Centrafrique : vives tensions à Kaga-Bandoro

Une partie de la ville de Kaga-Bandoro est en ébullition depuis ce matin en raison d’une tentative de désarmement d’un lieutenant de Mahamat Alkhatim, appelé « Libanais », par les casques bleus pakistanais au marché central de la ville. Ce qui n’est pas du tout apprécié par les hommes du MPC.

L’opération du désarmement du nommé « Libanais », numéro 2 de Alkhatim par les casques bleus du contingent pakistanais a failli tourner au drame en plein centre commercial de la ville de Kaga-Bandoro.

Selon des sources sécuritaires contactées par CNC, « la ville de Kaga-Bandoro a été déclarée, il y a de cela quelques mois, ville sans armes et la MINUSCA a pour mission de veiller à son strict respect. C’est dans cette optique qu’ils ont voulu désarmer le numéro 2 du MPC, Libanais, qui a l’habitude de se promener avec son arme en pleine ville», ont-elles rapporté au CNC.

La tentative de désarmement d’un des principaux chefs du MPC est perçue par ces hommes comme de la provocation. « Quelques combattants présents au marché central de la ville ont voulu en découdre avec les pakistanais. On observe l’évolution de la situation pour le moment car on ne sait jamais », indique un habitant de Kaga-Bandoro.

Les autorités locales contactées n’ont pas voulu se prononcer. La MINUSCA, de son côté, dit « suivre de près la situation ».

RCA : Médecins Sans Frontières à nouveau cible d’agressions armées à Batangafo

L’ONG médicale et internationale MSF à Batangafo a été encore objet d’un braquage perpétré par un groupe d’assaillants dans la nuit du 24 au 25 novembre 2019.

En 2019, il y a eu 24 incidents sur les acteurs humanitaires à Batangafo. DRC, MENTOR, MSF et OXFAM ont tous été touchés.

Si l’on y voit bien, la ville de Batangafo, au nord-ouest du pays, est l’une des régions aujourd’hui les plus dangereuses pour les acteurs humanitaires car rien qu’en 2019, nous comptabilisons plus de 23 incidents délibérément orientés contre les travailleurs humanitaires.

Le dernier fait en date est celui du 24 au 25 novembre 2019, vers minuit, où plusieurs assaillants ont fait intrusion dans une des maisons de Médecins Sans Frontières (MSF) à Batangafo, munis d’armes blanches et automatiques. Quatre membres du staff MSF et Humanité et Inclusion (HI), et un petit bébé étaient présents au moment du braquage, et une personne a été blessée à l’arme blanche par les assaillants pendant l’intrusion. De l’argent et les effets personnels du staff ont été volés.

Suite à cet incident, qui a lieu quelques semaines seulement après le braquage de l’ONG Oxfam, MSF et HI se voient contraintes à « réduire leurs activités à l’hôpital et dans la périphérie de Batangafo dès ce mardi 26 novembre. Seules les urgences vitales continueront à être prises en charge au niveau de l’hôpital », a annoncé MSF.

Ces cas d’agression et de violences sur les humanitaires sont récurrents à Batangafo. Les humanitaires et le staff de MSF en particulier, ont déjà été l’objet de plusieurs incidents et agressions ces derniers temps, dont on compte au moins deux épisodes violents de tabassage et de menaces du personnel identifié MSF.

Au mois d’avril 2019, MSF avait suspendu toutes ses activités pendant plusieurs jours après l’assassinat d’un membre de son personnel. De plus, très récemment, suite au braquage violent de la base de l’ONG Oxfam, toutes les organisations humanitaires présentes sur place avaient appelé encore une fois tous les acteurs impliqués dans la crise à respecter l’action humanitaire pour permettre l’assistance aux populations civiles.

« L’engagement de tous est nécessaire pour garantir la sécurité de nos employés, de nos structures et surtout de nos patients, et pour ne plus permettre que de telles attaques aient lieu dans l’impunité totale », ont rappelé les ONG humanitaires basées à Batangafo.

«Aujourd’hui, nous n’avons d’autre choix que de suspendre à nouveau presque toutes nos activités à Batangafo, car nous ne pouvons plus travailler dans de telles conditions, dans la crainte constante d’être attaqués. » déplore Sébastien Delhoume, coordinateur MSF à Batangafo, « face à toute cette violence envers nos équipes, nous avons de plus en plus de difficultés à trouver du personnel médical qualifié acceptant d’être déployé ici et d’y rester. Ceci va sans doute impacter la qualité des soins que nous sommes en mesure d’offrir » conclut-il.

