gĂ©nĂ©rale. Des propos violents circulent depuis plusieurs semaines et le parti assure qu’il va saisir le Haut Conseil Ă  la communication.

À moins d’un an de l’élection prĂ©sidentielle, le prĂ©sident TouadĂ©ra a donc dĂ©sormais reçu en audience les trois anciens chefs d’État que sont Michel Djotodia, Catherine Samba-Panza et François BozizĂ©. L’accord de paix prĂ©voit la crĂ©ation d’une loi sur le statut de ces anciens dirigeants. Une loi censĂ©e ĂȘtre une clĂ© de rĂ©solution du conflit et qui est attendue pour la prochaine session parlementaire.

RCA : réhabilitation de la prison centrale de Bambari

Dans le cadre de la politique de la restauration de l’autoritĂ© de l’Etat, cette prison a Ă©tĂ© entiĂšrement rĂ©habilitĂ©e grĂące Ă  un projet de la Minusca, avec l’appui du Programme des Nations unies pour le dĂ©veloppement (PNUD), pour prĂšs de 24 millions francs CFA.

La cĂ©rĂ©monie officielle de rĂ©ception de l’infrastructure a eu lieu, le 15 Janvier, en prĂ©sence des autoritĂ©s du pays et des responsables de la Minusca et du PNUD.

Tous ont soulignĂ© l’importance de la Maison d’arrĂȘt dans la chaĂźne pĂ©nale et judiciaire. Pour le directeur de cabinet du ministre de la Justice, il Ă©tait temps que le bĂątiment soit remis en l’état afin de permettre Ă  la chaĂźne pĂ©nale d’ĂȘtre totalement opĂ©rationnelle dans la Ouaka. « La volontĂ© du gouvernement est de tout faire pour avoir des prisons qui rĂ©pondent aux normes. La rĂ©habilitation de ce bĂątiment est un point positif pour nous », s’est rĂ©joui StĂ©phane Goana.

« Notre souhait est de tenir une session criminelle avant la fin de l’annĂ©e afin de permettre d’évacuer certains dossiers. En clair, de nouveaux pensionnaires devraient bientĂŽt rejoindre les cellules », a laissĂ© entendre le procureur de la RĂ©publique de Bambari, Arnaud-Éric Tandjio, indiquant que de nombreux dossiers de dĂ©lits et de crimes sont dĂ©jĂ  Ă  son niveau.

Pour Ozlem Celebi, le PNUD reste disponible Ă  accompagner la RCA dans le renforcement de la chaĂźne pĂ©nale. « Nous soutiendrons l’Etat dans la mise en Ɠuvre de son plan de rĂ©ouverture progressive des prisons dĂ©militarisĂ©es, rĂ©habilitĂ©es et amĂ©nagĂ©es afin qu’elles puissent rĂ©pondre davantage aux besoins fondamentaux de l’individu et amĂ©liorer les conditions de dĂ©tention », a-t-elle rassurĂ©.

Le chef de bureau par intĂ©rim de la Minusca Ă  Bambari a, de son cĂŽtĂ©, prĂ©cisĂ© que ces travaux rentrent en ligne droite du support de la Minusca Ă  la restauration de l’autoritĂ© de l’Etat, ainsi qu’à la rĂ©forme du secteur de sĂ©curitĂ©.

« Je voudrais signaler l’importance de ces travaux dans ce qui est le retour de l’autoritĂ© de l’Etat Ă  Bambari, surtout du retour de la chaĂźne pĂ©nale qui est une piĂšce maitresse dans le retour de l’Etat de droit », a prĂ©cisĂ© Danny Clovis Siaka, avant d’appeler Ă  un bon entretien de l’infrastructure.

La prison centrale de Bambari figure parmi les infrastructures qui ont subi des dommages matĂ©riels Ă  la suite des Ă©vĂšnements tragiques de 2018, lesquels ont provoquĂ© l’évasion de nombreux prisonniers.

RCA : tĂȘte Ă  tĂȘte entre BozizĂ© et Touadera

La rencontre entre les deux hommes aura lieu au palais de la renaissance, sans la présence des médias.

Le tĂȘte-Ă -tĂȘte entre le chef de l’État Faustin Archange TOUADERA, et le prĂ©sident fondateur du parti KNK, l’ancien PrĂ©sident de la RĂ©publique François Bozizé  aura lieu ce mardi 21 janvier, a-t-on appris de source concordante proche de la PrĂ©sidence de la RĂ©publique.

D’aprĂšs la mĂȘme source, le tĂȘte-Ă -tĂȘte entre les deux hommes aura lieu au palais de la renaissance, sans la prĂ©sence des mĂ©dias, et non dans un lieu public comme souhaite le parti KNK (Kwa-Na-Kwa) qui avait fait la demande d’audience au nom de son leader François BozizĂ©. Pour l’heure, on ignore Ă  quelle heure l’entretien entre les deux hommes aura lieu Ă  Bangui, mais une autre source au sein du parti KNK parle de cet aprĂšs-midi, sans prĂ©ciser si l’ex-chef de l’État sera accompagnĂ© par ses trente gardes du corps qu’il avait sollicitĂ©s auprĂšs de l’état-major des armĂ©es.

Rappelons que depuis son retour d’exil ougandais le 15 dĂ©cembre dernier, l’ancien prĂ©sident de la RĂ©publique François BozizĂ© avait manifestĂ© son dĂ©sir de rencontrer son ex-Premier ministre, Faustin Archange TOUADERA, devenu Ă  son tour PrĂ©sident de la RĂ©publique depuis 2016. Mais des conditions posĂ©es au prĂ©alable de part et d’autre font que les deux personnalitĂ©s ne se sont pas rencontrĂ©s, et les tensions ne cessent de monter entre le pouvoir de Bangui et le parti KNK qu’il accuse de prĂ©parer un coup d’État.