Médecins Sans Frontières est présent depuis 2006 à l’hôpital de Batangafo et sur les axes périphériques, pour offrir des soins gratuits à l’ensemble de la population. Pendant le premier semestre 2019, les équipes ambulatoires ont pu réaliser 43 500 consultations ambulatoires, traiter environ 41 000 cas de paludisme et hospitaliser plus de 4 500 patients. A la maternité, MSF a assisté 848 accouchements et les équipes de promotion de la santé ont effectué plus de 18 500 consultations et référé 600 patients avec des complications vers l’hôpital de Batangafo.

RCA : l’ONU suspend sa collaboration avec Caritas

Le bureau humanitaire de l’ONU en Centrafrique a déclaré qu’il y avait « de graves allégations d’abus sexuels sur des mineurs » commis par l’ancien directeur de la Caritas dans ce pays, le prêtre belge Luk Delft.

À la suite de la procédure judiciaire ouverte à Bangui contre le père Luk Delft, ancien secrétaire général de Caritas de la République centrafricaine (RCA) pour des abus sexuels présumés sur mineurs, la coordination des affaires humanitaires de l’ONU a déclaré samedi 23 novembre que ses liens avec la Caritas Centrafrique resteraient « suspendus jusqu’à la fin des enquêtes en cours ».

Condamné en Belgique en 2012 pour agression sexuelle, le père Delft, religieux salésien, avait également été banni pendant dix ans de toute fonction susceptible de le mettre en contact avec des jeunes.

Malgré cela, il a été envoyé en RCA en 2013. Après avoir travaillé pendant deux ans à Kaga Bandoro, une ville du nord du pays, il a été nommé en 2015 secrétaire général de la Caritas en RCA. Il semblait avoir toute la confiance de la hiérarchie catholique centrafricaine et il acceptait de se rendre dans des zones extrêmement dangereuses pour superviser et encadrer les actions de l’ONG catholique.

Démis de ses fonctions, le prêtre belge n’est désormais plus en RCA, a précisé la Caritas.

Interrogé par La Croix, Aloysius John, le secrétaire général de la confédération mondiale des Caritas, déclare : « Les décisions prises par les donateurs, y compris les Nations Unies, sont compréhensibles mais inacceptables. L’Église continuera sa mission parmi les pauvres. Elle a déjà payé un lourd tribut pour son engagement connu de tous. »

Les échéances électorales en RCA, un pari à réussir pour l’ANE

Entre la tenue du calendrier électoral et l’inquiétude de la classe politique sur un probable glissement, l’Autorité Nationale des Elections (ANE) doit réussir le pari.

Le Gouvernement centrafricain a fait fixer la date des prochaines élections générales dont le premier tour est prévu pour le 27 décembre 2020. Le respect du chronogramme par l’Autorité Nationale des Élections (ANE) est lié à certains impératifs des étapes incompressibles dans le processus de préparation desdites élections.

Depuis quelques jours, l’ANE a lancé les opérations de la cartographie inaugurant une nouvelle phase pour les opérations électorales, car elle permet de déterminer en fonction du nombre de la population les bureaux et les airs de vote avec en toile de fond la formation des 145 agents cartographes, formés et déployés avec l’appui financier de l’Union Européenne pour les premiers préparatifs électoraux à hauteur d’1 million d’euro, soit 655 millions FCFA, pour faciliter l’installation des bureaux locaux de l’ANE et le déploiement des équipes de cartographes le 26 octobre dernier.

Par ailleurs, la question de la mobilisation des ressources nécessaires au financement de ces élections avance timidement. Malgré la promesse d’appui financier de l’Union Européenne à hauteur de 17 millions d’euros  et les 1 milliards FCFA déposés par le gouvernement, d’un côté, et de l’autre l’inquiétude du Représentant du Secrétaire Général des Nations-Unies en Centrafrique, Mankeur Ndiaye sur un probable report des élections à défaut de financement du processus électoral dont le cout global est fixé à 41, 8 millions soit 27 milliards de FCFA, ne rassurent  guère les leaders politiques.