RCA : Ă  quel niveau se trouve l’enquĂȘte sur les journalistes russes tuĂ© ?

Le n° 2 du ComitĂ© d’enquĂȘte de la FĂ©dĂ©ration de Russie a annoncĂ© en dĂ©but de semaine au journal russe Kommersant les conclusions provisoires.

S’achemine-t-on vers un enterrement de l’enquĂȘte sur le meurtre de trois journalistes russes en Centrafrique il y a plus d’un an et demi ? Le n° 2 du ComitĂ© d’enquĂȘte de la FĂ©dĂ©ration de Russie a annoncĂ© en dĂ©but de semaine au journal russe Kommersant les conclusions provisoires de son enquĂȘte sur ce triple meurtre commis dans la nuit du 30 au 31 juillet 2018. Tout comme le gouvernement centrafricain, il parle d’un « crime crapuleux commis par des inconnus armĂ©s ».

Le vice-prĂ©sident du ComitĂ© d’enquĂȘte russe, un organisme d’enquĂȘte qui dĂ©pend directement du prĂ©sident Vladimir Poutine, est formel : les trois journalistes ont Ă©tĂ© tuĂ©s pour un motif purement « crapuleux ».

Ils auraient refusĂ© de remettre de leur plein grĂ© « leurs effets personnels et leur matĂ©riel » Ă  un groupe d’hommes armĂ©s non identifiĂ©s, qui les ont tout simplement fusillĂ©s.

C’est pratiquement mot pour mot les conclusions rendues publiques par le gouvernement centrafricain en aoĂ»t 2018, une version diamĂ©tralement opposĂ©e Ă  l’enquĂȘte trĂšs fouillĂ©e du Centre de gestion des investigations.

C’est cette mĂȘme organisation financĂ©e par l’opposant russe en exil MikhaĂŻl Khodorkovski qui avait dĂ©pĂȘchĂ© les trois journalistes en Centrafrique pour y enquĂȘter sur de possibles activitĂ©s de mercenariat de l’entreprise russe Wagner, qui appartient Ă  un proche du prĂ©sident russe.

Selon le Centre de gestion des investigations qui s’appuie sur un procĂšs-verbal de la gendarmerie centrafricaine, les victimes ont Ă©tĂ© la cible de tueurs professionnels qui les pistaient, deux jours Ă  peine aprĂšs leur arrivĂ©e dans ce pays.

Le gouvernement centrafricain qui n’a jamais contestĂ© l’authenticitĂ© de ce document s’est refusĂ© Ă  tout commentaire.

Enfin, cette version peine Ă©galement Ă  convaincre Reporter sans frontiĂšres, qui appelle Ă  « une enquĂȘte internationale indĂ©pendante », notamment pour la soustraire Ă  l’influence russe en Centrafrique.

RCA : le sous-secrétaire américain plaide pour la stabilité

Le sous-secrĂ©taire d’État aux Affaires africaines, Tibor P. Nagy, effectue actuellement la visite amĂ©ricaine la plus importante depuis la venue en 2016 de l’ambassadrice des États-Unis aux Nations unies, Samantha Power. Le sous-secrĂ©taire d’État aux Affaires africaines a dĂ©jĂ  rencontrĂ© le prĂ©sident centrafricain Ă  Washington en avril 2019. Cette rencontre en RCA a permis la poursuite des discussions, a-t-il expliquĂ©.

L’audience a durĂ© une heure. Plusieurs sujets ont Ă©tĂ© abordĂ©s, notamment les Ă©lections prĂ©vues pour la fin de l’annĂ©e. « Je souhaite exprimer mon soutien Ă  son excellence le prĂ©sident et son gouvernement, encourager le processus dĂ©mocratique qui va se poursuivre avec les Ă©lections qui se dĂ©rouleront plus tard cette annĂ©e, plaider pour un processus Ă©quitable et transparent. Et dire que nous nous opposons Ă  toutes les forces qui voudraient dĂ©stabiliser les Ă©lections ou continuer Ă  dĂ©stabiliser le pays que ce soit des individus, des groupes ou mĂȘme des États », a dĂ©clarĂ© Tibor Nagy, sous-secrĂ©taire d’État amĂ©ricain aux Affaires africaines.

Une pique Ă  peine cachĂ©e envers la Russie qui a initiĂ© son retour en RCA en 2018 Ă  travers l’envoi notamment d’instructeurs pour l’armĂ©e centrafricaine. « Ce que nous demandons Ă  tous les États, c’est d’opĂ©rer dans la transparence, ouvertement, et non pas de faire les choses derriĂšre le rideau. La pĂ©riode actuelle est cruciale dans l’histoire de la Centrafrique. Avec ces Ă©lections, nous avons l’opportunitĂ© d’aller rĂ©ellement de l’avant mais il y a aussi le danger de retourner en arriĂšre. »

Autre aspect important, la coopĂ©ration Ă©conomique. LĂ  encore le sous-secrĂ©taire d’État n’hĂ©site pas Ă  critiquer sous couvert. Notamment les entreprises chinoises qui font venir leur propre main d’Ɠuvre dans le pays. Il a assurĂ© pousser les entreprises amĂ©ricaines Ă  investir en Centrafrique mais Ă  insister sur la nĂ©cessitĂ© de crĂ©er un climat propice pour cela.

Autre rumeur persistante Ă  Bangui : le retour possible de l’armĂ©e amĂ©ricaine. Tibor Nagy a rĂ©futĂ© cette information. Les AmĂ©ricains avaient une base Ă  Obo oĂč ils avaient pour mission officielle de traquer le chef de la LRA Joseph Kony. Ils se sont retirĂ©s du pays en 2017.