Les inquiétudes portées par une frange de la classe politique sont fondées sur la situation sécuritaire toujours volatile en dépit de la signature de l’Accord Politique pour la Paix et la Réconciliation en République Centrafricaine (APPR-RCA) du 06 février 2019.

L’idée de la conférence souveraine nationale émise depuis le 30 septembre dernier par le mouvement Ë Zîngö Biani, misant sur l’impossibilité de tenir le calendrier électoral à terme, divise la classe politique, la société civile et les institutions de la République.

Les opposants au régime Touadera considèrent cette idée comme une nécessité, car à leurs yeux le pouvoir de Bangui ne saurait tenir le calendrier électoral voire forcer une prorogation du mandat des institutions de la République. Ce que réfute le pouvoir de Bangui.

Alors que le mandat du bureau de l’ANE expirera le 24 décembre 2020, le gouvernement a retiré de l’Assemblée Nationale le projet de loi organique de l’organe en charge des élections, a encore fait place à l’inquiétude de la classe politique  et du peuple centrafricain quant à la réussite du processus électoral.

RCA : les autorités démentent l’interpellation de Mahamat Abass Sidiki

En Centrafrique, les autorités centrafricaines ont démenti mardi la rumeur selon laquelle un chef rebelle aurait été interpellé après son désarmement volontaire.

Selon les informations diffusées ces derniers jours sur les réseaux sociaux et dans la presse locale, Mahamat Abass Sidiki, chef du groupe armé 3R (Retour, Réclamation et Réhabilitation), a été interpellé puis gardé en résidence surveillée après avoir déposé les armes au début de novembre.

En fait, Sidiki est actuellement logé dans un hôtel dans la ville de Bouar (ouest), et sa sécurité est assurée par les Forces armées centrafricaines (FACA), a affirmé dans un communiqué ce mardi Samuel Touaténa, coordonnateur de l’Unité d’exécution du programme national du désarmement, démobilisation et réintégration.

Si M. Sidiki a dû quitter la base des 3R dans la ville de Koui (ouest), c’est pour prendre ses nouvelles fonctions de conseiller spécial à la Primature chargé des Unités spéciales mixtes de sécurité (USMS), a précisé Touaténa.

Se félicitant d’une accalmie relative observée dans le pays depuis la signature de l’accord de paix du 6 février dernier, Touaténa a souligné que la désinformation de l’interpellation de Mahamat Abass Sidiki a pour l’objectif d’attiser le feu de la haine, de l’instabilité, et de pousser certains leaders des groupes armés à saboter le processus de la paix.

Du 4 au 9 novembre, Sidiki a accepté de faire désarmer à Koui ses quelque 200 hommes, en présence d’un autre groupe armé et la population. A l’occasion, plus de 100 armes et plus de 20.000 munitions ont été restituées.

RCA : Abdoulaye Miskine arrêté à Ndjamena

Le chef rebelle centrafricain et trois autres responsables de mouvements rebelles centrafricains sont entrés en territoire tchadien à partir de Tissi.

La nouvelle est allée comme une trainée de poudre. La nouvelle de  l’arrestation des chefs rebelles centrafricains parmi lesquels le général Abdoulaye Miskine, un des hommes clés dans le jeu politico-militaire en République centrafricaine, s’est répandue mardi 19 novembre.

Que sont-ils venus chercher en territoire tchadien ? C’est la question que se posent tous ceux qui s’intéressent au dossier centrafricain depuis lundi soir quand ils ont appris l’arrivée du chef rebelle dans la capitale tchadienne.

De bonnes sources, Aboulaye Miskine et trois autres responsables de mouvements rebelles centrafricains sont entrés en territoire tchadien à partir de Tissi, une ville du sud-est qui borde les frontières du Tchad du Soudan et de la Centrafrique.

Manifestement, Abdoulaye Miskine et ses compagnons n’étaient pas attendus. C’est pourquoi ils ont été logés dans les locaux des services de renseignement au lieu d’un hôtel comme d’ordinaire.

La présence de ces responsables rebelles centrafricains suscite des questions. Ont-ils cherché à se mettre à l’abri après les violents conflits interethniques survenus ces derniers jours dans le nord-est de la RCA ? Ou est-ce un appel du pied à Ndjamena qui a souvent joué un rôle politique majeur en Centrafrique ?

Dans une interview à l’hebdomadaire Jeune Afrique la semaine dernière, le chef de l’Etat tchadien a indiqué que Ndjamena-qui a souvent été accusé d’être un fauteur de troubles- entend aider son voisin du Sud à retrouver la stabilité.

Viols de casque bleus en RCA : des échantillons d’ADN auraient été mal conservés

C’est l’un des « dysfonctionnements » relevés dans l’enquête menée par l’organisation sur 163 possibles cas de crimes sexuels commis par des casques bleus du Gabon et du Burundi.

C’est un rebondissement dans l’affaire des violences sexuelles commises en République de Centrafrique par des casques bleus gabonais et burundais entre 2014 et 2015. Un audit interne des Nations unies, révèle de nombreux dysfonctionnements dans l’enquête menée dès 2016. Ils expliqueraient pourquoi de nombreuses accusations n’ont pu être confirmées, ni pourquoi l’enquête n’a pu réellement aboutir.

C’est une sévère autocritique que le service de contrôle interne de l’ONU – l’OIOS – a mené en diligentant cet audit. En effet, devant la liste accablante d’erreurs, on comprend pourquoi l’enquête sur les soupçons de viols par les soldats de la Minusca, à Dekoa, piétine. On peut craindre aussi qu’une majorité des preuves rassemblées par les enquêteurs, en 2016, ne seront jamais recevables devant un tribunal.

Il y a d’abord des dysfonctionnements d’organisation. L’UNICEF, par exemple, est la première à entendre les témoignages, mais tarde à prévenir l’ONU.

Il y a également le manque de préparation des interrogatoires qui, selon le protocole, a pris de court les 31 enquêteurs dépêchés à Dekoa.

Puis, le rapport pointe des erreurs dans la méthodologie des interrogatoires dont certaines questions pouvaient être « humiliantes » ou « intimidantes » pour les femmes qui témoignaient des viols qu’elles avaient subis.

Enfin, l’audit montre que de nombreux échantillons ADN, preuves primordiales dans les affaires de viols, ont été mal conservés et avaient tout simplement « pourri ».

Finalement, sur les 163 dénonciations, 26 n’ont pas été retenues. Les 69 cas impliquant les soldats burundais ont été requalifiés en relations de « fraternisation » avec des civils, et les 68 cas mettant en cause les casques bleus gabonais sont toujours en attente.

La Minusca affirme mener, depuis quelques mois, une politique de « tolérance 0 » vis-à-vis des casques bleus qui entretiendraient des relations avec des Centrafricaines ou seraient soupçonnés de violences sexuelles. Les sanctions sont immédiates et les soldats incriminés radiés à vie des missions de maintien de la paix.

De nombreuses sensibilisations sont menées auprès des troupes déployées ainsi qu’au sein de la population et toute « fraternisation » est désormais interdite. Un réseau d’une vingtaine d’associations relais, chargées de recueillir les témoignages de futures victimes, a été mis en place par les Nations unies.

CAN 2021 : la Centrafrique s’incline devant la Mauritanie

Le match comptait pour la deuxième journée (groupe E), des éliminatoires de la coupe d’Afrique des Nations (CAN 2021).

Deux buts à zéro (2-0), c’est le score qui a sanctionné la rencontre qui a opposé la Centrafrique contre la Mauritanie. Le match a eu lieu ce mardi 19 novembre 2019, au stade Cheikha Ould Boïdiya Nouakchott.

Au terme de ladite rencontre, le classement met le Maroc en tête du groupe E avec 04 points suivi de la Mauritanie avec également 04 points (Différence de buts), en troisième place la Centrafrique avec 03 points et le Burundi est dernier avec 0 point.

RCA : de l’Agroalimentaire pour lutter contre la pauvreté

Primée par Fab-Lab Centrafrique, un concours d’innovation lancé en janvier 2017 par la coopération française et le consortium « relance économique » du fond Bêkou. Le projet vise à soutenir « l’économie de la débrouille ».

Au complexe scolaire La synergie, dans le 6e arrondissement de Bangui, la transformation agroalimentaire est pratiquée comme une activité connexe à la formation des jeunes élèves.

Il s’agit d’un four de fabrication artisanale dont le but est de sécher des denrées alimentaires telles la patate, la mangue ou encore la banane plantain. Une expérience unique en  son genre.

Malgré la crise, cette initiative peut constituer un socle solide pour lutter contre la pauvreté et le développement. Aristide Kalini, en est le promoteur et le but est « d’aider les femmes qui vendent les produits au marché. »

Problème d’écoulement des produits

« Parfois, elles n’arrivent pas à tout vendre. Là, on va acheter en grande quantité, on fait sécher, on transforme cela en farine et on a le temps qu’il faut ensuite de le vendre petit à petit. C’est la valorisation de la technique locale », explique Aristide Kalini.

« Au lieu d’attendre des grosses machines venant d’Europe, si on parvient à réduire le taux de dépréciation, le taux de perte des produits alimentaires, c’est déjà l’essentiel », ajoute le promoteur.

Réaliser des activités génératrices de revenu pour aider la famille

L’originalité de cette école est que les élèves sont tous initiés à l’entreprenariat.

À 15 ans, Joxe Duval, a appris à faire quelques petites activités. « J’aide mes parents à la maison. Je fais ainsi de la transformation agricole. Même de l’imprimerie, pour aider mes parents », se réjouit le jeune homme.

Fortune, 16 ans, en classe de troisième tout comme Joxe Duval a appris à faire du commerce pour aider ses parents « afin que ce ne soit pas eux qui fassent tout pour nous. Je fais les croquettes, je les livre aux clients et cela me rapporte 5.000 francs par semaine. Ma mère s’occupe normalement de nous et quand je fais ça, je prends l’argent pour pouvoir m’occuper de moi. »

Aujourd’hui, grâce à cette initiative, les quelque 1.300 élèves inscrits dans cet établissement sont des potentiels acteurs économiques de demain. Un grand pas pour la réduction de la pauvreté en RCA.

Moscou entend lever l’embargo sur les diamants en Centrafrique

La Russie, qui présidera en 2020 l’initiative internationale luttant contre les « diamants de guerre », veut lever l’embargo partiel pesant sur le diamant de Centrafrique.

Moscou veut « faire revenir dans la légalité » les diamants centrafricains, a déclaré le vice-ministre russe des Finances, Alexeï Moïsseïev, à l’agence Ria Novosti.

La Russie présidera l’an prochain pour un an le processus de Kimberley, un système de certification internationale chargé d’éliminer du marché les diamants dits « sales » et dont la vente alimente guerres et rébellions.

Entré en vigueur en 2003, ce processus fixe les conditions d’exportation des diamants pour ses 82 Etats membres. Il est actuellement présidé par l’Inde.

Important producteur de diamants, la Centrafrique est un des pays les plus pauvres du continent. Elle est ravagée par une guerre civile depuis que la Séléka, une coalition de groupes armés, a renversé le régime du président François Bozizé en 2013.

La Centrafrique avait alors été interdite d’exportation de ses diamants, puis suspendue du Processus de Kimberley. Trois ans plus tard, en 2016, le pays avait été autorisé à reprendre ses exportations de diamants extraits depuis certaines zones (dans l’Ouest, principalement) répondant aux critères du Processus de Kimberley.

La société russe Lobaye Invest, réputée être liée à un proche de Vladimir Poutine, a récemment obtenu le droit d’exploiter plusieurs mines en Centrafrique.

La Russie souhaite désormais légaliser l’exploitation et l’exportation depuis l’ensemble du territoire, affirmant agir dans « les intérêts des producteurs de diamants africains ».

« L’interdiction est toujours valable dans les +zones rouges+ au nord et à l’est, où le territoire est contrôlé par des groupes armés antigouvernementaux », indique le vice-ministre russe, affirmant que les diamants issus de ces zones « se retrouvent, d’une manière ou d’une autre, sur le marché ».

« Les interdictions actuelles, d’une part, sont injustes envers les pauvres pour qui c’est le seul moyen de gagner leur vie. Deuxièmement, avec ces interdictions, nous discréditons le processus de Kimberley en excluant du marché légal un grand nombre de diamants produits et en circulation ».

En 2018, la Centrafrique a officiellement exporté 13.571 carats, contre 365.000 avant la guerre en 2012. La Russie dispose, elle, d’un important savoir-faire minier et le premier producteur mondial de diamants, le groupe russe Alrosa, est présent en Angola et au Zimbabwe.